Les inconditionnels la pratiquent depuis quelques années, en vantent les mérites et les bénéfices mais en connaissent aussi les limites. Le point sur cette stratégie séduisante mais pointue.
Les règles pour réussir
Il s’agit d’intervenir rapidement dès le stade 2 feuilles du maïs. Le désherbage s’exerce sur des adventices non levées ou au stade plantule, avec un produit à spectre complet antigraminées et antidicotylédones. L’objectif est de gagner en persistance d’action par rapport à un passage de prélevée sur graminées, en semis précoces notamment, et, dans la mesure du possible, de ne pas avoir à rattraper. Cette stratégie permet d’intervenir avec de faibles doses de produits sur des adventices encore très petites.
Séduisante dans le concept, elle reste toutefois délicate à mettre en œuvre. Combinant à la fois des herbicides racinaires et foliaires, les applications nécessitent des conditions agrométéo favorables aux deux types de produits. Il faut une bonne humidité du sol et une pluviométrie significative après traitement pour optimiser l’action des herbicides racinaires mais également intervenir avec une bonne hygrométrie pour garantir l’efficacité des produits foliaires sur les adventices déjà levées.
C’est une stratégie intéressante, en alternative à une stratégie classique de prélevée + postlevée. Un rattrapage de postlevée (avec des doses limitées) n’est cependant pas exclu pour contrôler les relevées en cours de cycle.
A titre d’exemple, les résultats de deux sites d’essais ARVALIS en 2017 (figure 1) illustrent les performances de diverses stratégies de désherbage (programme type pour chacune) sur une flore diversifiée.
Figure 1 : Note d’efficacité (de 1 à 10) selon la stratégie de désherbage (2 essais 2017 – Rouffach 68 et Etoile 26)
Quelques adventices au stade plantule dans les deux essais 2017 :
Quels programmes appliquer ?
De nombreuses solutions sont possibles (tableau 1). Elles vont dépendre de la flore présente (et attendue) et de son stade. Les graminées devront avoir 2 feuilles au plus pour assurer une efficacité suffisante des produits appliqués aux doses prescrites.
Les dicotylédones classiques sont les chénopodes, amarantes, morelles et renouées persicaires. Les dicotylédones diversifiées – souvent plus difficiles à contrôler – sont les mercuriales, les renouées des oiseaux et renouées liseron… Ces dernières peuvent mettre certains produits en difficulté. Les sufonylurées antidicotylédones (prosulfuron du Peak, tritosulfuron du Biathlon ou bromoxynil de l’Emblem flo, terbuthylazine du Calaris…) donnent satisfaction sur cette flore difficile.
Tableau 1 : Solutions de traitement en post-levée précoce (non exhaustif)
Pour en savoir plus, retrouvez nos préconisations pour la campagne 2018 dans les guides « Choisir et Décider ».
Didier LASSERRE (ARVALIS – Institut du végétal)
Yves POUSSET (ARVALIS – Institut du végétal)
Romain TSCHEILLER (ARVALIS – Institut du végétal)
Gaëlle HUMBERT (ARVALIS – Institut du végétal)