Maïs : une croissance débridée après un démarrage au ralenti

Après un démarrage lent, les températures très élevées du 20 mai au 25 juin ont eu un effet d’accélérateur, rarement vu, sur la vitesse d’enchaînement des stades et la croissance. Les maïs semés précocement entrent en floraison avec 5 à 15 jours d’avance par rapport à une année médiane. Sous réserve qu’elles aient disposé d’un minimum d’eau, les cultures se présentent bien. Retour sur les faits les plus marquants de début de cycle.

 

Des semis précoces mais un démarrage lent

Les surfaces de maïs semées au printemps 2017 sont en légère baisse par rapport à l’an dernier et atteignent environ 2,7 millions d’hectares.

Les semis ont débuté fin mars et ont été majoritairement réalisés entre le 5 et le 25 avril à la faveur d’une grande séquence sans pluie. Dès mi-avril, plus de 55 % des surfaces étaient semées contre 10 % en 2016.

Les dessèchements de sols en surface, qui se sont accentués au fil des jours, ont causé quelques hétérogénéités de levée et des échecs de désherbage de prélevée.

Les températures très froides de la fin du mois d’avril, avec quelques gelées en zones continentales, ont bloqué les plantes ou les levées selon les dates de semis. Cette séquence souffreteuse a exposé les plantules aux dégâts de corbeaux, d’oscinies et de géomyzes, notamment au nord de la Loire, et a favorisé le développement des liserons. Si de rares situations de semis très précoces ont conduit à des resemis, les cultures sont reparties sans conséquences sur le rendement.

Les pluies de début mai et la remontée des températures au cours de la deuxième décade de mai ont assuré les dernières levées et relancé la trajectoire des développements. Elles ont permis les dernières interventions de désherbages de postlevée et du 2e apport d’azote.

Plusieurs orages, ont localement et ponctuellement tempéré les inquiétudes quant aux risques de déficits hydriques suite à un hiver relativement sec (cartes 1 et 2) qui a succédé à une fin d’été et automne 2016 exceptionnellement chauds et secs.

Les orages de la dernière semaine de juin accompagnés localement de coups de vent violents ont hélas provoqué des dégâts de verse, notamment dans le Sud-Ouest et en Auvergne. Cela fera l’objet d’un prochain article.


Carte 1 : Cumul de précipitations en mm entre le 1er novembre 2016 et le 31 mars 2017

Carte 2 : Ecart de cumul de précipitations en mm entre 1er novembre 2016 et le 31 mars 2017 avec une année médiane (1997 à 2016)

Un rattrapage époustouflant

Les maïs présentaient au 10 mai globalement du retard : les sommes de températures étaient alors inférieures aux médianes de -20 degrés-jours dans le Sud-Ouest à -80 degrés-jours en Alsace. Les séquences de températures caniculaires qui ont débuté dès la 2e décade de mai ont ensuite complètement inversé le bilan au 25 juin, avec fin juin de nombreuses parcelles en floraison. Les sommes de températures sont actuellement supérieures de 50 à 80 degrés-jours (cartes 3 et 4), et se situent selon les régions entre le 8e décile (proches des 2/10 années les plus chaudes) et les valeurs maximales des 20 dernières années, souvent comparables à celles de 2015. Il en est de même pour les ETP (évapotranspirations potentielles). Quant aux rayonnements, ils atteignent des valeurs inégalées.


Carte 3 : Ecart de cumuls de degrés-jours (seuil 6-30°C) de l’année 2017 avec la médiane historique (1997-2016) entre le 26 mars et le 25 juin

 

Carte 4 : Ecart de cumuls de degrés-jours (seuil 6-30°C) de l’année 2017 avec la médiane historique (1997-2016) entre le 16 avril et le 25 juin

Des potentiels prometteurs, mais des semaines à venir décisives

Les cumuls de précipitations, répartis essentiellement début mai se situent, à des effets d’orages près, entre le 2e décile et la médiane des 20 dernières années.

Au cours du mois de juin, les précipitations n’ont pas suffi à combler les ETP (cartes 5 et 6). Dans les sols profonds, les déficits hydriques ont commencé à affecter la croissance vers le 20 juin, avec des conséquences sur les élongations des derniers entrenœuds. En revanche, en sols superficiels, les irrigations ont dû débuter dès le début du mois de juin. Les ETP très élevées à partir du 10 juin ont localement conduit à intensifier les arrosages, lorsque cela était possible, pour couvrir les besoins et maintenir les réserves en eau du sol à des niveaux acceptables pour aborder la phase de mise en place des grains. Dans les situations ou les besoins en eau ont pu être couverts, les maïs présentent de bons états de croissance. Toutefois, les possibilités de valoriser ces potentiels restent tributaires des ressources en eau : des restrictions existent déjà, tant du fait d’arrêtés préfectoraux de pompage en rivières et nappes, que de remplissage des retenues (remplies entre 30 et 70 % selon les régions). Les pluies des semaines qui viennent seront décisives. Celles des 10 derniers jours constituent déjà une réelle aubaine pour la culture.

Carte 5 : Cumul de précipitations en mm entre le 1er avril et le 25 juin 2017

Carte 6 : Bilan hydrique potentiel estimé par « pluies-ETP » en mm du 26 mai au 25 juin

Josiane LORGEOU, Julie CALLENS et Gilles ESPAGNOL (ARVALIS – Institut du végétal)

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