Céréales immatures : comment les récolter ?

grain-mais-communication (4)_576x384Les conditions climatiques du printemps 2016 risquent d’entraîner dans de nombreuses exploitations d’élevage un déficit fourrager. Pour y faire face, selon les besoins du troupeau, une partie des surfaces de céréales peut être revalorisée en fourrage. Comment réussir le chantier d’ensilage de céréales immatures ?

A quel stade ensiler des céréales ?

Une récolte à 35 % de matière sèche est préconisée. Ce stade n’est pas choisi pour maximiser la valeur nutritive (UFL, PDI) ou le rendement à l’hectare, mais pour optimiser la conservation par ensilage de ce fourrage difficile à tasser. A ce stade, le grain est laiteux-pâteux, la paille est encore verte autour des nœuds, mais la plante évolue très vite. Il n’est donc pas toujours facile à respecter précisément.

Quelle machine pour récolter des céréales immatures ?

La récolte s’effectue à l’ensileuse automotrice, si possible en coupe directe. Si la céréale n’est pas versée, l’équipement de becs maïs rotatifs (type kemper) convient parfaitement : il permet une alimentation continue et donc un hachage très régulier. Les barres de coupe de moissonneuses-batteuses adaptées sur des ensileuses conviennent pour les céréales, même versées, et pour les associations de céréales et de protéagineux. Ccette solution, qui permet de bénéficier des rabatteurs et si besoin de releveurs, est courante en Allemagne et au Danemark ; des entrepreneurs de travaux agricoles se sont maintenant équipés en France. Des coupes spéciales pour céréales immatures font leur apparition sur le marché.

La récolte en deux temps, fauche suivie du ramassage au pick-up, est déconseillée car elle occasionne des pertes et augmente la teneur en matière sèche.

Le réglage de la longueur de coupe peut aller de celui préconisé pour l’ensilage d’herbe (15 à 25 mm) jusqu’à celui adapté au maïs (7-8 mm) ; l’important, c’est que les couteaux soient bien affûtés pour une coupe nette. A ce stade, un éclateur de grains est inutile.

Comment réussir la confection du silo ?

Ce type de fourrage est difficile à tasser : la porosité entre les brins et dans les entre-nœuds des pailles enferme beaucoup d’air dans le silo. Il faut donc privilégier la rapidité de fermeture du silo à la fin du chantier, en étant pointilleux sur l’herméticité et le lestage de la bâche par tout ce qui peut rappuyer les couches supérieures (sable, sacs de sable…).

La céréale ensilée occupe plus de place que le maïs : 150 à 180 kg de matière sèche par mètre cube. Les fermentations de l’ensilage se passent bien, car la composition de ce fourrage est très bien adaptée : pas de jus, beaucoup de sucres. Le problème, c’est que les bonnes fermentations lactiques peuvent tarder à démarrer à cause de l’air enfermé dans le silo. Tant qu’il subsiste de l’oxygène dans le silo, pendant quelques jours, des moisissures peuvent se multiplier et se manifester plus tard, à l’ouverture : plus la récolte a lieu à un stade avancé, plus le silo est confronté à ce risque.

Dernière recommandation : prévoir un silo suffisamment long et étroit pour que le front d’attaque avance rapidement – 15 à 20 cm par jour en hiver, 20 à 30 cm par jour en période chaude – afin d’éviter une reprise de l’activité microbienne.

Comment réussir l’ensilage d’une céréale à un stade avancé (plus de 35 % MS) ?

Pendant le remplissage des épis, la teneur en matière sèche peut augmenter de plus d’un point par jour… Il faut donc s’adapter à un dépassement de l’objectif visé.

On peut tout d’abord mettre en service l’éclateur de grains, réglé à l’écartement de 2 mm.

S’il existe dans la région une machine à « engainer des silos boudins », on peut aussi, à partir de 40 % de matière sèche, recourir à cette technique qui permet une densité plus forte et homogène.

Au-delà de 40-45 % de matière sèche (grains bien remplis et durs), l’emploi d’un conservateur efficace contre le développement de moisissures est une sécurité indispensable : utiliser l’acide propionique (compter 30 litres par hectare) ou un conservateur solide « spécial maïs ».

Le conservateur ou l’engainage sont des techniques coûteuses, dont l’intérêt doit être évalué au cas par cas, en tenant compte du supplément de rendement et de valeur alimentaire lié à une récolte plus tardive.

Une autre technique efficace consiste à incorporer régulièrement de l’urée dans l’ensilage de céréales plante entière (à raison de 40 kg par tonne de matière sèche) : la conservation de type « ensilage » est remplacée par une conservation sous atmosphère d’ammoniac.

Sabine BATTEGAY, Pascal KARDACZ (ARVALIS – Institut du végétal)

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