Les premières récoltes de maïs grain commencent déjà dans certains bassins. Attention à ce que la conduite des chantiers ne dégrade pas la qualité. S’il est important d’avoir une production indemne de mycotoxine pour assurer la vente de la production, il faut également être vigilant à la qualité technologique.
La qualité technologique comprend la qualité physique (grains cassés et fissurés) et l’aptitude à la transformation (teneur en amidon, humidité…).
Le grain arrive généralement à maturité physiologique avec une bonne qualité physique. Des fissures peuvent apparaître en fin de cycles sur les extrémités des épis, à la suite de chocs thermiques jour/nuit, mais cela reste rare. A la récolte, deux principaux facteurs peuvent endommager la qualitédu grain : un réglage inadapté de la moissonneuse-batteuse et une vitesse d’avancement excessive peuvent être à l’origine de grains brisés ou fissurés (tableau 1).
Tableau 1 : Impact des réglages de la moissonneuse-batteuse sur les différentes catégories d’impuretés
Le grain se trouve alors fragilisé tout au long du cycle. Ces fissures constituent une porte d’entrée pour la flore fongique (risque de production de mycotoxines pendant le stockage) et renforcent fortement le risque d’échauffement.
Sur le plan économique, la production de brisures tout au long du processus nécessite des moyens de nettoyages lourds et entraîne des pertes de matière inévitables.
Pas d’effet de la teneur en eau du grain sur le taux de grains fissurés
Une étude menée dans le cadre de la Charte Qualité Maïs Classe A dans le Sud-Ouest a mesuré le taux de grains fissurés sur différents lots de maïs, récoltés à différentes humidités. Il en résulte que l’humidité n’a pas d’effet sur ce taux (figure 1). L’explication semble multifactorielle entre le climat, les conditions de récolte, la génétique…
Figure 1 : Taux de grains fissurés en fonction de la teneur en eau du grain
Ajuster les réglages de la moissonneuse-batteuse pour préserver la qualité de la récolte
Le réglage de la moissonneuse-batteuse doit être ajusté régulièrement, puisqu’il varie en fonction de l’humidité de récolte et de la « facilité de battage » de la variété. L’écartement batteur/contre-batteur et la vitesse du batteur vont conditionner le taux de grains cassés et le nombre d’épis incomplètement battus.
Ces paramètres doivent être ajustés en fonction de la taille des épis. Un écartement du contre-batteur de 30 mm à l’entrée et de 15 mm à la sortie convient à des variétés précoces, qui se battent facilement. Cet écartement doit être augmenté de 5 à 10 mm pour les variétés tardives dont les épis sont plus gros. Dans le cas de variétés plus difficiles à battre, cet écartement peut être ramené à 25 mm à l’entrée et à 12 mm à la sortie.
De bons réglages de la moissonneuse-batteuse (figure 2) favorisent ainsi la propreté et limitent les risques de brisures et de fissures. Ils permettent de laisser au champ les grains altérés ou fusariés, et les impuretés qui sont toujours plus humides que le maïs et sont donc sources d’échauffements. Limiter les risques de brisures et de fissures est également important car le taux de grains brisés/fissurés et la quantité de freintes « non commercialisables » augmenteront pendant les étapes suivantes de séchage, stockage… Ces grains endommagés compromettent également la circulation de l’air de ventilation dans la masse du grain stocké et induisent un risque accru de dégradation de la qualité sanitaire (développement d’une flore fongique indésirable).
Figure 2 : Les bons réglages de la moissonneuse-batteuse en maïs grain
Pour en savoir plus, consultez le « guide de culture du maïs grain et fourrage », disponible sur le site des éditions ARVALIS. Et la Charte Qualité maïs classe A.
Gilles ESPAGNOL, Thibaut RAY (ARVALIS – Institut du végétal)
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