En maïs, l’apport d’azote principal se positionne préférentiellement à 6-8 feuilles. Rappels du calcul de la dose et du positionnement des apports selon les formes d’engrais utilisées.
Les précipitations cumulées au cours de l’automne 2019 ont favorisé le drainage hivernal, et par conséquent les pertes d’azote par lixiviation. Mais les températures douces de l’hiver ont favorisé la minéralisation de l’azote. Etant donné ces deux phénomènes à conséquences opposées sur les niveaux de reliquat d’azote pour les semis de maïs 2020, la mesure à la parcelle est particulièrement importante pour ajuster la fertilisation.
Dans les cas où les reliquats d’azote seraient élevés, un seul apport au stade 6-8 feuilles est suffisant.
Quels sont les besoins du maïs ?
La fertilisation azotée est l’un des premiers facteurs de production du maïs. Cependant, ses besoins en azote évoluent au cours de son cycle. Du semis jusqu’à 6-8 feuilles, il n’absorbe que 2 % de ses besoins totaux. A partir de 8-10 feuilles, l’absorption s’accélère jusqu’à devenir maximale autour de la floraison, avant de décroître vers le stade 50 % d’humidité du grain (figure 1). La période entre les stades 6-8 feuilles et la floraison concentre 85 % de l’absorption d’azote d’un maïs.
Figure 1 : Cinétique d’absorption de l’azote par le maïs
(source : ARVALIS – Le Magneraud (17), 2011-2013)
Si l’azote n’est pas apporté au bon moment, quand les besoins de la plante sont importants, alors l’organisation de l’engrais par les micro-organismes entre en concurrence avec l’absorption de l’azote par la plante.
Le fractionnement des apports est donc la solution pour permettre une adéquation entre la mise à disposition de l’azote et sa cinétique d’absorption par la plante, maximisant ainsi l’efficacité des engrais. L’apport principal se fera donc au stade 6-8 feuilles.
Comment estimer les besoins en azote du maïs ?
L’ajustement de la dose d’engrais azotés à la parcelle passe par un calcul des besoins en azote du maïs et des fournitures totales du sol (reliquat au semis, minéralisation de l’humus…). Le calcul de la dose s’opère en trois étapes.
1- Déterminer le besoin en azote du maïs : il est fonction du niveau de rendement visé et du type de production (grain, fourrage, doux).
Tableau 1 : Valeurs-repères pour calculer le besoins en azote du maïs (= objectif de rendement x besoin unitaire b)
(Pour le maïs semence, le calcul est légèrement différent, il tient compte du niveau de production visé et du dispositif de semis)
2- Prendre en compte la quantité d’azote que les racines ne peuvent pas extraire : cette valeur dépend du type de sol.
Besoins en azote de la culture = besoins en azote du maïs + azote non extractible
3- Estimer les fournitures totales d’azote : elles sont constituées a minima de l’azote présent dans le sol au moment du semis et de la minéralisation de l’humus.
Comment fractionner les apports d’azote ?
Dans la majorité des situations, un fractionnement en deux apports est l’idéal pour valoriser au mieux l’azote par les plantes :
– 50 kg N/ha au semis (pour ceux qui pratiquent l’apport d’un starter, c’est le phosphore qui confère l’effet booster constaté, l’azote ne joue qu’un rôle secondaire à ce stade et son efficacité est moindre par rapport aux applications plus tardives).
– Le solde en végétation au stade 6-8 feuilles.
En cas d’apport important et pour des sols à fort risque de lixiviation, il faut viser le fractionnement suivant :
– 20 à 30 kg N/ha au semis (en complément du phosphore apporté en starter avec un engrais binaire NP) ;
– 30 à 40 kg N/ha environ à 2-4 feuilles (ou 50 à 70 kg N/ha si pas d’apport au semis) ;
– le solde à partir de 8-10 feuilles et avant le stade limite de passage de tracteur.
Dans certaines situations, où la dose prévisionnelle est faible (forts reliquats azotés au moment du semis), un seul apport au stade 6-8 feuilles est suffisant. Cependant, en cas de forts cumuls de pluie dans les semaines à venir, l’azote nitrique présent dans les horizons superficiels va migrer en profondeur, il pourrait être hors de portée des racines du jeune maïs. Il faut donc rester attentif à l’évolution du stock d’azote minéral dans le profil et, le cas échéant, actualiser le reliquat pris en compte lors du calcul de la dose prévisionnelle.
A l’opposé, un fractionnement en trois fois, avec un apport tardif autour de la floraison, reste souvent sans réponse sur le rendement dans nos essais.
Quelle forme d’azote apporter ?
L’ammonitrate est la forme d’engrais la plus efficace, car moins sensible à la volatilisation que les autres. A l’inverse, l’urée est particulièrement sensible aux pertes par volatilisation.
L’application d’ammonitrate peut « brûler » le feuillage en cas d’apport sous une forte rosée. Cet effet est peu dommageable sur la plante.
L’enfouissement dans le sol de l’urée à 10-15 cm de profondeur lui confère la même efficacité que l’ammonitrate. En cas d’application en surface, il convient de biner dans les 24 heures pour améliorer l’efficacité de l’engrais.
D’autres leviers agronomiques permettent d’optimiser l’efficacité de l’azote apportée en diminuant sa volatilisation sous forme ammoniacale, notamment pour les formes uréiques :
– apporter l’azote quelques jours avant des pluies ;
– utiliser des formes d’engrais comportant des inhibiteurs d’uréase (Nexen, Utec).
Tableau 2 : Recommandations d’apport selon la forme d’engrais