Les températures douces de ces derniers jours sont favorables à l’activité des pucerons et des cicadelles. L’observation des parcelles doit donc être renforcée !
Douceur et peu de pluies : des conditions favorables aux pucerons
Pour rappel, quelques éléments relatifs à la JNO (le virus), aux pucerons (les vecteurs du virus) et aux céréales (les victimes) :
– Phase 1 : la contamination des parcelles par l’arrivée de pucerons ailés en provenance de zones refuges (couverts de graminées, repousses de graminées en cours de destruction par exemple). Ces vols sont possibles à partir de 12°C environ. L’absence de pluies est d’autant plus favorable aux vols. Plusieurs pucerons peuvent être vecteurs de la JNO mais Rhopalosiphum padi reste le plus fréquent.
– Phase 2 : les pucerons ailés porteurs du virus de la JNO vont le transmettre aux plantes en les piquant pour se nourrir. Le virus transmis va se multiplier dans la plante.
– Phase 2 bis : les ailés en profitent aussi pour se reproduire et donner une descendance sans ailes. Ces aptères sont indemnes de virus à leur naissance. C’est en piquant (pour se nourrir) une plante infectée par le virus qu’ils peuvent eux-mêmes devenir vecteurs.
– Phases 3 : le développement des aptères dans la parcelle. Ce développement va être dépendant des conditions de températures. Plus il fait doux, plus il est important. Avec des températures inférieures à 3°C, les pucerons ne sont pas actifs mais ils peuvent survivre ! Au laboratoire, le seuil de mortalité significative est bien plus bas : entre -5 et -12°C en fonction des espèces. Les pluies affectent peu la prolifération et la dissémination des pucerons aptères dans les parcelles dès lors que les températures restent douces.
La douceur des derniers jours a été favorable à l’arrivée des ailés dans les parcelles et la multiplication des aptères déjà en place sur les plantes. Cette douceur l’a été également pour les cicadelles.
Figure 1 : Températures et précipitations moyennes enregistrées entre le 1er septembre et le 10 novembre 2020 sur quatre stations météo de la région (comparaison aux températures moyennes des 10 dernières années)
Un seul mot d’ordre : renforcer l’observation des parcelles
La fréquence de plantes habitées dans la parcelle reste le seul indicateur pertinent pour l’analyse de risque. Vis-à-vis des cicadelles vectrices de la maladie des pieds chétifs, la situation est différente : le piégeage permet leur surveillance et constitue un indicateur de risque.
Sur les parcelles de variétés d’orge tolérantes à la JNO, la surveillance des pucerons est inutile. Il faudra par contre être vigilant vis-à-vis des cicadelles.
Sur jeune plante, les pucerons sont assez facilement visibles sur les feuilles à condition de respecter quelques règles pour l’observation :
• Où ? Privilégiez les zones à risque de vos parcelles : proches des haies ou de réservoirs potentiels tels que des bandes enherbées, jachères, maïs…
• Comment ? Recherchez la présence de pucerons sur des séries de 10 plantes (plusieurs lignes de semis).
• Quand ? Privilégiez si possible les conditions ensoleillées, durant les heures les plus chaudes de la journée (fin de matinée et début d’après-midi). Tôt le matin ou en conditions froides et pluvieuses, les pucerons sont beaucoup plus difficiles à voir car ils sont souvent positionnés à l’insertion des feuilles ou au pied des plantules
Les publications du bulletin de santé du végétal, les messages et observations des organismes économiques et de développement sont des sources d’information précieuses pour connaître l’évolution du risque.
Intervenir si les niveaux de risque sont atteints
Il est recommandé d’intervenir quand la présence de puceron(s) est observée dans la parcelle pendant plus de 10 jours ou dès lors que 10 % des plantes sont porteuses de pucerons.
Seules les feuilles présentes sont protégées, une réintervention peut parfois être nécessaire. Dans ce cas-là, alterner les sous-familles des pyréthrinoïdes. Cela peut contribuer à abaisser le risque de développement d’une résistance (les sites de fixation des substances actives diffèrent légèrement).
Les niveaux de recommandation (10 % de plantes porteuses ou présence pendant plus de 10 jours) sont valables pour décider d’une réintervention.
N’oubliez pas les cicadelles !
L’activité de la cicadelle Psammotettix alienus, vectrice du virus responsable de la maladie des pieds chétifs (WDV) est aussi étroitement liée aux températures et aux journées ensoleillées. Les situations les plus à risques sont les levées les plus précoces, la présence de repousses de graminées dans les parcelles voisines, les zones bien exposées au soleil ou bien abritées (bordées de haies, de bois…), à proximité d’une parcelle dans laquelle il y a eu récemment un retournement des repousses (déplacement des cicadelles). La lutte contre les cicadelles passe avant tout par l’observation des parcelles, les plus à risque étant prioritaires. L’intervention est conseillée quand le nombre total des captures hebdomadaires dépasse la valeur de 30 cicadelles Psammotettix alienus ou bien dans le cas d’un suivi bihebdomadaire, lorsqu’il est observé une différence d’une vingtaine de captures entre 2 relevés (accroissement de l’activité des cicadelles). Une observation directe des cicadelles sur la parcelle peut également être pratiquée lors d’une période ensoleillée, la plus chaude de la journée. En parcourant la parcelle à différents endroits, si une forte activité est observée (observation sur 5 points de la parcelle faisant sauter devant soi au moins 5 cicadelles pour chaque point), le traitement est conseillé.