Les dérobées permettent d’assurer un peu plus de stocks fourragers. Pour valoriser au mieux le couvert, il faut choisir l’espèce la mieux adaptée au système d’élevage et au milieu pédoclimatique, et l’implanter rapidement pour s’assurer de produire de la biomasse.
Semer le plus rapidement possible
Dans l’objectif de produire de la matière sèche avant l’hiver, il faut semer dès que possible. L’implantation des dérobées est possible pendant tout l’été, dès le retour des pluies. Dans tous les cas, il faut un minimum d’eau (10 à 20 mm) pour la levée.
Les critères de choix d’espèce sont à la fois liés à l’implantation (rapidité, vitesse de croissance…) mais également à la valorisation prévue (mode d’utilisation par les animaux, valeur alimentaire…).
Figure 1 : Avantages et inconvénients de différentes espèces de cultures à semer en dérobée
Le semis fin août des trèfles et vesces est un peu tardif mais ils peuvent être intégrés à des mélanges d’espèces en apportant des atouts nutritionnels au fourrage. À partir de mi-septembre, les sommes de températures limitent le développement des dérobées avant l’hiver.
Connaître la valeur alimentaire des dérobées choisies
Les modes de valorisation des couverts sont variés : pâturage à l’automne ou en début d’hiver dans les zones les plus douces, affouragement en vert, ensilage ou enrubannage. Dans tous les cas, il est essentiel de bien connaître la valeur alimentaire des dérobées. Pour compléter les références de l’INRA, quelques cultures intermédiaires ont fait l’objet de plusieurs séries d’analyses menées par ARVALIS-Institut du végétal (figure 2).
Figure 2 : valeurs alimentaires de différents dérobés – source ARVALIS-Institut du végétal
Globalement, les couverts végétaux semés dans le cadre d’intercultures présentent des valeurs nutritives élevées. Les avoines semées mi-août obtiennent de bonnes valeurs (0,82 UFL et 95 PDI/UFL) mais restent cependant en retrait par rapport au témoin RGI. Les valeurs azotées élevées des légumineuses confirment leur intérêt dans les mélanges d’espèces en intercultures pour apporter des protéines digestibles à moindre coût. Enfin, il faut retenir que les crucifères exploitées avant floraison présentent un bon équilibre de valeurs énergétiques et azotées mais doivent être intégrées en quantité limitée dans la ration des bovins du fait de leur risque acidogène élevé (pâturage au fil, affouragement en vert).A noter que les céréales et le colza fourrager sont à privilégier dans les cas de besoins en biomasse importants.
Adapter son itinéraire technique
Réussir les semis
Privilégier le non labour (travail superficiel), voire le semis direct afin d’éviter le dessèchement du profil de sol. Semer juste avant une pluie si possible, voire après sur sol encore frais. Rappuyer le lit de semences (éléments de rappui, roulage).
La fertilisation n’est pas nécessaire.
Les reliquats après récolte devraient suffire au développement de la dérobée. L’azote non absorbé par la céréale et l’azote issu de la minéralisation des matières organiques sera valorisé par le fourrage d’été.
Aucun désherbage à faire
De façon générale, imiter le coût d’implantation et compter sur le pouvoir couvrant des espèces semées. Le risque de salissement est par ailleurs maîtrisé par l’exploitation qui sera faite du couvert : pâturage ou fauche limiteront les montées à graines.
Attention à la rémanence de certains produits herbicides appliqués sur la culture précédente
Il convient d’être très prudent sur les possibilités de semis de couverts après céréales ou maïs. Certains produits contiennent des matières actives dont la rémanence peut s’étendre sur plusieurs mois et engendrer des phytotoxicités. Les tableaux ci-dessous indiquent de façon non exhaustive les possibilités :
Figure 3 : Possibilité ou non du semis de différentes familles de dérobées
suite à l’application de certains herbicides sur la céréale précédente – Source Firmes
Figure 4 : Possibilité ou non du semis de différentes familles de dérobées
suite à l’application de certains herbicides sur le maïs précédent – Source Firmes
Sabine BATTEGAY, Pierre-Vincent PROTIN (ARVALIS – Institut du végétal)