Désherber efficacement le maïs à l’aide du désherbage mécanique

Le maïs est, de par son écartement, bien adapté aux pratiques de désherbage mécanique. Qu’il soit combiné au désherbage chimique ou seul, le désherbage mécanique peut présenter une efficacité intéressante, à condition de respecter quelques règles de base.

 

Trois outils aux profils d’efficacité et de sélectivité différents

Trois types d’outils permettent de désherber mécaniquement les cultures : la houe rotative, la herse étrille et la bineuse. L’efficacité et la sélectivité de ces outils reposent essentiellement sur le contexte pédoclimatique, mais elles dépendent aussi du développement des adventices et de celui de la culture à désherber.

Il est recommandé de semer 10 % plus dense et un peu plus profond pour limiter les pertes liées aux passages de ces outils.

Tableau 1 : Principales caractéristiques des outils de désherbage mécanique

L’efficacité de ces outils requiert certaines conditions de sol : nivelage, rappuyage et absence de gros débris végétaux. Dans les parcelles caillouteuses, la herse étrille est à privilégier car elle s’adapte mieux aux hétérogénéités du terrain. Mais cet outil reste plus sensible aux débris végétaux. En sols battants en revanche, la houe rotative est mieux adaptée que la herse étrille. Le binage peut s’envisager dans tous les types de sols, mais son efficacité est diminuée dans les argilo-limoneux et les limons battants, notamment du fait de sa plus grande exigence en termes de ressuyage du sol.

En ce qui concerne les adventices, la herse étrille et la houe rotative ne sont efficaces que sur des adventices très peu développées (1-3 feuilles). La herse étrille est néanmoins légèrement plus agressive que la houe rotative. Sur des adventices plus développées, il est préférable de recourir au binage. Cette technique travaille essentiellement l’inter-rang mais des phénomènes de buttage (terre ramenée sur le rang) peuvent également être intéressants pour étouffer les adventices qui y sont présentes.

D’une manière générale, pour qu’un passage d’outil soit efficace, les conditions climatiques qui suivent un passage doivent être sèches (3 jours sans pluie au moins), afin d’éviter des phénomènes de repiquage des adventices.


Peu de jours disponibles pour intervenir à des stades très jeunes

Dans le Sud-Ouest, les possibilités d’intervenir dans de bonnes conditions sur maïs sont relativement limitées (figure 1) : 0 à 2 jours en prélevée et entre les stades 2 et 6 feuilles. Ces conditions sont le plus souvent réunies pour le passage de la bineuse, entre les stades 2 et 6 F : 1 à 2 jours pour Pau et Montauban, 5 à 6 jours du côté de Mont-de-Marsan. Du fait de la variabilité qui existe entre années pour le nombre de jours disponibles, le programme de désherbage devra être établi en fonction des opportunités qui se présentent pendant la campagne.

Figure 1 : Nombre de jours disponibles pour le passage d’un outil de désherbage mécanique dans le Sud-Ouest, au moins 4 années sur 5

Ce calcul prend en compte l’analyse climatique fréquentielle sur 20 ans, le type de sol de la région (touyas, sables blancs et limons battants hydromorphes), les périodes d’intervention possibles en fonction du stade de la culture en place, des conditions de passage (portance et humidité du sol) et de la pluviométrie (3 jours de sec après passage).


Une efficacité qui dépend également des réglages de l’outil

Ces réglages doivent notamment être adaptés au stade de développement du maïs au moment de l’intervention. Voici quelques éléments à prendre en compte pour bien régler ces outils et assurer efficacité et sélectivité.

LA HERSE ÉTRILLE

L’agressivité de cet outil dépend de plusieurs facteurs : la forme des dents, leur inclinaison, la profondeur de travail et la vitesse d’avancement.

La herse étrille peut être munie de deux types de dents : droites ou courbées. Ces dernières présentent une meilleure agressivité mais sont moins adaptées aux sols caillouteux. Plus les dents sont inclinées verticalement, plus l’outil est agressif vis-à-vis des adventices mais aussi de la culture en place. Il convient donc de trouver le meilleur compromis pour que l’outil soit efficace sur les adventices sans endommager la culture. De plus, la vitesse de travail va de paire avec l’agressivité de l’outil : quand la culture n’a pas encore levé, il est donc possible de passer à une vitesse allant jusqu’à 15 km/h. Enfin, la profondeur de travail doit être limitée aux 3 premiers cm du sol, pour éviter des phénomènes de relevées des adventices.

