Maïs fourrage : les récoltes démarrent en région centre


mais fourrageAlors que les chantiers débutent dans certaines zones, la maturité n’est pas encore atteinte dans les parcelles plus tardives d’après les prévisions des dates de récolte basées sur la floraison.

Etat général des cultures

Les conditions sèches de cet été sont généralement intervenues autour de la période de plus grande sensibilité au stress hydrique du maïs (stade limite d’avortement des grains – SLAG – 250DJ après la floraison femelle). Elles ont eu pour conséquence un développement très hétérogène des maïs. Les parcelles les plus touchées par ce stress hydrique ont pu être récoltées prématurément pour palier au dessèchement précoce des plantes. Tandis que les parcelles dont les besoins en eau ont été satisfaits sont globalement en avance par rapport aux années précédentes, certaines parcelles atteignant 50% d’humidité du grain au 15 août.

Les prévisions de récolte

Les dates prévisionnelles de récolte du maïs fourrage à 32 % de MS ont été réalisées sur la base de la météo validée jusqu’au 25 août pour différentes dates de floraison femelle intervenue entre mi-juillet et début août. La majorité des parcelles ont atteint la floraison pendant la deuxième décade de juillet (du 10 au 20). Pour celles-ci, les dates de maturité ensilage se situent autour du 20 août au 5 septembre. Les parcelles à floraison plus tardive (autour du 1er août) atteindront la maturité ensilage mi-septembre.

Figures 1 à 7 : prévision des dates d’acquisition du stade 32 % MS plante entière pour différentes dates de floraison et différents sites

prevision date acquisition

Evaluer le taux de matière sèche

Ces dates prévisionnelles globales et théoriques doivent bien sûr être complétées par une évaluation au champ. Une grille permet d’estimer la maturité du maïs fourrage à partir de l’observation des grains (Figures 8 et 9). Elle prend en compte l’état de l’appareil végétatif.

Figure 8 : Observation des grains de maïs pour déterminer le taux de matière sèche, pour les grains dentés

Observation des grains de maïs pour déterminer le taux de matière sèche, pour les grains dentés

Figure 9 : Observation des grains de maïs pour déterminer le taux de matière sèche, pour les grains cornés dentés

grains de mais taux matiere Seche

 

En pratique au champ, prélever plusieurs épis consécutifs à différents endroits de la parcelle, les casser en deux et observer la répartition des différents types d’amidon, laiteux, pâteux et vitreux pour en déduire l’estimation du taux de MS plante entière. La période optimale de récolte correspond à une répartition des trois amidons en trois tiers dans les grains des couronnes centrales de l’épi (humidité du grain d’environ 50 % et 32 % de MS plante entière pour un maïs en bon état végétatif). Pour anticiper par rapport à ce stade, on observe l’apparition et la progression de la lentille vitreuse.

Choisir la date d’ensilage

Avant de prendre la décision d’ensiler, il faut :

Resituer les stades des plantes par rapport au cumul de températures

Reprendre les données climatiques pour estimer l’état d’avancement deResituer les stades des plantes par rapport au cumul de températures la culture par rapport à la date de floraison femelle et déterminer une date prévisionnelle de récolte. Les conditions extrêmes de températures et de déficit hydrique perturbent le fonctionnement de la plante et accélèrent la dessiccation de celle-ci. En conditions de stress hydrique, la date de récolte fourrage sera donc avancée par rapport à la prévision. Cette démarche doit être confortée par une visite des parcelles.

Visiter l’ensemble des parcelles. Rentrer dans les parcelles. Faire le tri des parcelles.

Les parcelles de l’exploitation ne sont sans doute pas identiques. Il convient de toutes les visiter pour prendre les bonnes décisions. Il faut entrer dans les parcelles et les parcourir. Méfiez-vous des plantes de bordures, elles sont souvent trompeuses et elles ne représentent en aucun cas l’hétérogénéité de la parcelle. Méfiez-vous du gabarit des plantes, il faut regarder l’épi. Le grain (nombre de grains par m² et le stade) est déterminant dans la décision que vous allez prendre.

