Depuis quelques jours, des jaunissements s’observent dans les parcelles d’orge d’hiver, notamment en région Centre-Val de Loire, Champagne-Ardenne et Poitou-Charentes. Les premiers retours d’analyses de notre laboratoire de Grignon indiquent qu’il s’agit du virus de la mosaïque jaune de l’orge (BaYMV).
Les zones touchées se répartissent en foyers de plusieurs dizaines/centaines de m² semblant s’allonger avec le sens du travail du sol. Les plantes au sein des zones touchées sont tassées, chétives et plusieurs étages foliaires présentent des symptômes de jaunissement.
Un début de campagne favorable à cette virose
Cette virose est favorisée par un automne doux permettant au vecteur (micro-organismes du sol) de coloniser le système racinaire, suivi d’une longue période de froid hivernal. Les conditions de cette campagne 2016-2017 sont favorables à l’expression des symptômes de mosaïques.
En général, les symptômes observés précocement persistent, puis s’estompent durant la montaison. A ce stade, ils prennent la forme de tirets chlorotiques répartis irrégulièrement et parallèles aux nervures des feuilles, avec un nanisme de la culture. Le système racinaire est également souvent réduit.
La confirmation du diagnostic se fait par analyse virologique au laboratoire.
Une nuisibilité proche de 12 q/ha !
La mosaïque jaune de l’orge (BaYMV – Barley Yellow Mosaic Virus) – pathotype 1 ou Yr1 – a été détectée en France en 1974 à Reims. Les pertes de rendement pouvaient atteindre 50 % et la maladie provoquait des problèmes de qualité brassicole. Dans les années 1980, les premières variétés résistantes à ce pathotype 1 sont inscrites. En 2000, toutes les variétés sont résistantes, le pathotype Yr1 régresse.
Les premières alertes sur le pathotype 2 démarrent au début des années 1990. Les symptômes paraissent impressionnants mais la nuisibilité est alors considérée comme très faible ou nulle. Quelques variétés d’orge d’hiver fourragères sont résistantes, mais aucune brassicole… En 2009 et 2010, où la mosaïque est particulièrement présente dans les orges, la coopérative Axéréal met en évidence en Champagne Berrichonne des nuisibilités supérieures à celles admises jusque-là. Une vingtaine de partenaires (instituts, semenciers, coopératives…) décident alors de lancer un projet de recherche pour caractériser les pathotypes de mosaïque sur orges et mesurer leur impact sur le rendement et la qualité brassicole.
Les premiers résultats montrent une nuisibilité moyenne de 12 q/ha (soit – 20 %), avec des pertes de rendement allant de 0 à 45 q/ha selon les essais et les années (figure 1). Ces pertes dépendent de l’intensité de l’attaque, des conditions météo de l’année favorables ou non à des compensations des cultures (amplification si stress hydrique durant la montaison).
Le nombre d’épis par m² semble fortement affecté, sans compensation sur la fertilité, le nombre de grains par m² est donc réduit. Le PMG et le calibrage ne sont pas systématiquement affectés. Pas d’effet de concentration sur la teneur en protéines.
Figure 1 : Ecart de rendement (en q/ha) entre zone saine et zone contaminée de parcelles agricoles d’orge d’hiver (54 essais de 2009 à 2014)
Les résultats complets du projet CASDAR « Mosaïques de l’orge » (2013-2016) seront présentés lors du colloque orge brassicole, le 13 avril 2017, y compris l’impact de cette maladie sur la qualité brassicole des orges.
Michel BONNEFOY, Alexis DECARRIER, Luc PELCE (ARVALIS – Institut du végétal)
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