Remarque : La longueur des dents est aussi à prendre en compte par rapport au terrain sur lequel elles serviront : les plus longues sont adaptées à des terrains irréguliers tandis que les plus courtes sont adaptées à des terres lourdes. Généralement, un diamètre standard (6-7 mm) est adapté aux passages en culture.

LA HOUE ROTATIVE

La houe rotative nécessite peu de réglages. Son agressivité est principalement due à la vitesse d’avancement ainsi qu’à la profondeur de travail et la pression des roues étoilées sur le sol. La vitesse de travail minimale pour bien déchausser les adventices est estimée à 10 km/h. Sa vitesse optimale est située à environ 18 km/h. La profondeur du travail, quant à elle, ne doit pas être supérieure à 3 cm pour ne pas générer de relevées d’adventices. Enfin, l’agressivité de l’outil est d’autant plus importante que la pression des roues est élevée.

LA BINEUSE

L’agressivité de la bineuse est conditionnée par la rigidité des dents sur lesquelles sont fixés les socs et le type de soc utilisé. Plus les dents sont rigides, plus elles seront agressives. De plus, les socs doivent être bien choisis pour être efficaces sans impacter la culture. Il existe trois types de socs : les socs de vibroculteur, les socs en forme de patte d’oie et les socs plats (ou à lame). C’est le type de soc qui détermine l’action sur le sol et sur les adventices. La vitesse d’avancement de cet outil doit être plus réduite que pour les deux autres : 10 km/h maximum quand le maïs est bien développé. Comme pour les autres outils, la profondeur de travail doit rester superficielle pour limiter l’initiation de nouvelles levées.

Combiner désherbage mécanique et herbicides

Différentes stratégies de désherbage peuvent être employées sur maïs, avec ou sans interventions phytosanitaires. Le maïs peut être désherbé mécaniquement du semis jusqu’au stade 10 feuilles, en fonction de l’outil dont dispose l’agriculteur.

Afin de limiter les charges liées aux intrants phytosanitaires tout en assurant un potentiel de rendement élevé, le désherbage mixte (ou combiné), alliant désherbage chimique et désherbage mécanique, peut être un bon compromis. Plusieurs techniques de désherbage mixte existent :
– des techniques ne nécessitant pas de matériel spécifique et recourant à des produits phytosanitaires en pré ou en postlevée en alternance avec des passages d’outils mécaniques.
– des techniques nécessitant un matériel spécifique permettant de désherber chimiquement sur le rang et mécaniquement l’inter-rang (herbi-semis, désherbinage). Ces outils combinés présentent l’inconvénient de réduire les périodes d’intervention possibles, dans la mesure où les conditions optimales de traitement ne sont pas les mêmes que les conditions optimales de passage d’un outil mécanique.

Figure 2 : Différentes stratégies de désherbage du maïs

Huit essais, conduits dans le Sud-Ouest entre 2014 et 2017, mettent en évidence le fait que les meilleures efficacités sont obtenues avec un désherbage mécanique positionné de manière précoce, suivi d’un dernier passage chimique en plein – ayant une meilleure rémanence sur les levées tardives d’adventices (figure 3). L’herbisemis sur le rang permet ensuite d’adapter la (ou les) intervention(s) à la flore et aux conditions du climat : binage(s), binage suivi d’une intervention chimique, toutes les combinaisons peuvent être envisagées.

Figure 3 : Efficacités de différentes stratégies de désherbage du maïs (8 essais Sud-Ouest 2014–2017)

Comment intégrer le désherbage mécanique dans l’itinéraire cultural ?

Le désherbage mécanique du maïs doit s’inscrire dans une stratégie globale pour permettre de bien maîtriser les adventices :
– choix de variétés à bonne vigueur au départ, implantées dans de bonnes conditions,
– épuisement du stock semencier par le recours au faux-semis : qui peut être efficace sur les dicotylédones les plus précoces du cortège floristique : renouées, mercuriales, véroniques
– enfouissement des graines en profondeur par le travail du sol (labour), surtout pour les graminées estivales,
– évitement de la sélection d’une flore spécifique par le choix d’une rotation longue et diversifiée, intégrant des cultures d’hiver et de printemps, à ne pas oublier : l’entretien des abords pour y limiter la montée à graines des espèces présentes et donc la contamination des parcelles limitrophes, ainsi que celui des passages d’enrouleurs.

Sylvie NICOLIER (ARVALIS – Institut du végétal)
Clémence ALIAGA (ARVALIS – Institut du végétal)
Aude CARRERA (ARVALIS – Institut du végétal)
Sandrine REGALDO (ARVALIS – Institut du végétal)