L’absence de pluies depuis une vingtaine de jours est très défavorable au développement de la septoriose. Compte tenu de la fréquence des variétés très résistantes cultivées dans la région, le « T1 anti-septo » devrait véritablement devenir « non systématique ».
Dans un objectif d’ajustement des programmes de lutte – fongicide et biocontrôle – contre la septoriose, il est important de connaître précisément le niveau de résistance à cette maladie des variétés de blé présentes dans son assolement. L’enjeu est d’environ 50 €/ha.
Au sommaire : • Erosion des résistances variétales : un phénomène « normal »
• Des notes de résistance régulièrement mises à jour
• Quelle stratégie pour le « T1 anti-septo » cette année ?
Erosion des résistances variétales : un phénomène « normal »
Preuve incontestable du progrès génétique, les producteurs n’ont jamais eu accès à autant de variétés de blé hautement résistantes à la septoriose, très productives et répondant à de nombreux critères technologiques… Elles sont donc largement développées à l’échelle nationale. C’est également le cas en Champagne-Ardenne : environ 60 % des variétés sont très résistantes à la septoriose (figure 1).
Figure 1 : Evolution du panel variétal blé (Champagne) et notes de résistance septoriose
Revers de la médaille, et phénomène tout à fait « classique et normal », la résistance de certaines variétés très cultivées peut s’éroder progressivement au fil du temps. Toutes les « grandes variétés » de blé connaissent assez souvent le même destin. Rubisko est un des exemples récents les plus emblématiques.
Le mode de reproduction sexué de la septoriose lui assure une diversité et un brassage génétique important. De fait, l’érosion de la résistance à ce pathogène peut se faire progressivement, à la différence des rouilles où une variété peut être rapidement contournée une année donnée dans différents territoires.
Mieux comprendre le fonctionnement du champignon pour construire des résistances durables
La vitesse d’érosion de la résistance à la septoriose dépend de la richesse des fonds génétiques des variétés. Les variétés disposent généralement d’une combinaison de gènes de résistance, chaque gène ayant un niveau plus ou moins fort d’efficacité contre la maladie, leur conférant un certain niveau total de résistance.
Plus le nombre de gènes présent dans une variété sera important et plus leurs effets seront quantitativement variés, plus il sera difficile pour la septoriose de s’adapter et l’érosion de la résistance de la variété en question sera ralentie. Par conséquent, l’utilisation de gènes à effet fort, lorsqu’ils ne sont pas combinés à d’autres gènes de résistance, s’accompagne souvent de contournements rapides, comme cela a été observé pour de nombreuses autres maladies.
Les équipes d’ARVALIS, de l’INRAE, en partenariat avec Florimond Desprez et RAGT, travaillent actuellement sur cette thématique complexe. Objectif : construire des résistances variétales encore plus efficaces et surtout plus durables.
Cultiver au moins 4 variétés de blé différentes
De façon pragmatique, pour ne pas accélérer les changements de comportement des variétés face à la septoriose, nous invitons les agriculteurs à valoriser le progrès génétique en introduisant régulièrement de nouvelles variétés de blé dans leurs assolements.
Entretenir une certaine diversité génétique en cultivant plusieurs variétés au sein de son exploitation (4 variétés minimum) contribue à préserver la durabilité des résistances variétales.
Des notes de résistance régulièrement mises à jour
Le niveau de résistance à la septoriose conditionne en grande partie l’investissement fongicide sur blé. Les programmes proposés dans nos documents « Choisir et décider – interventions de printemps » sont construits selon cette logique de résistance variétale.
Il est donc primordial de bien connaître les notes de résistance des variétés, qui peuvent être révisées d’une année à l’autre en fonction des érosions observées.
Le tableau 1 présente un état des lieux de l’évolution des « cotations septoriose » entre 2018 et 2020 pour les principales variétés de blé cultivées en Champagne.
Tableau 1 : Evolution des notes de résistance à la septoriose des principales variétés de blés cultivées en Champagne – classement par ordre alphabétique
En GRAS, les variétés les plus cultivées en Champagne en 2020 (source surfaces Farmstar)
(1) Source des données NOTE DE RESISTANCE : CTPS/GEVES (variétés inscrites au cours de l’année) et ARVALIS – Institut du végétal (variétés étudiées en Post-Inscription)
Quelle stratégie pour le « T1 anti-septo » cette année ?
L’absence de pluies depuis une vingtaine de jours est très défavorable au développement de la septoriose. En l’absence de précipitations, les contaminations ne peuvent pas progresser vers le haut de la plante (montée de la maladie d’un étage foliaire à l’autre). De plus, les nouvelles feuilles émises par ce temps sec sont indemnes de contaminations.
Par ailleurs, compte tenu de la fréquence des variétés très résistantes cultivées actuellement (60 % des situations), le « T1 anti-septo » devrait véritablement devenir « non systématique ».
L’analyse des essais pluriannuels ARVALIS démontre que, dans une optique de lutte contre la septoriose, le T1 n’est justifié et rentable (seuil économique de 3 q/ha) que :
– dans 27 % des cas, toutes sensibilités variétales confondues,
– dans 3 % des cas pour les variétés très résistantes (notes septoriose >=6,5).
Avec un taux de fiabilité de 91 %, l’utilisation d’outil d’aide à la décision (Septo-LIS®) demeure le meilleur moyen de déterminer le positionnement idéal du T1 anti-septo. L’enjeu est d’environ 2 q/ha. L’outil peut également proposer de faire une impasse (économie de 40-50 €/ha).
Pour mémoire, en matière de lutte contre la septoriose, le traitement pivot se situe autour du stade dernière feuille étalée, et se prolonge généralement à épiaison/floraison. Là aussi, le modèle Septo-LIS® indique l’intérêt du renouvellement d’une intervention anti-septo.