Avec un rendement national en retrait par rapport à la moyenne quinquennale, le maïs sort d’une campagne à la trajectoire plutôt chaotique. Retour sur les faits marquants de 2016.
Le rendement national moyen 2016 en maïs grain est estimé par ARVALIS à ce jour à 89 q/ha. Ce niveau, proche de celui de 2015, est en retrait par rapport aux cinq dernières campagnes. Du point de vue de la maturité à la récolte, les températures élevées du mois de septembre ont contribué à des récoltes à faibles teneurs en eau du grain, ce qui a diminué les coûts de séchage.
Concernant le maïs fourrage, les rendements ont aussi été pénalisés par les déficits hydriques et des démarrages souvent très difficiles. Mais ils restent convenables, à 12 t MS/ha en moyenne nationale selon ARVALIS, soit une baisse de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les évolutions ultra-rapides des teneurs en matière sèche ont conduit dans un grand nombre de situations à des récoltes à sur-maturité.
Attention, ces constats généraux sont à nuancer selon les régions.
Tout commence dans la fraicheur…
Alors que les maïs semés à des dates normales (11 au 26 avril) ont achevé leur cycle avec des sommes de températures comparables aux normales historiques et que la pluviométrie estivale est généralement déficitaire (figure 1), la trajectoire de l’année climatique apparaît comme chaotique.
Une première séquence froide et pluvieuse a duré jusqu’au 20 juin, avec des excès d’eau marqués dans le centre, le nord et l’est de la France. Ces fortes pluies ont retardé les derniers semis et causé des asphyxies racinaires. Combinées à des températures en dessous des normales, elles ont causé quelques pertes de peuplements, des retards de stades et ralenti les débuts de croissance. La Bretagne et le Sud ont quant à eux été épargnés par ces conditions difficiles.
Figure 1 : Ecart de degrés-jours (entre le 21/04 et le 15/10) et de précipitations (entre le 16/06 et le 10/09) en 2016 par rapport à la médiane 1996-2015
… avant que la sécheresse s’installe
Passé le 20 juin, les pluies sont restées généralement déficitaires jusqu’au 10 septembre (carte 1). Les mois d’été ont été particulièrement secs du sud de la Normandie à l’Aquitaine, de la région Centre au Limousin, pénalisant la mise en place et le remplissage des grains.
Côté températures, il a fallu attendre la mi-août pour combler le déficit thermique, excepté dans l’est et le sud de la France. Mais les températures élevées de la fin août, qui engendrent des ETP importantes, associées au déficit de précipitations estivales ont causé des stress hydriques en culture pluviale dans de nombreuses régions (carte 2).
Les conséquences de ces déficits hydriques, qui se sont manifestés à partir du début du mois d’août, ont été amplifiées dans les parcelles à floraison tardive.
Le nombre de grains par m2 est une composante relativement sauvegardée en 2016, excepté dans les parcelles qui ont subi des déficits hydriques durant la période de mise en place des grains (semées tardivement et à faibles réserves hydriques) ou des pertes de peuplement liées aux stress de début de cycle.
En revanche, les poids de mille grains ont pâti de l’intensité et de la durée du déficit hydrique durant le remplissage des grains en culture pluviale et en situation d’arrêts précoces des irrigations.
Lorsque l’irrigation a pu couvrir les besoins jusqu’à la mi-septembre, les rendements sont très satisfaisants. Toutefois, les températures froides en début de cycle associées à des anoxies racinaires ont amputé les potentiels de rendement des parcelles irriguées du Centre-Ouest, du Centre et de l’Est.
Carte 1 : Cumul de précipitations entre le 16 juin et le 10 septembre 2016
Carte 2 : Ecart de bilan hydrique potentiel (en mm) du 16 juin au 10 septembre avec la médiane 1996-2015
Géomyzes, pyrales et liserons restent des préoccupations
En matière de parasitisme, les taupins sont restés discrets, alors que les géomyzes et oscinies ont causé des pertes de peuplement marqués dans l’Ouest, les Pays de la Loire et, de façon plus diffuse, dans les autres régions du nord de la Loire. Les pyrales, observées aussi plus régulièrement en Bretagne et dans le Nord, ont encore une fois fait des dégâts et fragilisé les tiges. Déjà largement affaiblies par les effets des stress hydriques, elles n’ont pas toujours résisté lors des tempêtes des 13 et 14 septembre localisées sur une ligne reliant le sud de l’Aquitaine à la Manche.
La quasi absence de pluies durant la période des floraisons a préservé les cultures des développements de Fusarium graminearum, alors que quelques symptômes de Fusarium liseolaont été constatés dans des parcelles touchées par des pyrales et sésamies de deuxième génération.
Concernant les désherbages, ils ont globalement été efficaces. La fréquence des liserons des champs a souvent nécessité des interventions spécifiques.
Josiane LORGEOU (ARVALIS – Institut du végétal)
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