Malgré des fluctuations au cours des trois derniers mois, le bilan thermique depuis les semis est excédentaire : une fois encore, les cultures sont développées pour Noël.
Des conditions de levées très variables selon les secteurs et les types de sol
La période plutôt sèche et chaude de fin octobre a pu pénaliser certaines périodes de semis ; les semis antérieurs ont souvent pu lever très vite et passer sans encombre cette décade, et les semis tardifs ont finalement eu des conditions assez favorables à la levée, avec des températures clémentes et pas d’excès de pluie. Ainsi, malgré des zones où les levées ont été difficiles et lentes (Poitou-Charentes, Sud-Est), on ne déplore pas de gros défauts de peuplements dans les céréales à paille déjà implantées.
Des excès de température en cumulé depuis les semis
Depuis début octobre, nous avons successivement connu :
• Une période plutôt plus fraiche que la moyenne, du 10 au 20 octobre.
• Une période de forte douceur du 1er au 20 novembre.
• Une brève et forte chute des températures dans les derniers jours de novembre, avec des gelées fréquentes… mais aucun dégât aux cultures.
• A nouveau des températures supérieures aux moyennes depuis le début décembre.
Ainsi, en fonction des dates de semis, les cumuls de températures s’écartent plus ou moins des valeurs pluriannuelles (cartes 1a et 1b).
Carte 1a : Cumul 2015 de températures sur la période du semis au 15 décembre
Carte 1b : Cumul médian de températures sur la période du semis au 15 décembre
A l’échelle France, la situation 2015 est partout supérieure à la moyenne pluriannuelle ; ces cumuls dépassent même le décile 8 sur plus de la moitié du territoire. Cet écart de somme de température est en médiane de 110°Cj, soit environ un phyllotherme de plus ; il n’est donc pas étonnant que la très grande majorité des parcelles soit au stade tallage. En date du 15 décembre, nous sommes donc sur une situation égale ou un peu moins extrême que l’an dernier.
En parallèle, nous avons connu en moyenne 4 jours de gel de moins que la médiane (6 jours contre 10).
Des réserves en eau souvent reconstituées, mais des drainages faibles
En faisant l’hypothèse d’un sol profond (Réserve Utile de 180 mm), desséché au 1er septembre 2015, nous constatons que la capacité au champ a été retrouvée pratiquement partout (exceptions en Alsace, Limagne et Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon). Néanmoins, conséquence des précipitations significativement et partout plus faibles que d’habitude (cartes 2a et 2b), les drainages sont plus faibles qu’en moyenne.
Carte 2a : Cumul 2015 de pluie sur la période du semis au 15 décembre
Carte 2b : Cumul médian de pluie sur la période du semis au 15 décembre
Notons que ces simulations ne tiennent pas compte de parcelles destinées aux cultures de printemps et maintenues avec des CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) parfois très développées consommatrices d’eau.
Peu de conséquences fiables à tirer de ces états de culture
Un certain nombre d’éléments ressortent régulièrement des retours de notre réseau régional : des niveaux de tallage élevés, de nombreuses tentatives de désherbage d’automne (avec des cas fréquents de phytotoxicité ou des défauts d’efficacité liés à des manques de pluie), la présence de maladies diverses signalée, voire des infestations de pucerons (surtout Sud).
Néanmoins, pour la physiologie des cultures, il est trop tôt pour se prononcer : comme nous avons pu le voir en 2011-2012 et en 2014-2015, des cumuls élevés de température à la fin décembre peuvent aboutir à des dénouements très différents. S’ils prédisposent à une plus forte sensibilité au froid de fin d’hiver, ou peuvent conditionner des stades anticipés, c’est bien les conditions météo des mois de janvier et février qui conditionneront l’état des cultures en sortie d’hiver.
Jean-Charles DESWARTE (ARVALIS – Institut du végétal)