Malgré les conditions sèches du printemps, la reconstitution des réserves hydriques en ce début d’hiver est dans la moyenne pluriannuelle. Exemple des sols de limons sur schistes drainés de la station ARVALIS – Institut du végétal de la Jaillière (44).
L’année 2015 restera dans la mémoire collective pour la faible pluviosité du printemps et de l’été, et la grande douceur de l’automne. Mais cela ne préjuge en rien de l’hiver qui arrive, ni de la période d’excédent pluviométrique, appelée saison hydrologique, qui contribue à alimenter en eau les réserves souterraines ou les réseaux de surface selon les milieux.
Début de saison de drainage dans la normale
A ce jour, la reconstitution des réserves hydriques est dans la normale pour les parcelles de la station de la Jaillière (limon sur schiste de réserve utile moyenne de 100 mm).
Les pluies sont revenues dès la deuxième décade d’août, avec un total de 79 mm enregistré à la fin du mois. Avec 250 mm, le cumul enregistré depuis le 1er août est proche de la moyenne interannuelle.
Figure 1 : Cumuls de pluie depuis le 1er août (station météorologique de la Jaillière)
Quelques écoulements ont été observés à la sortie des drains en septembre (le 18) puis en octobre (les 5 et 6) suite à des épisodes pluvieux supérieurs à 20 mm. Mais le drainage s’est arrêté aussi vite qu’il a commencé. Ces écoulements sont souvent liés à la présence de fentes de retrait qui favorisent les transferts rapides de l’eau, de la surface du sol vers les drains, en particulier en cas de pluie importante.
Le drainage a fonctionné pour toutes les parcelles après la pluie du 20 novembre (21 mm), mais s’est arrêté progressivement au bout de quelques jours. Pourtant, le démarrage de la saison de drainage est proche, mais les conditions plutôt anticycloniques du moment repoussent l’échéance.
Vérifier l’état des éléments d’évacuation de l’eau pour les parcelles drainées
Avec l’arrivée de l’hiver et des précipitations généralement plus soutenues (pluie, neige), les réserves en eau des sols de tous les milieux, qu’ils soient sains ou hydromorphes, sont pratiquement reconstituées. La saison hydrologique débutera avec les prochains épisodes pluvieux et contribuera, selon les modes de circulation de l’eau, à l’alimentation en eau des réserves profondes ou du réseau hydrographique de surface.
Dans le cas des sols de la Jaillière, quand la nappe perchée hivernale est bien installée (engorgement permanent du sol au-dessus de l’horizon imperméable (figure 2), la quasi-totalité de l’eau de pluie est restituée au milieu. Les réseaux de drainage (drains et collecteurs) fonctionnent alors à plein ” tuyaux ” pour évacuer cette eau en excès.
Il est encore temps d’aller vérifier et nettoyer, si ce n’est déjà fait, les ouvrages qui favorisent l’évacuation et la circulation de l’eau (bouches de décharge, buses, fossés).
Figure 2 : Fonctionnement du drainage en parcelle drainée
Des risques de transferts limités
Les conditions de cet automne atypique ont permis des semis en bonnes conditions, et la croissance des plantes est rapide. A ce jour, la saison de drainage n’est pas encore vraiment engagée, mais la plupart des interventions de protection des cultures sont réalisées, suffisamment tôt avant les premiers risques de transfert. Même chose pour l’azote, car les CIPAN sont bien développées et devraient limiter efficacement les risques d’entraînement du nitrate.
Alain DUTERTRE (ARVALIS – Institut du végétal)