Chute récente des températures : savoir diagnostiquer des éventuels dégâts

gelee_ble_tendreCes derniers jours, les températures matinales ont chuté localement en-dessous de -4 ou -5°C (température sous abri), sur des cultures qui, localement, approchent ou dépassent le stade épi 1 cm. Il est donc possible d’être arrivé en limite de résistance au froid de certaines cultures.

Sur une petite moitié nord de la France, les températures sont descendues en deçà de -4°C, notamment la nuit du 16 au 17 février. Comme déjà évoqué dans de précédents articles, la résistance des plantes diminue progressivement au fur et à mesure que les cultures arrivent en fin de tallage et approchent du stade épi 1 cm. A partir de ce stade, le seuil « d’alerte » en général retenu est de -4°C (température sous abri) ; cela s’explique, d’une part, par la perte de résistance « cellulaire » (perte de capacité d’endurcissement, apex de plus en plus actif et gorgé en eau), et d’autre part, par l’élévation de l’épi au-dessus de la surface du sol (perte de l’effet de tampon thermique fourni par le sol) (figure 1).


Figure 1 : Lien entre la hauteur de l’épi dans la tige lorsque de l’épisode de gel et la part de tiges détruites

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Les secteurs où la température a chuté significativement (entre -4 et -6,5°C d’après notre réseau de stations météo) ces derniers jours sont la Picardie, l’Ile-de-France, la Champagne, la Haute-Normandie et le nord de la Beauce, voire localement en Pays-de-Loire. Parmi ces zones, seules les dernières mentionnées ont des parcelles où le stade épi 1 cm est proche ou dépassé, dans le cas de semis et/ou de variétés précoces. Plus au Nord, les stades sont moins avancés, donc les risques sont pratiquement nuls.

Surveiller les symptômes

Dans l’hypothèse (peu probable) d’un réel dégât de gel sur des cultures proches d’épi 1 cm (c’est-à-dire sur des parcelles assez précoces), les premiers symptômes devraient alors apparaître sur les limbes (desséchement partiel) ; le maître-brin pourrait même dépérir, mais au profit de la reprise de croissance de talles.

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Photo 1 : plantes de blé touchées par le gel : les limbes sont desséchés.
A la loupe, l’apex apparaitrait blanchâtre et desséché (plutôt que translucide et turgescent).

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Photo 2 : apex de blé bien différencié détruit par le gel : il apparaît blanchâtre et légèrement flétri.
L’impact final sur le rendement est très difficile à cerner et évidemment dépendant de la suite de la campagne : sans doute moins de 20 % pour des parcelles significativement touchées.

Jean-Charles DESWARTE (ARVALIS – Institut du végétal)

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