Les engrais organiques ou minéraux contenant de l’azote ammoniacal sont sensibles aux pertes d’azote par volatilisation. Le temps sec et chaud actuel accentue ce risque. Il est nécessaire d’enfouir le plus rapidement possible les lisiers riches en azote ammoniacal afin de supprimer, presque en totalité, ces pertes.
La forme ammoniacale volatilise facilement
L’azote peut être apporté au sol sous forme organique ou sous forme minérale ammoniacale (NH4+) ou nitrique (NO3–).
Dans les produits résiduaires organiques, la forme ammoniacale peut représenter une fraction importante de l’azote total, notamment dans le cas des lisiers de porcs, lisiers de bovins et fientes de volailles. Ces produits sont alors soumis à un fort risque de volatilisation.
La volatilisation représente la fraction de l’azote apportée qui est perdue par émission du gaz ammoniaque NH3 dans l’atmosphère, après transformation de l’azote ammoniacal.
Ce phénomène s’opère à la surface du sol à partir d’une source d’azote ammoniacal, engrais minéral ou produit résiduaire organique, et il intervient immédiatement après l’apport.
Optimiser la gestion des lisiers et fientes
Enfouir immédiatement après épandage…
La volatilisation ammoniacale est très intense dans les 24 heures qui suivent l’épandage et diminue ensuite très rapidement avec la baisse de la teneur en azote ammoniacal dans le produit épandu.
Les pertes sont d’autant plus importantes que le produit a une teneur élevée en azote ammoniacal, que la température de l’air et la vitesse du vent sont élevées et que le pH du produit est élevé. Ces pertes peuvent atteindre 20 à 30 % de l’azote ammoniacal pour un produit solide à faible teneur en N-NH4 (ex : fumier de bovins), et 80 % pour des lisiers ou digestats de méthanisation à forte teneur.
A titre d’exemple, des expérimentations récentes ont montré que 30 à 40 % de l’azote total apporté pouvaient être perdus par volatilisation dans les premières heures qui suivent l’épandage. Un enfouissement immédiat a permis de limiter sensiblement ces pertes.
L’enfouissement à l’épandage ou immédiatement après l’épandage est la méthode la plus efficace pour limiter ces pertes.
Tableau 1 : Pertes par volatilisation de lisiers (porcs et bovins) – en % de l’azote apporté – source ARVALIS
… au moins à 10 cm
Des références internationales montrent que les déchaumeurs à dents ou à doigts destinés à ne travailler que les pailles sont beaucoup moins efficaces que les déchaumeurs animés ou à disques (figure 1). Elles montrent également que l’épandage sur un sol préalablement travaillé permet une meilleure infiltration des lisiers. Enfin, il est nécessaire de descendre à une profondeur plus importante que 5 cm pour accroître l’efficacité de cet enfouissement. Avant maïs, il convient d’incorporer les lisiers dès que possible sur une profondeur suffisante (au moins 10 cm).
Figure 1 : Effet de différents outils de travail du sol sur la volatilisation ammoniacale après apport de lisier avec buses palettes (en % de la volatilisation sur sol non travaillé)
Un document de synthèse des références acquises sur la valorisation agronomique des effluents d’élevage vient d’être publié par les instituts techniques.
Pour en savoir plus, consultez la brochure « Valorisation agronomique des effluents d’élevages de porcs, bovins, ovins, caprins, volailles et lapins ».
Limiter les risques de volatilisation de l’urée et de la solution azotée
Les engrais à base d’urée et d’azote ammoniacal (urée et solutions azotées) sont également sensibles au risque de volatilisation, mais les pertes sont plus faibles que pour les apports organiques. Les expérimentations récentes ont chiffré ces pertes entre 6 et 12 % de l’azote total apporté.
Pour limiter au maximum ce risque, la meilleure solution consiste à épandre peu avant un épisode pluvieux quand c’est possible. Dans tous les cas, il faut éviter les apports en conditions ventées et par températures élevées.
Après un apport de lisier en végétation, utiliser les outils de pilotage
L’utilisation d’un outil de pilotage permet de calibrer la dose du dernier apport d’azote sur blé. Il offre ainsi la possibilité de corriger la nutrition azotée pour compenser, entre autres, une moindre efficacité de l’azote des apports précédents. Le pilotage représente donc aussi un moyen objectif de compenser a posteriori les pertes par volatilisation lors des apports.