Les Cultures Intermédiaires à Valorisation Energétique (CIVE) sont l’une des sources d’approvisionnement pour les méthaniseurs. Elles sont produites entre deux cultures alimentaires, qui vont conditionner le choix de l’espèce.
Implantée entre deux cultures à vocation alimentaire, la CIVE ne crée pas de compétition d’usage et présente les intérêts agronomiques des cultures intermédiaires, telles qu’une couverture de protection du sol. Il faut toutefois avoir en tête que, avec des séquences de trois cultures en deux ans, les rendements obtenus avec la CIVE seront inférieurs à ce qui est observé en conduite normale : elles ne bénéficient pas des conditions climatiques optimales.
Des CIVE d’été…
Après une culture d’hiver récoltée précocement, telle que l’orge d’hiver, le colza ou le pois, il est possible d’implanter une CIVE d’été telle que l’orge de printemps, le sorgho biomasse, le maïs, le tournesol… Elles seront récoltées à l’automne avant d’implanter une nouvelle culture alimentaire.
Leur productivité est réduite en cas de semis trop tardifs pendant l’été. Dans un essai conduit dans la Somme, une culture d’orge de printemps semée en août a atteint le stade épiaison en novembre, mais son rendement plante entière s’est limité à 3,5 t MS/ha.
Dans le cas d’une culture de sorgho biomasse semée avant le 15 juillet, la production peut atteindre 6 t MS/ha, voire plus (contre 15 à 20 t MS/ha en conditions de conduite normale).
…et des CIVE d’hiver
Avant une culture alimentaire d’été, l’implantation d’une CIVE d’hiver peut être envisagée : céréales, association céréales – légumineuses, oléagineux….
A l’instar des CIVE d’été, la productivité de ces cultures est réduite par leur récolte précoce afin de limiter l’impact sur la culture alimentaire suivante. Les niveaux de rendement se montrent un peu plus élevés dans le nord de la France que dans le Sud, avec 7 t MS/ha récoltées dans la Somme, contre 6 t MS/ha dans le Tarn et la Haute-Garonne.
Figure 1 : Rendement de CIVE d’hiver et de CIVE d’été, de 2011 à 2013, en Picardie et en Midi-Pyrénées
Pour chaque essai, les traits noirs indiquent la variation de rendement observée.
Jongler entre les dates de semis et de récolte des cultures principales
La productivité de ces espèces est le premier facteur de choix pour réduire leur coût et optimiser leur introduction dans le méthaniseur. Pour les espèces étudiées et les stades de récoltes atteints, les potentiels méthanogènes sont homogènes.
Le choix d’espèce doit également être adapté aux cultures précédentes et suivantes, en raisonnant le positionnement des cycles de chacune. Ainsi, la date de semis de la CIVE est influencée par la date de récolte de la culture alimentaire précédente ; et la récolte de la CIVE doit être positionnée selon les prévisions de semis de la culture alimentaire suivante. Les objectifs sont multiples : d’une part, ne pas gêner la conduite des principales cultures alimentaires afin d’assurer leur potentiel de production et, d’autre part, obtenir un rendement suffisant pour la CIVE.
En terme d’espèce, certaines successions sont préférables. Avant un sorgho biomasse, mieux vaut cultiver une CIVE de pois plutôt que d’orge, qui induit des problèmes de repousses difficiles à maîtriser. Dans le cas d’une CIVE d’hiver récoltée un peu tardivement au printemps, il est recommandé de choisir une espèce avec une gamme de variétés précoces capables de valoriser une date de semis légèrement tardive – dans les dix premiers jours de mai.
Alain BESNARD, Sylvain MARSAC (ARVALIS – Institut du végétal)