Récolte 2015 : un bon cru en cultures d’hiver
Les rendements des céréales à paille sont bons à excellents en 2015. Pour le colza, les rendements sont inférieurs à ceux de l’an passé. Les températures élevées de fin juin et début juillet n’ont finalement eu qu’un impact limité sur les cultures, du fait de leur état d’avancement. La qualité est globalement satisfaisante, voire très bonne concernant certaines caractéristiques technologiques.
Blé tendre : une production record de plus de 40 millions de tonnes
Avec quelques jours d’avance par rapport à la date moyenne des quatre dernières années, les moissons étaient quasiment achevées dans toutes les régions à la date du 10 août 2015. Elles se sont globalement déroulées dans de très bonnes conditions.
Au 5 août, selon les dernières remontées régionales, la production de blé dépasserait 40 Mt (40,4 Mt), sous l’effet conjugué d’une hausse des surfaces à 5,2 millions d’hectares (+ 3 % par rapport à 2014) et de rendements élevés estimés à 78,3 q/ha en moyenne nationale, niveau très supérieur à la moyenne quinquennale (72,6 q/ha). Ce constat est homogène dans toutes les régions françaises grâce à de bonnes conditions de développement des cultures et une valorisation des apports d’azote généralement favorable. Le manque d’eau n’a finalement pas impacté les cultures, car il est intervenu hors période critique (floraison)
En Ile de France et au nord de la Seine, les rendements sont bons à excellents, avec des moyennes dépassant 80 q/ha, voire 90 q/ha et des maxima à 3 chiffres. Sur l’axe courant de la Bretagne à la Franche-Comté, ils se situent entre 70 et 80 q/ha. Ils sont estimés autour de 60 q/ha dans le Sud-Ouest, en Auvergne et en Rhône-Alpes.
Sur le plan qualitatif, le taux de protéines est proche de celui de 2014, les autres critères physico-chimiques sont bons à très bons.
Les poids spécifiques sont très bons à exceptionnels sur l’ensemble du territoire. Ils sont à la fois élevés et homogènes en fonction des régions avec une moyenne nationale qui devrait s’établir à près de 80 kg/hl, probablement une des meilleures valeurs de ces vingt dernières années.
Les indices de chute de Hagberg devraient également afficher un très bon niveau sur l’ensemble du pays compte tenu des conditions de remplissage et de maturation des grains.
Les teneurs moyennes en protéines sont généralement comprises entre 10,5 et 11,5 %. Selon les bassins de production, le dernier apport d’azote n’a pas toujours pu être totalement valorisé en raison de l’absence de pluie au moment de l’intervention. L’effet dilution a, par ailleurs, joué à plein en raison des rendements élevés.
Blé dur : récolte en nette progression par rapport à 2014, mais inférieure à la moyenne quinquennale
La récolte de blé dur s’est achevée dans toutes les régions dans de bonnes conditions, avec quelques jours d’avance par rapport aux dernières années.
À l’exception du Sud-Est, les rendements sont bons à très bons. L’avancement des cultures lors des épisodes de fortes températures a permis de limiter la dégradation du potentiel en place fin mai / début juin. Au final, les valeurs moyennes se situeraient autour de 50 q/ha dans le Sud-Ouest, entre 60 et 70 q/ha dans l’Ouest, et elles sont supérieures à 70 q/ha dans le Centre. Elles sont en revanche inférieures à 35 q/ha dans le Sud-Est.
Par la combinaison de ces bons rendements et de la hausse des surfaces d’environ 12 % par rapport à 2014, la production nationale devrait ainsi revenir au niveau de 2013, autour de 1,8 Mt, soit une augmentation de 21 % par rapport à l’an passé.
Concernant la qualité technologique, les teneurs en protéines sont comprises, en moyenne, dans une fourchette entre 13,5 et 14,5 % dans l’ensemble des bassins. Néanmoins, on observe une certaine hétérogénéité. Le Sud-Est et l’Ouest sont en moyenne au-dessus de 14 %, le Sud-Ouest entre 13,5 et 14 %, le Centre plus hétérogène entre 12 et 14 %.
