Maïs fourrage : surveiller l’état des parcelles

mais fourrageA première vue, les maïs de Haute-Normandie ont peu ou pas souffert des conditions climatiques estivales. Mais un diagnostic rapide des parcelles s’impose pour éviter les mauvaises surprises et anticiper ou retarder les chantiers d’ensilage.

Dans une grande moitié nord-est de la France, les conditions climatiques de cet été ont été particulièrement éprouvantes pour les maïs. Les fortes températures de juillet et le déficit de pluviométrie de mai à août ont affecté le développement des plantes, la mise en place des épis et le remplissage des grains.

La région Haute-Normandie a été moins touchée que les régions voisines de Picardie et d’Ile-de-France. Les températures maximales ont été moins élevées et le déficit hydrique moins marqué.

 

cumul degré jours

 

A première vue, les maïs de Haute-Normandie ont peu ou pas souffert des conditions climatiques estivales. Il existe cependant des différences de comportement liées à la date de semis, au type de sol, à la qualité de préparation du sol.

Les semis précoces ont globalement mieux résisté, grâce à un enracinement plus important au moment du stress. Il faut aussi prendre en compte la date de floraison par rapport aux pics de température et au déficit d’alimentation hydrique de la parcelle, les semaines autour de la floraison étant une période de grande sensibilité de la plante au stress hydrique.

Au 1er septembre, les maïs ne sont pas tous homogènes. Il peut y avoir des différences de développement végétatif (hauteur de plante, nombre de feuilles vertes) et de composantes de rendement grain (nombre d’épi par plante, nombre de grain par épi).

Dans les situations les plus stressées, les plantes sont plus courtes, avec moins de feuilles vertes. Le nombre d’épis peut être diminué, ainsi que le nombre de grains au m2. Le potentiel grain et fourrage est alors diminué, la qualité du fourrage aussi. Mais dans des situations à première vue normales, notamment celles où le gabarit des plantes est proche de la normale, il peut y avoir de mauvaises surprises à la récolte car les épis peuvent être mal remplis.

Comment vont évoluer les plantes ?

Cette évolution dépendra du nombre de grains présents, de la capacité de la plante à photosynthétiser (présence de feuilles vertes) et de l’offre climatique (lumière, eau, absence de températures trop fraîches qui affaibliraient l’appareil végétatif).

Pour la production de maïs grain, il reste aujourd’hui à remplir les grains présents, dans un premier temps par photosynthèse, puis par remobilisation des réserves de la partie tige + feuilles. La fin du remplissage se fera au détriment de l’appareil végétatif. Le comptage de grains par m2 permet une approche du potentiel de rendement, à moduler en fonction du PMG atteignable. Objectif en conditions normales de végétation : plus de 3000 grains au m2.

Pour la production de maïs fourrage, il reste à remplir les grains présents, ce qui apportera rendement et maturité à la plante entière. Ce remplissage se fait dans un premier temps par photosynthèse, puis par remobilisation des réserves de la partie tige + feuilles. Si les conditions climatiques ne sont pas favorables, ou dans le cas de plantes stressées, le remplissage des grains et la maturité de la plante se fera au détriment de l’appareil végétatif.

Pour la grande majorité des maïs de la région, il n’y a pas d’inquiétude particulière. Le cumul de température suit son cours, sans excès par rapport à la normale. Les premières analyses de matière sèche dans les réseaux de suivi ne montrent pas de dérive par rapport à la normale. A suivre régulièrement. Les pluies d’août assurent l’alimentation hydrique des plantes, et les fortes températures de ces derniers jours accélèrent la maturité…

Diagnostiquer l’état de ses parcelles

Il est important de faire aujourd’hui un diagnostic.

Ce diagnostic est surtout nécessaire pour définir la date optimale d’ensilage. Il peut aussi servir à estimer le rendement (grain et fourrage) et se faire une idée de la qualité (valeur alimentaire).

Visitez l’ensemble de vos parcelles. Rentrez dans les parcelles et parcourez-les. Faites le tri dans vos parcelles.

Les parcelles de l’exploitation peuvent ne pas être identiques. Il convient de toutes les visiter pour prendre les bonnes décisions. Il faut entrer dans les parcelles et les parcourir pour juger de l’homogénéité. Méfiez-vous des plantes de bordures, elles sont souvent trompeuses et elles ne représentent pas les plantes de la parcelle. Méfiez-vous du gabarit des plantes, il faut ouvrir les épis. Le nombre de grains par m² et leur niveau de remplissage sont déterminants dans la décision que vous allez prendre.

Observez la plante, du plus général au plus analytique :
– hauteur moyenne des plantes et hétérogénéité entre plantes,
– état des feuilles – vertes, jaunes, desséchées – au-dessus, au niveau et au-dessous de l’épi. L’observation des spathes a relativement peu d’intérêt,
– évolution récente de l’état des feuilles, faire une hypothèse sur l’évolution de l’état des feuilles dans les jours à venir,
– estimer le pourcentage de plantes ayant un épi, estimer le nombre de grains par épi, estimer le nombre de grains par m² (ne pas confondre les grains viables, en cours de remplissage, et les grains avortés) (valeurs habituelles supérieures à 3000 grains au m2),
– apprécier l’état d’avancement du grain : amidon laiteux, pâteux, présence de la lentille vitreuse à l’extrémité du grain…

Maïs fourrage : définir la date de récolte

En fonction de l’état des plantes, les chantiers d’ensilage sont démarrent ou peuvent attendre. Dans les exploitations et/ou les parcelles les plus touchées par le stress climatique, les chantiers sont en cours. L’objectif est d’ensiler avant dessèchement complet des plantes.

Dans les zones moins ou peu touchées par le stress climatique, il convient, comme chaque année à pareille époque, de définir la période optimale de récolte en fonction de l’évolution de la plante.

Première approche : les dates prévisionnelles de récolte du maïs fourrage à 32 % de MS

Elles ont été calculées sur la base de la météo validée jusqu’au 28 août pour différentes dates de floraison femelle intervenue entre mi-juillet et début août. Une grande partie des parcelles a fleuri pendant la seconde quinzaine de juillet. Pour celles-ci, les dates de maturité ensilage se situent avant la mi-septembre. Les parcelles à floraison plus tardive (à partir du 1er août) atteindront la maturité ensilage après la mi-septembre.

tableau

 

Seconde approche : la grille d’observation du remplissage des grains

Cette grille est applicable pour les parcelles qui présentent au moins 1500 grains au m2. Elle sera d’autant plus précise que le nombre de grains sera élevé et l’état de l’appareil végétatif proche de la normale.

mais fourrage

 

 

 

En cas de maïs dont l’appareil végétatif se dessèche avant la maturité, alors que le stade 30 % MS n’est pas atteint, prévoir de récolter alors qu’il reste au moins 5 feuilles vertes. C’est un compromis entre d’une part rendement et maturité et d’autre part conservation et valorisation animale.

Rappelons qu’en conditions normales de végétation, c’est le grain qui amène le rendement et la maturité de la plante entière, les tiges et feuilles étant à 23 – 25 % de matière sèche quand la plante est à 32 %. En condition de stress, des feuilles sèches ne dépassent pas 27 % de matière sèche…

Bertrand CARPENTIER (ARVALIS – Institut du végétal)