Alors que la moisson 2016 laisse un goût amer, beaucoup d’agriculteurs s’interrogent sur l’intérêt des faux-semis. Ne pas en faire en 2016 n’aura pas de conséquences importantes dans la majorité des parcelles, mais l’état de la plaine au printemps rappelle que c’est un levier incontournable sur les parcelles très infestées, en particulier celles conduites en non labour.
A l’heure où beaucoup pensent limiter les charges herbicides, baisser la pression « adventices » par une méthode agronomique pour optimiser les traitements chimiques est un passage obligé. Dans ce contexte, il est nécessaire d’optimiser au maximum le levier « faux semis ».
« Brûler » du carburant en multipliant les passages sur sol sec n’a aucun sens. Les orages de la semaine dernière sur le Nord de la région ont permis sur certains secteurs de réhumecter les sols. Ailleurs, les cumuls de pluies sont proches de « 0 » depuis la récolte.
Objectif des faux-semis : optimiser l’efficacité des herbicides en limitant la pression «adventices »
Le faux-semis est un travail superficiel du sol (moins de 5 centimètres). Cette technique consiste à faire lever les adventices qui devaient naturellement se développer dans la culture à venir et qui seront détruites au plus près du semis (au maximum un mois avant le semis) soit par un travail du sol très superficiel (outils à dents), soit par l’application d’un herbicide foliaire non sélectif. Chaque passage d’outil doit être moins profond ou équivalent au précédent afin d’éviter de remonter des graines.
Brome, ray-grass, vulpin… : à chacun son top départ !
Si les conditions d’humidité du sol sont essentielles (Intérêt d’un faux-semis sur sol sec = nul), il est indispensable d’attendre que les adventices visées soient en capacité de lever.
Tableau 1 : Période de levée préférentielle de quelques adventices après une récolte d’été
Le brome stérile n’a pratiquement pas de dormance. C’est la graminée d’automne la plus facile à détruire par cette technique (c’est encore plus efficace avec un labour !).
Le ray-grass est capable de germer à partir de début septembre alors que pour le vulpin, il faut attendre plutôt mi-septembre dans notre région.
En conclusion, à moins de mettre en œuvre d’autres leviers agronomiques (labour intermittent, décalage de la date de semis), les faux-semis sont incontournables sur les parcelles très infestées. Pour optimiser leur efficacité, il conviendra d’attendre que les sols soient bien réhumectés et que les adventices soient capables de lever. Alors patience…
Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Chloé MALAVAL JUERY, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)
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