Avec près de 70 000 ha en 2019, voire plus en 2020, les surfaces d’orge de printemps ont plus que doublé en Bourgogne-Franche-Comté au cours des deux dernières années. Les conditions climatiques défavorables au cours des derniers automnes ainsi que les difficultés rencontrées sur l’itinéraire cultural du colza ont conduit à des transferts sur cette céréale de printemps dans une région historiquement brassicole.
Presque tout repose sur les conditions de semis
La date de semis est conditionnée par la date de ressuyage des sols et la possibilité d’exécuter une préparation superficielle en un minimum de passages. Suite à un hiver humide, il est souvent bénéfique d’attendre un ressuyage correct du sol plutôt que de vouloir semer à tout prix.
Le créneau de semis idéal pour l’orge de printemps dans la région se situe entre le 25 février et le 15 mars. Avant le 25 février, les semis peuvent être exposés à un coup de froid hivernal de fin d’hiver, alors que les graines sont en train de germer ou que la plante est encore peu vigoureuse. Inversement, les semis après le 15 mars (parfois nécessaires après un hiver humide), risquent de pénaliser la capacité de tallage de l’orge. Il faut donc penser, dans ce cas, à augmenter les densités de semis. De plus, un semis trop tardif peut décaler le cycle dans une séquence de jours échaudants pendant le remplissage des grains.
Les hauts rendements sur les orges à deux rangs sont souvent atteints avec des peuplements épis élevés. La densité de semis aura pour objectif d’installer un peuplement suffisant, mais sans être excessif, pour éviter la verse assez fréquente sur cette espèce et par conséquence la baisse du calibrage. Dans la régions, les recommandations de densités de semis pour une date de semis moyenne sont : 300 à 350 grains/m² en limons et 350 à 400 grains/m² en argilo calcaire plus ou moins caillouteux.
La variété la plus représentée en culture reste RGT Planet. Parmi les variétés plus récentes, le choix peut aussi s’orienter vers KWS Fantex, Fandaga, Focus, Lauréate, etc.
Incontournable : maîtriser la fertilisation azotée
Produire des orges de printemps brassicoles passe obligatoirement par l’obtention de calibrages élevés (plutôt supérieurs à 90 % au tamis de 2,5 mm) et de teneurs en protéines contenues (plutôt entre 10 et 11 %). Afin de respecter ces objectifs, tout repose en grande partie sur la maîtrise de la fertilisation azotée.
La dose totale d’azote prévisionnelle est calculée à l’aide de la méthode du bilan. Au niveau des besoins, retenir 2,5 unités/q de rendement prévu. Parmi les fournitures, faire une mesure du reliquat d’azote sortie hiver (RSH) car il est variable selon les situations, d’autant plus lorsqu’il y a eu un couvert pendant l’interculture.
Fractionner la dose (figure 1) en particulier en semis précoce, sur les sols superficiels ou avec un reliquat d’azote sortie hiver faible et lorsque la dose totale est supérieure à 120 unités/ha : 50 unités à la levée puis le solde courant tallage.
Figure 1 : Intérêt du fractionnement des apports d’azote sur orge de printemps – 2 apports vs 1 apport (18 essais 2001 à 2004)
Mieux, si le potentiel est au rendez-vous et pour ne pas « louper » la bonne année, piloter un troisième apport, en plus de la dose totale déjà épandue à l’aide de la méthode HNT extra développée par ARVALIS et YARA (figure 2).
Figure 2 : Pilotage du troisième apport d’azote sur orge de printemps
Dans tous les cas, veiller à n’apporter de l’engrais que s’il a toute chance d’être valorisé par 15 mm de pluies dans les 15 jours à venir.