Compte-tenu de l’absence de pluie en fin de cycle et des bons taux de protéines, le mitadinage semble limité. Le taux de grains mouchetés devrait quant à lui être très bas cette année et permettre de s’adapter à tous les cahiers des charges.
Enfin, les poids spécifiques sont également bons à très bons avec une certaine homogénéité entre bassins de production, les moyennes régionales se situant entre 75 et 82 kg/hl.
Au total, la qualité des blés durs récoltés cette année devrait satisfaire les attentes des utilisateurs.
Orges : très bonne récolte pour les cultures d’hiver, moins bonne en cultures de printemps
Les surfaces, toutes orges confondues, sont en léger retrait de moins de 1 % par rapport à l’an passé. Les surfaces d’orges d’hiver continuent à augmenter (+ 6 %) alors que les surfaces d’orges de printemps diminuent (- 15 %).
Orges d’hiver : volume et qualité au rendez-vous
La récolte des orges d’hiver est achevée dans l’ensemble des zones de production. La précocité de l’espèce aura permis d’esquiver l’impact du stress thermique et les cultures auront donc bénéficié de très bonnes conditions de développement sur la totalité du cycle. Les niveaux de rendements nationaux sont ainsi très élevés probablement autour de 74 q/ha en moyenne, même si des écarts entre parcelles existent. Les moyennes dépassent 60 q/ha dans toutes les grandes régions productrices avec de nouveaux records dans le Nord (entre 95 et 100 q/ha) et l’Est (75-78 q/ha).
Les teneurs en protéines sont homogènes et basses en tendance, entre 9,5 et 10 % en zone Nord. Ces valeurs devraient répondre aux besoins des utilisateurs brassicoles dans une majorité de cas. Dans le sud, elles sont proches de 11 % en moyenne, en accord avec l’utilisation principalement fourragère de la production de la zone.
Les poids spécifiques sont globalement bons, aux alentours de 68-69 kg/hl en moyenne nationale. Enfin pour les orges brassicoles, les calibrages sont bons à très bons, très régulièrement proches de 90 %.
La récolte totale 2015 d’orges d’hiver est estimée à 9,6 Mt contre 8,4 Mt en 2014.
Orges de printemps : la production continue de baisser
Les récoltes sont achevées.
Les cultures ont été pénalisées par les excès de températures en cours de remplissage. Les rendements sont donc hétérogènes selon les bassins et le stade de développement des plantes lors de l’apparition des fortes chaleurs. Dans l’Est, ils sont faibles en tendance, inférieurs à 50 q/ha avec des teneurs en protéines plutôt élevées autour de 11 %. Dans le Centre, les rendements sont bons, estimés à 70 q/ha en moyenne et les teneurs en protéines seraient assez faibles, entre 10 % et 11 %. Dans le Nord, pour le moment on observe de bons à très bons rendements (75 à 90 q/ha) avec des teneurs en protéines plutôt faibles, autour de 10 %. La production devrait ainsi atteindre 2,9 Mt contre 3,2 Mt l’an passé.
En règle générale, les calibrages des orges brassicoles semblent assez bons.
Colza : une performance correcte, malgré des rendements en léger retrait
Les surfaces emblavées en colza en 2014-2015 sont proches de l’an passé autour de 1,5 Mha.
Dans un contexte de déficit hydrique marqué sur les mois de mai, juin et juillet, les performances du colza d’hiver sont contrastées. Les petites terres ont été les plus impactées par ces conditions. Dès le début du mois de juin, la réserve utile des sols était déjà pratiquement épuisée sur près de la moitié des zones de production. Mais, un potentiel correct en fin floraison, cumulé à un rayonnement élevé en fin de cycle a permis de compenser le manque d’eau.
ARVALIS – Institut du végétal , FranceAgriMer , Terres Inovia