Six produits biostimulants ont été testés depuis 2018 par ARVALIS et ses partenaires. Si une tendance à l’amélioration du rendement s’observe pour certains, les écarts ne sont pas significatifs avec le témoin ayant reçu une fertilisation équivalente mais sans biostimulant.
A l’automne 2017, un réseau d’essais, conduit en partenariat avec les coopératives Agrial, Val’Epi a vu le jour. Quatre essais ont ainsi été mis en place sur les campagnes de blé tendre 2017/2018 et 2018/2019 afin de tester les performances de six produits biostimulants présents sur le marché français : Carpoès (Biovitis), Megaterhiz (Eléphant Vert), Rise P (Lallemand Plant Care), AgrOptim Sunset (Olmix Plant Care), Fertiactyl Starter (TIMAC Agro) et Free N 100 (Gaïago).
Leurs performances ont été évaluées à deux doses d’azote et comparées à un témoin sans application de biostimulant à dose d’azote équivalente. Le Free N 100 a également été testé dans un cinquième essai conduit en agriculture biologique en 2019 par ARVALIS.
Enfin, un sixième essai conduit par la coopérative Noriap, dans lequel le Carpoès a été appliqué deux années de suite sur la même parcelle, complète les références acquises.
Tableau 1 : Caractéristiques principales des expérimentations biostimulants 2018-2019
Des effets et des modes d’action très variés
Si certains effets revendiqués comme l’amélioration de la croissance racinaire, une meilleure acquisition des éléments nutritifs, l’augmentation de l’activité photosynthétique ou encore une tolérance accrue aux stress abiotiques sont communs à plusieurs d’entre eux, ces produits présentent néanmoins des modes d’action très différents les uns des autres (tableau 2). Les principes actifs qui entrent dans leur constitution sont également très spécifiques pour chaque produit.
Quatre d’entre eux contiennent des micro-organismes :
– un champignon, sensé agir notamment sur l’évolution des matières organiques du sol, dans le cas du Carpoès,
– des bactéries rhizosphériques, sélectionnées pour stimuler la croissance du système racinaire de la culture et améliorer la solubilisation du phosphore et de manière générale la disponibilité des éléments nutritifs, pour Mégatérhiz et Rise P,
– des bactéries fixatrices d’azote atmosphérique dans le cas du Free N 100. Ce dernier contient également quelques oligo-éléments bénéfiques à la multiplication de la bactérie.
On retrouve également des oligo-éléments associés à des macro-éléments dans la composition de l’AgrOptim Sunset.
Enfin, le Fertiactyl Starter contient, en plus d’une solution d’engrais NPK, des acides humiques et fulviques sensés stimuler le développement racinaire. Notons que les quantités d’éléments minéraux apportées par ce dernier restent négligeables par rapport aux besoins des cultures (moins de 1 kg N/ha pour une application à la dose recommandée de 3 l/ha) et c’est bien un effet biostimulant et non fertilisant qui est évalué.
Ces différents produits appliqués au semis ou au début du tallage suivant les préconisations de leurs fabricants revendiquent pour la plupart une action précoce sur la culture qui démarre dès la mise en place du système racinaire. Le Free N 100, dont l’objectif est d’améliorer la nutrition azotée des cultures, a été testé à deux stades : début tallage et épi 1 cm.
Téléchargez le tableau 2 : Caractéristiques principales des produits biostimulants testés.
Pas d’effet significatif sur le rendement et la teneur en protéines
Aucun biostimulant testé ne présente d’effet significatif sur le rendement et sur la teneur en protéines du blé. Néanmoins, des tendances positives semblent se dégager pour certains produits avec des gains moyens de rendements respectivement de + 1,0, + 1,4 et + 2,0 q/ha pour AgrOptim Sunset, Fertiactyl Starter et Rise P (figure 1.a). L’absence de significativité statistique de ces résultats peut s’expliquer par une assez forte variabilité des écarts avec le témoin sans biostimulant autour de ces valeurs moyennes.
Concernant les teneurs en protéines (figure 1.b), aucune tendance ne semble se dégager : les écarts avec le témoin sans biostimulant sont très faibles à nuls. L’écart le plus important, + 0,11 %, est observé pour le Fertiactyl Starter mais n’est pas significatif.
Certains des produits testés ont toutefois un effet significatif sur le coefficient apparent d’utilisation de l’azote ou CAU (figure 2), indicateur qui rend compte de l’efficacité de la culture à absorber l’azote provenant des engrais. C’est le cas du Fertiactyl Starter (+ 5,5 %) et du Free N 100 (+ 4,8 %). Cela signifie qu’après application de l’un ou de l’autre de ces produits, le blé absorbe une part plus importante de l’azote des engrais qu’en l’absence d’application de biostimulant.
Au-delà des performances techniques, il est essentiel de tenir compte du retour sur investissement de ces produits. Pour un gain de rendement de 1 q/ha, le surcoût lié à l’application de ces produits (coût du produit + d’éventuelles charges de mécanisation supplémentaires) ne doit pas dépasser 15 à 20 €/ha. Pour des gains de rendements plus conséquents, de 2 q/ha, ce surcoût reste acceptable jusqu’à 30-40 €/ha suivant le cours du marché du blé.
Figure 1 : Rendements (a) et teneurs en protéines (b) du blé avec ou sans application de biostimulants
Synthèse pluriannuelle sur 2 années d’essais (6 essais AGRIAL, ARVALIS, NORIAP et VAL’EPI, récoltes 2018 et 2019). Comparaisons sur tous les apports (8 points pour Agr’Optim, Fertiactyl Starter, Mégatérhiz et Rise P, 10 points pour Carpoès et 11 points pour Free N 100). Performances moyennes toutes situations.
Figure 2 : Coefficient apparent d’utilisation de l’azote (CAU) du blé avec ou sans application de biostimulants
Synthèse pluriannuelle sur 2 années d’essais (6 essais AGRIAL, ARVALIS, NORIAP et VAL’EPI, récoltes 2018 et 2019). Comparaisons sur tous les apports (4 points pour Agr’Optim, Fertiactyl Starter, Mégatérhiz, Rise P et Carpoès et 6 points pour Free N 100).