Dans les cinq essais mis en place à l’automne 2018, l’ensemble des modalités de postlevée apporte une efficacité moyenne de 65 %. Un niveau un peu inférieur à la prélevée (75 %), dans ces situations, un recours à des leviers agronomiques, en amont, est essentiel pour limiter les densités en culture (ex : décalage de la date de semis).
Aujourd’hui vu les contraintes et les densités rencontrées, la gestion du ray-grass doit passer par la mise en place d’un ou de plusieurs leviers agronomiques afin de gérer ces populations difficiles qui ne pourront plus être détruites uniquement par la chimie. Les leviers agronomiques efficaces sur ray-grass sont l’inclusion de cultures d’été ou de prairies dans la rotation, le décalage de la date de semis, le labour occasionnel ou les faux semis. L’utilisation d’un récupérateur de menue-paille peut également aider à réduire le stock semencier. En effet, les semences de ray grass restent sur l’épi à maturité et peuvent être récoltées pour éviter qu’elles restent sur la pacelle.
Pour en savoir plus, téléchargez :
– la fiche Ivraies de la note commune sur la gestion des adventices résistantes en grandes cultures
– la fiche ray grass d’Italie d’Infloweb
Les conditions ayant été majoritairement favorables dans ces essais, l’effet stade semble avoir eu une influence sur les résultats, malgré des traitements assez proches, à 1 feuille dans trois essais et à 2 feuilles pour les deux autres.
Les deux associations Défi 3 l + Compil 0,2 l et Défi 3 l + Beflex 0,5 l se tiennent en 2 points en moyenne, à 60 % d’efficacité environ. Dans trois essais, on observe un avantage de 5 points en faveur de la béflubutamide. Dans les deux autres, seuls 2 points sont en faveur du diflufénicanil (DFF). L’apport de 250 g de béflubutamide est au final similaire à 100 g de DFF en association avec du prosulfocarbe.
Ces deux associations à base de Défi sont devancées de 12 et 14 points par Défi 2,5 l + Fosburi 0,6 l, qui atteint 72 % d’efficacité (également testé avec Kaishi, un booster sensé limiter la phytotoxicité).
Que penser des dernières homologations ?
Les trois nouveautés à base de flufénacet et de DFF en postlevée se classent comme suit au niveau efficacité :
– Mateno (flufénacet + DFF + aclonifène) 2 l : 59 %
– Merkur (flufénacet + DFF + pendiméthaline) 3 l : 56 %
– Xinia (flufénacet + DFF + métribuzine) 0,7 l : 48 %
Ces efficacités sont insuffisantes. Mateno, et Merkur dans une moindre mesure, se rapprochent cependant d’une association comme Défi + Compil.
Merkur et Xinia gagnent à être associés avec d’autres spécialités. Pour Merkur 3 l, l’apport de 2,5 l de Défi ou 3 l de Constel permettent des gains d’efficacité de, respectivement, 16 et 22 points. Tandis que pour Xinia, l’apport de 3 l de Défi permet d’atteindre une efficacité de 76 %, soit un gain de 28 points par rapport à son application solo à 0,7 l. Ce mélange Xinia + Défi est équivalent à Merkur + Constel (78 %) et devance la référence Défi + Fosburi.
En conclusion, Xinia et Défi présentent une très bonne synergie.
Les associations Défi + Fosburi et Xinia + Défi sont possibles réglementairement mais ne sont pas cautionnées par Bayer.
Figure 1 : Efficacité des applications de postlevée d’automne (1-2F) (5 essais ray-grass 2019) – Prix d’ordre indicatif
A noter que, contrairement à la campagne 2017/2018, la prélevée est plus percutante que la postlevée. Ainsi, Mateno 2 l, seule modalité présente aux deux stades, perd 18 points sur ce positionnement (59 % contre 77 % en prélevée).
Des tendances qui se confirment en pluriannuel
Au sein des 12 essais mis en place en 2017/2018 et 2018/2019 sur blé tendre, l’association Défi + Fosburi atteint 75 % en moyenne (figure 2). Comme dans les essais de l’automne 2018, cette association dépasse la nouveauté Mateno de plus de 10 points.
Cette synthèse pluriannuelle permet de souligner des tendances similaires aux résultats obtenus à l’automne 2018. Ainsi, avec 65 % d’efficacité en moyenne, Mateno devance nettement Xinia, à 49 %. Egalement, l’association Xinia + Défi obtient une moyenne de 81 %, soit un gain conséquent par rapport au Xinia solo (+ 32 points). Il s’agit de la meilleure modalité de postlevée, devançant la référence Défi + Fosburi de 6 points.
A noter que le coût et le niveau de traitement de ces différentes solutions peut représenter une limite. Ces impacts peuvent être limités grâce à la mise en place d’autres moyens de gestion non chimiques – tels le décalage de la date de semis, très efficace sur graminées automnales, le travail du sol, ou bien encore la rotation lorsque cela est possible – est essentiel pour abaisser les densités de populations de ray-grass et ainsi faciliter le désherbage en culture.
Figure 2 : Synthèse 2018-2019 des applications de post-levée d’automne (12 essais ray-grass)
Ludovic BONIN (ARVALIS – Institut du végétal)