Implanter une nouvelle culture dans son assolement constitue aujourd’hui une option résolument stratégique. Elle peut revêtir un caractère défensif – pour juguler une pression parasitaire forte – ou offensif – pour créer de la valeur ajoutée.
Limiter les risques agronomiques ou climatiques
Des adventices résistantes qui envahissent les parcelles, un nombre de traitements insecticide qui augmente, des maladies du sol qui réduisent drastiquement les rendements et interdisent certaines cultures : le système traditionnel, fait de rotations courtes, est parfois mis en difficulté.
Diminuer la pression des bioagresseurs impose l’allongement des rotations et l’introduction de nouvelles cultures. L’alternance des cycles de culture est utilisée pour perturber les adventices, les maladies et les ravageurs.
A ces contraintes agronomiques s’ajoutent les à-coups du climat. Les systèmes de culture les plus spécialisés se découvrent particulièrement vulnérables. Citons par exemple l’hiver froid de 2012 avec le gel généralisé des colzas et de certaines céréales d’hiver en Lorraine, ou encore le printemps exagérément pluvieux 2016 et ses conséquences sur les céréales… Diversifier les cultures est une façon de répartir les risques. Les nouvelles cultures se testent parfois dans l’urgence, en remplacement d’une culture détruite. Elles peuvent ensuite trouver leur place de façon plus stable dans les exploitations.
Créer de la valeur ajoutée
Quand les rendements sont faibles ou les surfaces disponibles restreintes, la réduction des coûts de production pour faire face à des prix peu rémunérateurs peut atteindre une limite. Une stratégie alternative consiste à rechercher plus de valeur ajoutée sur l’exploitation grâce à des productions mieux valorisées. La diversification répond alors aux besoins d’un marché local, d’une filière spécialisée, d’un mode de production, de transformation ou de commercialisation alternatif.
La recherche d’autonomie et de démarquage dans les filières animales est un autre moteur d’évolution pour les successions de culture. Elle se raisonne à l’échelle d’une exploitation agricole ou d’un territoire. L’introduction de cultures fourragères pluriannuelles facilite l’allongement des rotations, les ruptures sanitaires et l’augmentation de l’activité biologique des sols. La recherche de filière « sans OGM » ouvre des portes aux cultures protéagineuses.
Diversifier, ce n’est pas nécessairement rechercher l’exotisme !
Introduire du blé en rupture dans les exploitations maïsicoles d’Alsace ou insérer du tournesol dans les systèmes colza-blé-orge de Lorraine sont des exemples de diversification. En repensant les systèmes alimentaires des exploitations de polyculture-élevage, il est possible d’inclure à nouveau des prairies dans les parcelles qui étaient dédiées aux cultures et de retrouver un potentiel de rendement qui a pu s’éroder au fil des temps.
On peut néanmoins se tourner vers des filières spécialisées, notamment dans la production de semences : leurs besoins en hausse les conduisent à proposer de nouveaux contrats. Enfin, il est possible d’introduire des cultures moins étudiées, en acquérant progressivement un savoir-faire et des références : cela peut résulter d’une stratégie individuelle, avec des débouchés en circuit court, ou d’un projet collectif.
Le tableau 1 propose une grille de réflexion pour orienter les choix.
Tableau 1 : Exemple de grille d’analyse des principaux éléments à évaluer avant de démarrer une nouvelle culture
Irène FELIX (ARVALIS – Institut du végétal)