Les sommes de températures depuis le semis et la floraison conduisent à prévoir des dates de maturités physiologiques plus précoces de 5 à 20 jours selon les situations. Retrouvez les estimations pour plusieurs stations météo et différentes hypothèses de dates de floraison femelle pour des récoltes en grain ou en plante entière.
La période du 11 avril au 15 août 2015 figure parmi les plus chaudes pour une grande partie de la France, notamment dans le Centre, l’Est et le Sud, avec des cumuls de degrés-jours qui rivalisent avec les années marquantes, sans pour autant détrôner 2003. L’Ouest, le Nord Ouest et le Nord ne présentent pas un bilan aussi atypique, même s’il est positif par rapport à une année normale. L’avance des stades est à relativiser par les dates de semis qui se sont déroulées jusqu’à la deuxième décade de mai.
Concernant la pluviométrie et les bilans hydriques des maïs pluviaux, la situation est elle aussi exceptionnelle dans la zone Nord Loire, du Centre au Nord-Est et à l’Est, avec des records de déficits, à des effets d’orages près. Les pluies de la mi-août n’ont pas suffi à limiter les conséquences de la sécheresse en Centre-Est. Dans un grand nombre de régions, les déficits hydriques causeront plus ou moins de pertes de rendement selon leur précocité, leur durée et leur intensité. Ils ont aussi des conséquences sur l’évolution des maturations dont les stades ne suivent plus aussi bien le temps thermique, exprimé en degrés-jours.
La sécheresse freine ou accélère les maturations selon les contextes
Lorsque le déficit hydrique survient en cours de remplissage des grains, il réduit la durée et la vitesse de remplissage, et accélère la dessiccation des grains et de la plante. Tant en grain qu’en récolte plante entière, les teneurs en matière sèche évoluent plus vite, et ceci d’autant plus que le nombre de grains a à peu près été sauvegardé. En revanche, lorsque le nombre de grains/m2 est affecté et l’appareil végétatif relativement préservé, et qu’un retour des pluies comble le déficit hydrique, les évolutions de teneurs en matière sèche de la plante entière ont tendance à être moins rapides que l’évolution simulée par les sommes de température. Ceci provient d’un moindre rapport de poids de grains/plante entière qui contribue à l’évolution de la teneur en MS et de remobilisations des assimilats des tiges vers les grains moins importantes.
Premières prévisions d’atteinte de la maturité physiologique
En maïs fourrage, pour des maïs « normaux » (pas trop affectés par la sécheresse), il est important d’optimiser le stade de récolte et de viser 32-34 % de teneurs en MS plante entière (optimum de rendement, de qualité de hachage et de conservation de l’ensilage, valeur énergétique avec équilibre en amidon et glucides solubles). Pour affiner les prévisions à la parcelle, il est recommandé, compte tenu du contexte de l’année, d’effectuer des suivis de teneurs en MS et de dessèchement des feuilles.
Tableau 1 : Estimations du 20/08/2015 des dates de maturité du maïs fourrage pour des variétés habituellement cultivées dans la zone de culture en fonction d’une date de floraison, d’une station météo et des 2 hypothèses sur le climat à venir à températures (élevées (2ème décile) = a ; plus faibles (8ème décile) = b). Les groupes de précocité retenus correspondent à la région de la station météo
Le producteur de maïs grain a plus de latitude en année précoce, comme 2015. C’est une opportunité pour limiter les coûts de séchage. Toutefois, des compromis seront à effectuer entre les tenues de tiges (fragilisées lors de déficits hydriques sévères), les reports d’interventions vers des périodes à risque de pluviométrie avec les effets associées sur les sols, les prévisions météorologiques et les autres travaux.
Tableau 2 : Estimations du 20/08/2015 des dates de maturité physiologique en grain pour des variétés habituellement cultivées dans la zone de culture en fonction d’une date de floraison, d’une station météo et des 2 hypothèses sur le climat à venir à températures (élevées (2ème décile) = a ; plus faibles (8ème décile) = b). Les groupes de précocité retenus correspondent à la région de la station météo
Josiane LORGEOU (ARVALIS – Institut du végétal)