Des destructions tardives du couvert avant maïs sont possibles. Elles apportent dans certaines situations des bénéfices inattendus. L’essentiel est de ne pas compromettre la levée et le rendement de la culture.
Les dates de destruction du couvert avant maïs peuvent être retardées jusqu’à avril, soit à cause des conditions climatiques, soit volontairement afin de maximiser certains de leurs bénéfices agronomiques. Lorsque l’objectif est de piéger le nitrate et de limiter sa lixiviation hivernale, il n’y a pas d’intérêt à retarder leur destruction au-delà de mi-novembre. Allonger la période de couverture du sol apporte par contre une meilleure préservation des sols sensibles à la battance, à l’érosion, ou à la reprise en masse, ainsi qu’une compétition plus longue sur les adventices.
Plus la destruction du couvert est tardive (faible délai destruction-semis), plus l’impact du couvert peut être fort sur le rendement du maïs, avec des effets dépressifs en particulier avec les graminées détruites tardivement. En revanche, des gains de rendement assez élevés ont parfois été observés avec des légumineuses seules ou associées détruites tardivement, en particulier lorsque le maïs n’était pas fertilisé.
Cependant, dans le contexte de l’hiver 2016-2017, il convient d’être vigilant avec la réserve en eau des sols, qui n’est pas forcément revenue à la capacité au champ dans les sols profonds. Dans les régions peu ou moyennement arrosées depuis l’été dernier, le maintien d’un couvert vivant ce printemps peut être un handicap pour la levée du maïs.
Des essais menés avec différentes espèces de couverts
ARVALIS – Institut du végétal a mené trois essais en 2012-2013 (limon argileux à Gaillac-81 ; limon sablo-argileux à Artigueloutan-64 ; limon argileux à Boigneville-91) et un en 2013-2014 (limon argileux à Gaillac-81). Différentes espèces de couverts ont été semées (seigle, navette, phacélie, féverole d’hiver, trèfle incarnat). Elles ont été implantées de fin août à début septembre (sauf à Artigueloutan fin octobre derrière maïs grain) et détruites à trois dates en novembre, février et avril.
Le maïs a été semé en direct à Boigneville, sur travail superficiel à Gaillac et sur labour à Artigueloutan. La fertilisation azotée est restée identique quels que soit le couvert et sa date de destruction. Les essais ont été volontairement sous-fertilisés (dose prévisionnelle calculée selon la méthode des bilans moins 50 à 80 kg N/ha).
Pas d’écart de rendement quelle que soit la date de destruction
Les résultats indiquent que le report de la date de destruction du couvert de novembre à février a peu d’impact sur la biomasse produite et l’azote absorbé par les couverts (températures hivernales peu propices à une croissance significative du couvert). Seule une destruction en avril a permis aux deux types de légumineuses du couvert de continuer à se développer. Pour les autres espèces, l’azote disponible peut être un facteur limitant leur croissance. Les quantités d’azote absorbées par les légumineuses sont d’ailleurs nettement plus élevées (en particulier celles détruites en avril) que pour les autres couverts.
Autre paramètre étudié, le remplissage de la réserve en eau sur le site de Gaillac : aucun écart n’a été observé entre les espèces du couvert ou entre les destructions de novembre et février. En revanche, il manquait environ 15 mm d’eau dans le sol sur l’horizon 0-120 cm pour la destruction d’avril (pour une augmentation de biomasse des couverts de 1,0 à 1,5 t MS/ha). Cette valeur est assez faible mais pas forcément négligeable en cas de situation hydrique très limitante.
La levée du maïs a été légèrement pénalisée derrière tous les couverts détruits en février ou avril pour les trois essais implantés en semis direct ou sur travail superficiel, avec des accidents parfois constatés (qualité du lit de semence, attaques de limaces).
Jérome LABREUCHE (ARVALIS – Institut du végétal)
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