Les créneaux de semis sont relativement étroits cette année. Augmenter la vitesse de travail peut être une solution pour optimiser le temps disponible. Sur des lits de semences bien préparés, un semoir classique (avec enterrage à l’américaine) peut aller jusqu’à 9 km/h sans soucis. Mais des constructeurs proposent depuis 2012 des semoirs monograines capables de travailler jusqu’à 15 km/h. Pour mesurer l’impact de la vitesse de semis sur le rendement du maïs, plusieurs semoirs monograines travaillant à des vitesses différentes ont été testés entre 2012 et 2014 en Alsace et en Poitou-Charentes.
Garder une profondeur de semis uniforme
L’augmentation de la vitesse de travail peut dégrader en premier lieu la profondeur de semis, exposant des semis potentiellement plus superficiels aux attaques de corbeaux par exemple.
Pour y remédier, les constructeurs ont largement dimensionné les éléments semeurs mais également les pressions applicables sur ceux-ci de telle sorte que l’élément reste plaqué au sol, quelle que soit la vitesse.
Dans les deux essais réalisés en 2013 (figure 1), l’augmentation de vitesse se traduit pour un élément semeur classique par un semis de moins en moins profond (réglages de profondeur et tension identiques entre les vitesses). A contrario, en Poitou-Charentes, les deux semoirs rapides testés ne présentent aucun écart de profondeur de semis pour les différentes vitesses.
La régularité de profondeur diminue avec l’augmentation de la vitesse de semis
Figure 1 : Influence de la vitesse de travail sur la régularité de profondeur moyenne de semis (2 essais).
Des lettres ou groupes de lettres différents témoignent d’un écart statistique significatif – NS = non significatif.
Régularité sur le rang : du bon… et du moins bon
Pour l’essai conduit en 2012 en Alsace, l’analyse statistique a montré que le type de semoir tout comme la vitesse influencent la régularité de répartition des graines sur la ligne de semis de façon significative.
En moyenne, on observe que le coefficient de variation (une des variables de mesures de cette régularité) augmente avec la vitesse de semis : plus on sème vite et moins le semis est régulier.
Seconde conclusion : pour un semis à 7 km/h, le type de semoir n’a pas d’influence sur la régularité, alors que des différences marquées apparaissent pour des vitesses de 15 km/h .
Des conclusions similaires peuvent être tirées de l’essai 2013 de Poitou-Charentes : les écarts sont faibles pour un semis à 7 km/h mais s’accentuent pour un semis à 11 km/h. Même sans la modalité de 15 km/h, le type de semoir influence significativement les résultats.
A vitesse élevée, le modèle de semoir influence sur la régularité de semis
Figure 2 : Influence de la vitesse de semis sur la répartition des pieds sur le rang (2 essais)
Des lettres ou groupes de lettres différents témoignent d’un écart statistique significatif. Plus le coefficient de variation est élevé, plus l’espacement entre pieds est irrégulier.
Rendement : pas de différence visible
Les rendements obtenus permettent d’établir plusieurs conclusions :
• Semer vite n’impacte pas le rendement (pas de différences statistiques entre modalités de vitesse), quelle que soit le niveau de productivité.
• Pas de lien entre régularité de répartition sur le rang et rendement. Dans un essai, l’irrégularité observée sur le rang au moment du semis pour un semoir n’a pas conduit à des écarts de rendements significatifs.
Pas d’écart de rendement significatif selon les vitesses de semis
Figure 3 : Influence de la vitesse de semis sur le rendement du maïs (4 essais : essai CA Alsace – ARVALIS / avril 2012 ; essai CA 79 – Matériel Agricole – ARVALIS / avril 2013 ; essai CA Alsace – ARVALIS / avril 2013 ; essai CA Alsace – ARVALIS / avril 2014)
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NS = non significatif
Ces essais permettent de dégager des recommandations selon les conditions de lits de semences et le type de semoir (rapide ou classique avec enterrage à l’américaine) pour du maïs uniquement.
Tableau 1 : Semis de maïs : les recommandations à suivre selon la préparation de sol et le type de semoir
Damien BRUN (ARVALIS – Institut du végétal), Patrice DENIS (CA Alsace)
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