Observez la plante, du plus général au plus analytique :
• hauteur moyenne des plantes et hétérogénéité entre plantes,
• état des feuilles – vertes, jaunes, desséchées – au-dessus, au niveau et au-dessous de l’épi. L’observation des spathes a relativement peu d’intérêt,
• évolution récente de l’état des feuilles, faire une hypothèse sur l’évolution de l’état des feuilles dans les jours à venir,
• estimer le pourcentage de plantes ayant un épi, estimer le nombre de grains par épi, estimer le nombre de grains par m² (ne pas confondre les grains viables, en cours de remplissage, et les grains avortés),
• apprécier l’état d’avancement du grain : amidon laiteux, pâteux, présence de la lentille vitreuse à l’extrémité du grain…

Bien réussir son silo

Pour réussir son silo, le seul objectif est d’assurer une bonne conservation. Voici les points clefs :

Un bon tassement : la majorité des échecs de conservation des ensilages est due à un défaut de tassement lors de la confection du silo. C’est un point essentiel de réussite, d’autant plus difficile à maîtriser que le produit à ensiler (et plus particulièrement la partie tige + feuilles) est sec.

Une bonne finesse de broyage et un bon réglage et ou entretien de l’ensileuse. Pour faciliter la conservation, le hachage doit être fin. Plus la partie tige + feuilles sera sèche plus le broyage devra être fin. (viser à l’auge 10% de particule moyenne : tamis à mailles de 1 cm).

En conditions de plantes desséchées, on améliore le tassement en accentuant la finesse de hachage.

En effet, plus le maïs-fourrage est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité, et plus vite le peu d’oxygène retenu dans le silo est consommé par la respiration du végétal ou l’activité microbienne.

On estime qu’à 30 % de MS, on enferme environ 1 litre d’air par kg de matière sèche. En quelques heures (3-4), il n’y a plus d’oxygène dans le silo : les levures et moisissures n’ont pas le temps de se multiplier. Les bonnes fermentations, celles qui transforment les sucres de la plante en acide lactique et qui ainsi abaissent le pH et conservent l’ensilage, se déroulent sans délai.

En revanche, quand le maïs-fourrage est plus sec, chaque mètre cube du silo est plus difficile à tasser. Le hachage fin est utile pour augmenter la densité de matière sèche. Dans chaque m3 il y a moins d’eau et donc plus d’air. L’air enfermé dans le silo représente 3 à 5 litres par kg de matière sèche. Les cellules encore vivantes du maïs fourrage sont moins actives : il faut donc beaucoup plus de temps pour épuiser l’oxygène enfermé (3 à 5 jours). Pendant ce délai, les bonnes fermentations lactiques ne démarrent pas, mais les levures et moisissures se multiplient. Si le silo est bien hermétique leurs activités s’orientent vers une vie ralentie et cessent d’échauffer le silo … mais, plus tard, en présence d’air (trou dans la bâche, front d’attaque) les dégradations reprennent de plus belle : c’est la principale cause de pertes de matières sèches lors de la conservation du maïs-fourrage.

Prévoir la vitesse d’avancement du front d’attaque du silo à l’ouverture

La dimension du silo doit être d’au moins 3 m par mois d’hiver et 6 m par mois d’été.
Dans le silo de maïs fourrage, les pertes interviennent surtout au front d’attaque, pendant l’utilisation de l’ensilage. Une des conditions à respecter pour éviter les échauffements consiste à avancer le front du silo plus vite que la reprise des fermentations. On retient généralement les valeurs suivantes d’avancement du front d’attaque. Au minimum 10 cm par jour en moyenne en hiver, 20 cm par jour en moyenne en « été ».
La largeur et la hauteur des silos doivent donc être adaptées à la taille des troupeaux, à la part de maïs dans la ration et à la saison d’utilisation.
Yann FLODROPS (ARVALIS – Institut du végétal)