Malgré les reliquats souvent élevés observés en plaine, le risque verse est plutôt limité grâce aux conditions rencontrées en ce début de campagne : semis légèrement retardés et période de froid marquée cet hiver. Toutefois, les situations pouvant être variées, il est recommandé d’estimer son risque à la parcelle, en particulier pour celles qui ont reçu un apport d’azote au tallage.
Estimer son risque de verse à la parcelle pour un meilleur pilotage
L’utilisation d’un régulateur n’est pas systématique, en particulier sur blé. Avant de l’appliquer, il convient d’estimer le risque de verse d’abord puis d’intervenir ensuite dans des conditions favorables.
Certains outils comme FARMSTAR permettent d’estimer ce risque. mais il est également possible de l’estimer à l’aide d’une grille de risque spécifique (tableau 1).
Tableau 1 : Grille de risque verse sur blé tendre
Pour compléter cette grille, il faut retenir que c’est le climat entre le stade épi 1 cm et le stade 1 nœud qui détermine le plus le risque de verse.
Des températures douces avec un faible rayonnement (luminosité) à cette période favorisent l’élongation du premier entre-nœud, qui sera donc fragile. A l’inverse, un temps ensoleillé avec des températures basses limitera son élongation et donc la verse. Il convient d’en tenir compte pour un rattrapage ou adapter la dose.
Par ailleurs, l’irrigation tardive augmente le risque : les parcelles susceptibles d’être irriguées après floraisons (blé améliorant en petites terres…) devront être régulées plus fortement.
Enfin, la sensibilité à la verse est différente d’une variété à l’autre (figure 1).
Figure 1 : Sensibilité des variétés de blé tendre à la verse
Pour connaître le classement d’autres variétés, consulter le site des fiches variétés.
Adopter des stratégies adaptées à ses risques
Les programmes proposés dans le tableau ci-dessous s’appuient sur des produits connus et couvrent l’ensemble de la gamme de risques que l’on est susceptible de rencontrer dans notre région.
Le risque est parfois nul : une variété résistante semée en argilo-calcaire séchant à date de semis et densité optimales a très peu de chance de verser pour des causes physiologiques. Dans ce cas, il est possible de faire l’impasse sur le régulateur.
Quand le risque est jugé faible, l’assurance de base que constitue le passage autour du stade épi 1 cm est souvent suffisant pour peu que l’on puisse intervenir dans des conditions climatiques correctes (encadré).
L’option la plus pratique pour passer à un degré de protection supérieur consiste à compléter cette intervention par un second passage. Effectué courant montaison avec un anti-gibbérellique, ce complément conduira à un programme à fort effet raccourcisseur.
Il ne faut pas oublier que, même le plus performant des programmes peut être mis en défaut par des conditions de fin de cycle très difficiles (orages… ).
Tableau 2 : Stratégies de lutte contre la verse sur blé tendre
Certaines firmes adaptent leurs préconisations en fonction de l’application ou non de cyproconazole (matière active contenue dans certains fongicides). N’ayant pas conduit d’essais à ce sujet, nous n’avons pas tenu compte de cet élément dans nos préconisations.
Intervenir en conditions d’application optimales
Pour accroître l’efficacité et limiter la phytotoxicité, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état (indemnes de viroses, alimentées correctement en eau et en azote) et, si possible, dans des conditions climatiques favorables : temps poussant, lumineux et sans forte amplitude thermique (écarts inférieurs à 15 à 20°C).
Il est nécessaire de tenir compte des conditions climatiques le jour de l’application mais aussi durant les 3 à 5 jours suivants celle-ci.
En 2016, dans certains secteurs, les températures suite aux applications à 1-2 nœuds n’ont pas dépassé 10°C, expliquant les faibles efficacités des produits à base de trinéxapac.
Tableau 3 : Conditions de températures requises pour l’emploi des régulateurs de croissance
Exemple de lecture :
Pour une application de Cycocel C5, il faut que le jour du traitement la température minimale enregistrée soit supérieure à –1°C et qu’elle atteigne au moins +10°C. Dans les 3 jours suivants, une température maxi supérieure à 10°C est favorable.
En cas de mélanges avec d’autres produits, vérifier la compatibilité de votre mélange. Certains antagonismes ont pu s’observer.
Retrouver toutes nos recommandations pour la conduite du blé tendre dans le guide régional Choisir & Décider 2016/2017.
Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Chloé MALAVAL JUERY, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)
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