L’automne/hiver doux et humide a été relativement favorable au maintien de l’inoculum de septoriose. Les conditions climatiques à partir du stade 2 Nœuds sont déterminantes sur la nuisibilité finale de la maladie.
Les conditions climatiques du mois de mars, pendant la fin du tallage et le début de la montaison des blés, ont été relativement pluvieuses et donc favorables aux contaminations sur feuilles basses.
Stade 2 Nœuds dans le sec, mais quelle suite ?
Depuis quelques jours déjà, les conditions climatiques sont estivales, et la plupart des parcelles approche, voire atteint le stade 2 Nœuds. Ainsi, les nouvelles feuilles émises sortent dans des conditions sèches, sans nouvelle contamination. Le risque septoriose est pour l’instant faible à modéré.
Bien souvent, la nuisibilité finale est étroitement liée aux cumuls de pluie enregistrés entre la mi-avril et la fin mai. Par conséquent, la nuisibilité finale pourra être du simple au double selon le climat à venir.
Rappelons qu’au stade 2 Nœuds, c’est la F2 définitive qui pointe. C’est pour cela que le seuil « septoriose » ne s’applique qu’à partir du stade 2 Nœuds (voir encadré).
• Le stade 2 Nœuds est atteint cette semaine autour du 20 – 25 avril pour la plupart des situations.
• Le stade Dernière Feuille Pointante sera atteint début mai et la dernière feuille sera étalée d’ici le 8 – 15 mai, selon les conditions climatiques à venir, la variété et la date de semis.
Figure 1 : Conditions météorologiques et prévisions de stades
Des variétés de plus en plus tolérantes
Avant toute chose, il faut bien prendre en compte la sensibilité variétale à la septoriose dans le raisonnement.
Les variétés cultivées aujourd’hui présentent des profils beaucoup plus tolérants que par le passé. Il faudra intégrer ces nouveaux éléments dans les différentes stratégies.
• Les variétés peu sensibles (notées 6.5, 7 et 7.5) représentent aujourd’hui pas loin de 30 % des surfaces cultivées : Chevignon, Fructidor, KWS Dakotana, Mutic, Filon, LG Absalon… En année moyenne, 1 à 2 passages suffisent généralement.
• Inversement, les variétés très sensibles (note de 4.5 et moins : Trapez, Pakito …) ne sont quasiment plus cultivées dans la région, alors qu’elles représentaient 30 % des surfaces en 2012. Historiquement, sur ces variétés la règle était de 3 passages systématiques, voire plus en cas d’année pluvieuse.
• Enfin, les variétés moyennement sensibles (notées 5, 5.5 et 6) sont assez fréquentes (Bergamo, RGT Sacramento, Rubisko …) et permettent avec l’appui des Outils d’Aide à la Décision un véritable ajustement des stratégies en fonction de l’année (2 à 3 passages et / ou ajustement des doses).
Figure 2 : Note de sensibilité à la septoriose des variétés de blé tendre
Quel risque septoriose en 2018 ?
Pour l’instant, la pleine montaison débute en conditions sèches, mais les prévisions météo annoncent potentiellement quelques pluies, variables selon le secteur géographique.
Il faudra surveiller les variétés moyennement sensibles semées précocement qui pourront atteindre le seuil de nuisibilité autour du stade Dernière Feuille Pointante. Celui-ci est attendu pour les situations les plus avancées autour du 28 avril – 5 mai.
Les semis plus tardifs (après le 20 octobre) et les variétés peu sensibles sont pour l’instant moins exposés, le risque devra être réévalué par la suite.
Tableau 1 : Prévisions du risque septoriose jusqu’au 27 avril 2018 (modèle Septo-LIS, données météorologiques arrêtées au 22 avril)
Risque vert : risque faible. La situation devra être réévaluée par la suite, en fonction des conditions météo à venir.
Risque orange : risque modéré. Intervention prévue d’ici 10 jours (en fonction des prévisions météo à venir), c’est à dire début mai (autour du stade DFP) pour les variétés moyennement sensibles semées tôt.
Quelle stratégie adopter ?
Pour la campagne en cours, le climat dans les prochaines semaines sera déterminant. Les conditions climatiques estivales actuelles devraient permettre une sortie des feuilles rapide et une faible propagation des spores sur les étages foliaires supérieurs.
Il n’est donc pas utile de systématiser un traitement à 2 nœuds.
En fonction des stades de déclenchement, le programme pourra être adapté :
• Pour les variétés moyennement sensibles, en cas de déclenchement au stade Dernière Feuille Pointante, un chlorothalonil pourra être appliqué pour attendre l’étalement de la dernière feuille. Attention à la rouille jaune qui fait son apparition ponctuellement sur variétés sensibles (Laurier, RGT Kilimanjaro, Lyrik, Boregar, Allez-Y). Une triazole pourra être ajoutée.
• On réservera l’application d’un produit à base de SDHI sur la dernière feuille étalée.
• Pour le reste des situations (variété peu sensibles, semis plus tardifs), la situation devra être réevaluée en fonction des conditions climatiques à venir, et potentiellement attendre la sortie de la dernière feuille.
L’utilisation d’un Outil d’aide à la décision tel que Septo-LIS, le Baromètre maladies en ligne, la consultation du BSV régional ou l’observation de la parcelle en utilisant les seuils de nuisibilité aidera à la prise de décision tout en s’adaptant aux différentes situations.
Retrouvez toutes nos propositions de programmes fongicides dans les guides « Choisir et Décider – Interventions de printemps 2017-2018 ».
Rappel des seuils d’intervention contre la septoriose
Au stade 2 Nœuds :
L’observation de la septoriose sur la F2 déployée du moment au stade 2 nœuds (qui correspond à la F4 définitive) permet de décider de la nécessité d’une intervention fongicide avant le stade dernière feuille étalée. Les seuils d’intervention contre cette maladie sont les suivants :
– Pour une variété sensible : déclenchement de l’intervention si plus de 20 % des F2 déployées du moment présentent des symptômes.
– Pour une variété peu sensible : déclenchement de l’intervention si plus de 50 % des F2 déployées du moment présentent des symptômes.
Au stade Dernière Feuille Pointante :
– Pour une variété sensible : quand 20 % des F3 déployées du moment touchées.
– Pour une variété peu sensible : quand 50 % des F3 déployées du moment touchées.
A partir de Dernière Feuille Etalée :
– La maladie devient nuisible dès qu’elle attaque au moins une des 3 dernières feuilles, d’où l’importance de veiller à les garder saines.
Elodie GAGLIARDI (ARVALIS – Institut du végétal)
Anne-Sophie COLART (ARVALIS – Institut du végétal)
Thierry DENIS (ARVALIS – Institut du végétal)