Différents traitements de semences, dont de nouvelles spécialités, permettent de combattre efficacement la carie commune du blé ou le charbon nu de l’orge. A condition de bien ajuster le choix au risque encouru ! Face à ces vieilles maladies toujours bien là et prêtes à resurgir, la vigilance reste de mise.
De par son fort pouvoir de propagation et de conservation, la carie commune du blé (Tilletia caries, Tilletia foetida) reste à combattre sans relâche. Les spores présentes par millions dans un grain carié se disséminent à la récolte sur les grains, et donc sur les futures semences, mais aussi sur le sol (avec une forte longévité des spores) et le matériel agricole (risque de transfert d’une parcelle à une autre).
Risque carie : le choix du traitement de semences dépend de la source de la contamination
Il n’existe pas de méthode de lutte curative en végétation contre la carie commune alors que différents traitements de semence offrent une lutte efficace. Le traitement est à ajuster selon l’origine de la contamination.
Si une forte contamination des semences (détection de spores à l’œil nu ou même à l’odorat) rend le semis rédhibitoire, une faible contamination (détectée par analyse sanitaire) peut être efficacement combattue à l’aide de différentes spécialités, comme par exemple Celest Net (Figure 1) ou le nouveau traitement fongi-insecticide Austral Plus Net. Cette nouvelle spécialité conduit à un même apport de fludioxonil que Celest Net (5 g/q), en association à de la téfluthrine pour lutter contre des ravageurs du sol.
Figure 1 : Efficacité (%) de différents traitements
vis-à-vis de la carie commune selon deux situations
En situation de sol contaminé (parcelle ayant porté une récolte cariée ou à proximité d’une parcelle atteinte), il est par contre recommandé de privilégier les spécialités contenant une substance active à action systémique comme Vibrance Gold, Celest Gold Net, Rancona 15 ME, Redigo ou Gaucho Duo FS. Ce nouveau traitement fongi-insecticide conduit à un même apport de prothioconazole que Redigo (10 g/q), en association à de l’imidaclopride pour lutter contre les vecteurs de virose et autres ravageurs.
En agriculture biologique, deux spécialités sont maintenant disponibles pour lutter contre la contamination des semences par des spores de carie. La nouvelle spécialité Copseed (Nufarm) à base de sulfate de cuivre tribasique (190 g/l) affiche une bonne efficacité à 0,1 l/q, elle n’est cependant pas totale dans les essais réalisés avec une contamination artificielle élevée (Figures 1 et 2). Pour rappel, Cerall à base de Pseudomonas chlororaphis (distribué en station uniquement) présente également une efficacité significative mais elle s’avère moins régulière.
Figure 2 : Essai de lutte contre la carie commune, semences contaminées
(Bignan- 56, 2015)
Contre le charbon nu de l’orge, la lutte démarre dès la production des semences
Pour lutter contre le charbon nu de l’orge, la première nécessité est de produire des semences saines en utilisant un traitement de semences fongicide à efficacité totale. Ce qui est le cas de Celest Orge Net et de Rancona 15 ME (références moins nombreuses) mais aussi de la nouvelle spécialité Raxil Star (Bayer). Raxil Star, homologué sur semences d’orge et d’avoine à 0,05 l/q, associe prothioconazole (100 g/l), tébuconazole (60g/l) et fluopyram (20 g/l), pour combattre les principales maladies des semences de l’orge, charbons nu et couvert, fusarioses, helminthosporiose, ainsi que leurs pendants sur avoine.
Redigo et la nouvelle spécialité Gaucho Duo FS, conduisant à de mêmes apports de prothioconazole, présentent une bonne efficacité contre le charbon nu, mais cette efficacité n’est pas totale comme celle des références citées précédemment (figure 3).
Figure 3 : Efficacité (%) de différents traitements de semences
vis-à-vis du charbon nu de l’orge
Face à un besoin de protection contre les pucerons vecteurs de la JNO sur un lot de semences d’orge non indemne de charbon nu, il est conseillé d’associer Gaucho 350 à l’une des trois références à efficacité totale. En cas d’utilisation de Gaucho Duo FS sur un lot contaminé, bien que nous ne disposions pas à ce jour d’évaluations ARVALIS-Institut du végétal, il semble préférable de renforcer la lutte contre le charbon nu en associant à Gaucho Duo FS un autre triazole (Rancona 15 ME ou Premis 25 FS). Il conviendra de s’assurer de la sélectivité du mélange, même si la dose du traitement complémentaire peut être – a priori – légèrement réduite (environ 80 % de la dose homologuée).
Pour rappel, les traitements fongicides Celest Net et Celest Gold Net ne permettent pas de combattre cette maladie. Vibrance Gold, qui apporte un SDHI, le sedaxane, en complément des substances actives de Celest Gold, affiche une bonne efficacité vis-à-vis du charbon nu. Elle est supérieure à celle de Redigo mais sans être totale : elle a pu être mise en défaut lors d’un essai. Par ailleurs, des cas de résistance aux SDHI ont été détectés il y a plus de 30 ans. Des analyses récentes (études INRA en cours) démontrent que la résistance aux SDHI est toujours présente. Les SDHI pourraient donc contribuer à la sélectionner – ou tout au moins à la maintenir -, surtout lorsqu’ils entrent dans la composition d’un traitement de semence dont l’activité est incomplète. Il convient donc, en cas de risque de charbon nu avéré, de préférer des produits dont l’activité est totale.
Nathalie ROBIN (ARVALIS – Institut du végétal)