Etat sanitaire des blés : Un inoculum maladies normal en ce début mars !

 

L’excès d’eau et le gel ont tempéré la douceur du début d’hiver. Le point sur le niveau actuel de risque pour les principales maladies des blés.

De la levée jusqu’à fin janvier, les blés ont rencontré des conditions climatiques très douces avec une pluviométrie largement excédentaire par rapport à la normale entre mi-décembre et fin janvier. Ces conditions plutôt favorables à la production d’inoculum ont été par la suite tempérées par un mois de février glacial (figure 1).

En ce début mars, nous sommes revenus à un scénario médian pour la température (proche de 2003), avec toujours un excès d’humidité (+26 % de pluviométrie en moyenne par rapport à la normale).

Figure 1 : Positionnement climatique de l’année sur un référentiel des 20 dernières années du 01/11 au 28/02 sur 61 stations

Rouilles : pas d’attaque précoce en vue

Du côté de la rouille jaune, notre modèle CrustYello indique, pour une variété très sensible, que l’inoculum est bien présent en Bretagne mais peu en bordure maritime Nord (figure 2). La pluviométrie excédentaire de janvier a vraisemblablement limité sa dispersion.

Figure 2 : Risque rouille jaune au stade épi 1 cm en 2018 (à gauche) et en 2014 (à droite)
Probabilité CrustYello variété sensible – Données météo réelles jusqu’au 28/02, prévisionnelles jusqu’au 8/03, fréquentielles jusqu’au stade épi 1 cm.

A priori, tout en surveillant les variétés sensibles (notes inférieures à 4) en Bretagne, le premier traitement contre la rouille jaune ne devrait pas intervenir avant le stade 1 nœud.

Pour la rouille brune, il est encore trop tôt pour évaluer le risque de l’année.

Toutefois, on peut déjà annoncer que la maladie ne sera pas précoce dans le Nord et que la protection n’interviendra probablement pas avant la dernière feuille étalée pour le Sud.

Garder un œil sur le piétin verse en situation à risque

Le risque climatique piétin verse est aujourd’hui faible à moyen en fonction des dates de semis. La maladie sera peut-être à surveiller sur les parcelles les plus à risques, si les pluies actuelles se poursuivent au mois de mars. Le diagnostic visuel au champ peut être nécessaire pour les variétés sensibles semées précocement avant de décider une intervention spécifique. Pour les variétés résistantes (notes supérieures ou égales à 5), il n’y a pas de traitement à envisager.

Septoriose : l’inoculum est bien présent en bordure océanique !

Pour la septoriose, le modèle Septo-LIS® indique, pour un semis à la date recommandée pour une variété sensible type Apache, des niveaux d’inoculum en sortie d’hiver médians dans la bordure maritime Ouest et le Sud-Ouest. Partout ailleurs, ces niveaux sont faibles (figure 3).

Figure 3 : Niveau relatif de l’inoculum de septoriose au stade épi 1 cm pour une variété de type Apache semée à la date recommandée – Données météo réelles jusqu’au 28/02, prévisionnelles jusqu’au 8/03 et fréquentielles jusqu’au stade épi 1 cm.

Le rouge représente les niveaux les plus élevés, le vert clair les plus faibles.

Ce “pied de cuve” est légèrement plus fort qu’en 2017, mais rien n’est encore joué. L’inoculum est très rarement limitant, en témoignent les belles pycnides visibles sur le terrain sur les vieilles feuilles sur variétés sensibles. La pluviométrie du printemps (avril, mai) sera déterminante dans la majorité des grandes zones de production du blé tendre.

Pour le moment, retarder la première intervention au stade 2 nœuds voire au-delà en fonction de la sensibilité variétale est aujourd’hui l’option à privilégier.

Gilles COULEAUD (ARVALIS – Institut du végétal)
Emmanuelle GOURDAIN (ARVALIS – Institut du végétal)