Dans un contexte où la maîtrise de l’enherbement des parcelles et l’entretien des bordures des champs se compliquent, la présence d’ergot n’est pas si rare dans notre région. Si ce champignon ne représente pas systématiquement un danger, des mesures s’imposent concernant la réduction des risques pour les années suivantes dans les parcelles touchées.
Une présence révélée par des sclérotes noirs dans les lots récoltés
Les sclérotes de blé, de seigle et plus généralement de céréales, ressemblent le plus souvent à des crottes de rats. Pour les distinguer, les sclérotes sont facilement sécables et présentent une section blanc violacé. Les plus gros peuvent prendre une forme de « massue » et peuvent atteindre 5 cm. Les plus petits correspondent à des micro-sclérotes adhérents au grain qui passent le plus souvent inaperçus. Les sclérotes observés dans les bennes peuvent provenir de la culture ou des graminées adventices (vulpin, ray-grass).
Toutes les graminées cultivées ou adventices peuvent être affectées, mais il existe des différences de sensibilité entre espèces : Seigle > Triticale > Blé dur, Blé tendre, Orge, Avoine. Côté adventices, le vulpin apparait plus sensible que le ray-grass.
Figure 1 : les différentes catégories de sclérotes
Source : ARVALIS – Institut du végétal
Une présence encadrée par différentes réglementations européennes
La nuisibilité de l’ergot ne s’exprime pas sur le rendement, mais par la production d’alcaloïdes toxiques pour l’homme et les animaux. La présence de sclérotes dans les lots de céréales destinés à l’alimentation humaine ou animale est ainsi réglementée pour les céréales non moulues.
Pour l’alimentation humaine : la limite maximale réglementaire est fixée, pour les sclérotes d’ergot, à 0,5g/kg de céréales (excepté pour le maïs et le riz).
Pour l’alimentation animale : la présence de sclérotes dans les lots de céréales ne doit pas dépasser 1 g/kg.
Pour les semences : la réglementation tolère un maximum de 3 sclérotes ou fragments de sclérotes pour 500 g de semences certifiées et 1 sclérote ou fragment de sclérote dans les semences de base.
Labourer la parcelle infestée
Des sclérotes sont généralement tombés au sol avant ou au moment de la récolte. Un labour ou tout autre travail du sol permettant d’enfouir les résidus (et donc les sclérotes) à plus de 10 cm, réduit fortement le risque de contamination pour la culture suivante. Les sclérotes enfouis qui germeront l’année suivante ne pourront pas émettre de spores (source de contamination primaire).
Des essais ARVALIS conduits entre 2010 et 2013 mettent en évidence que des sclérotes enfouis à plus de 5 cm ne sont plus viables après 2 ans passés sous terre. Il est donc recommandé de faire suivre le premier labour par deux années de travail superficiel pour ne pas ramener de sclérotes à la surface.
Eviter de semer une céréale
Eviter de semer une céréale les deux années suivantes dans les parcelles les plus concernées. Alterner les céréales à paille avec d’autres cultures non hôte permet de briser le cycle du champignon, à la condition de maîtriser l’enherbement.
Contrôler les graminées adventices
Les graminées étant des relais de transmission de la maladie et une source majeure d’entretien et de multiplication de l’inoculum, leur contrôle sur l’ensemble de la rotation constitue une mesure de prévention incontournable pour limiter la présence de ce champignon (fauchage des bordures de parcelles si possible avant floraison, maîtrise de l’enherbement par le désherbage).
Semences de ferme, la vigilance s’impose !
Pour éviter tous risques de contamination de nouvelles parcelles, le mieux est de ne pas utiliser un lot contaminé pour faire de la semence de ferme.
Pour plus d’informations, téléchargez le document Céréales à paille et ergot : des solutions pour évaluer et maîtriser le risque
Edouard BARANGER (ARVALIS – Institut du végétal)
Michel BONNEFOY (ARVALIS – Institut du végétal)
Delphine BOUTTET (ARVALIS – Institut du végétal)
Mathilde LEJARDS (ARVALIS – Institut du végétal)
Chloé MALAVAL JUERY (ARVALIS – Institut du végétal)
Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)