Depuis 2014, une étude conduite en Poitou-Charentes permet d’en savoir un peu plus sur la technique d’irrigation par goutte à goutte, de surface ou enterré, sur maïs. Retour sur les premières conclusions.
Jusqu’ici, une seule expérimentation avait été réalisée sur l’irrigation par goutte à goutte par l’IRSTEA de Montpellier, indiquant une économie d’eau de 10 à 15 % par rapport à l’aspersion. L’étude menée par ARVALIS – Institut du végétal en terres de groies vient apporter quelques précisions sur les performances de ces systèmes, en comparant l’aspersion. et le goutte à goutte de surface. Différentes modalités ont été testées : régime hydrique limitant à fortement restreint et régime azoté limitant ou non limitant. Le goutte à goutte enterré à 30 cm de profondeur a également été testé mais sur un nombre de modalité plus restreint compte tenu des contraintes d’installation d’un tel dispositif en terres de groies.
Concernant les volumes d’irrigation, ils ont été globalement équivalents entre les 3 systèmes. En 2014, dans un contexte de faible déficit hydrique, la dose optimale s’est élevée à 160 mm. En 2015, le déficit hydrique a atteint un niveau dépassé seulement deux années sur dix et dans ce cas, un apport d’eau de 240 mm a été nécessaire.
L’importance de maîtriser la conduite du système
En comparant l’irrigation par aspersion au goutte à goutte de surface, les résultats sont très variables d’une année sur l’autre ; ils montrent que maîtriser la conduite du système d’irrigation est essentiel pour optimiser les performances, plus que le matériel en lui-même.
Ainsi, en 2014, en régime non limitant, les rendements étaient comparables entre aspersion et goutte à goutte de surface. En conduite restrictive, les rendements obtenus avec l’aspersion étaient inférieurs de 10 à 15 q/ha par rapport au goutte à goutte de surface. En cause : le mode de gestion de la restriction hydrique avec un déclenchement tardif de l’irrigation par aspersion alors que les besoins en eau entre 10 et 15 feuilles ont augmenté fortement de manière soudaine.
En 2015, en régime non limitant, l’irrigation par aspersion a eu l’avantage, avec 16 q/ha en plus qu’avec le goutte à goutte de surface. Bien que le rythme d’apport ait été identique sur les deux – de 5 mm/jour, il a en effet été insuffisant dans le cas du goutte à goutte de surface lorsque les besoins en eau de la culture ont augmenté. De plus, les apports étaient anticipés de quelques jours dans le cas de l’aspersion.
En régime restrictif, les rendements étaient supérieurs de 6 à 8 q/ha dans les parcelles irriguées par aspersion.
Côté l’efficience de l’alimentation azotée, pas d’écarts significatifs observés entre les deux systèmes.
Figure 1 : Réponse du rendement à l’irrigation en 2014 et 2015 pour les systèmes goutte à goutte de surface et aspersion optimisée
Goutte à goutte : surface vs enterré
En comparant les deux systèmes goutte à goutte, une différence de 10q/ha est observée en faveur du goutte à goutte de surface. Le dispositif goutte à goutte enterré apparaît donc moins performant pour faire face aux besoins en eau de la culture, mais aussi assurer l’alimentation azotée, notamment en 2014 où les conditions étaient défavorables à l’absorption immédiate de l’azote apporté à 7-8 feuilles (18 mm de pluie au cours des 26 jours suivant l’apport). Autre inconvénient de ce système testé en sol caillouteux, la mise en œuvre contraignante, liée à la création de tranchées pour positionner les tuyaux en profondeur, qui entraîne un surcoût important.
L’évaluation se poursuit en 2017 et 2018 avec une automatisation des apports d’eau en goutte à goutte
Les connaissances progressent donc sur le goutte à goutte, mais d’autres aspects que ceux étudiés dans l’expérimentation, devront aussi être pris en compte avant de conclure sur son intérêt : rentabilité effective du système, consommation énergétique, main d’œuvre nécessaire, utilisations spécifiques envisageables (en bord de champ, en cas de vent fort, à proximité des habitations…),…
Pour compléter ces résultats, un autre essai a été mis en place en 2015 sur le site ARVALIS – Institut du végétal de Saint Exupéry (69) avec des sols de graviers profonds. A suivre.
Alain BOUTHIER, Jean-Louis MOYNIER (ARVALIS – Institut du végétal)
Mots-clés: