Les buses à injection d’air ont longtemps été considérées comme moins performantes que les buses à fentes classiques. Des essais d’ARVALIS – Institut du végétal en protection fongicide sur blé tendre viennent démontrer qu’elles n’impactent nullement le rendement et, mieux, elles optimiseraient la quantité de produit total déposée sur la plante.
Afin de mieux comprendre la qualité du dépôt de bouillies fongicides sur les feuilles selon le type de buse et les volumes utilisés, ARVALIS – Institut du végétal a mesuré ce dépôt sur du blé tendre d’hiver à différents stades de la montaison.
Le principe a été d’additionner aux bouillies fongicides un colorant alimentaire, la tartrazine (E102) et de mesurer, aux stades 2 nœuds et dernière feuille ligulée, la quantité de colorant retrouvé sur chacun des quatre derniers étages foliaires du blé.
Le programme fongicide étudié est principalement constitué de produits systémiques visant la septoriose : Cherokee 1,33 l/ha à 2 nœuds et Osiris Win 1,0 l/ ha + Pyros 0,6 l/ha au stade « dernière feuille étalée ». Ce programme a été appliqué à trois volumes de bouillie (120 l/ha, 80 l/ ha et 40 l/ha) avec deux types de buses (buse à fente classique XR 110 02 à 1,5 bars et buse à injection d’air CVI 110 015 à 2,5 bars).
Pas de différence de rétention sur les derniers étages foliaires
Ces mesures montrent que le dépôt de produit est identique en moyenne sur les quatre derniers étages foliaires du blé, quel que soit le type de buse testé (figure 1) et le volume de bouillie (figure 2). En revanche, la distribution de la bouillie entre les étages foliaires est différente entre les stades « 2 nœuds » et « dernière feuille étalée ».
Figure 1 : pas d’influence du volume de bouillie sur la quantité de tartrazine retrouvée sur les quatre derniers étages foliaires du blé
Figure 2 : pas d’effet du type de buse sur la quantité de tartrazine retrouvée sur les quatre derniers étages foliaires du blé
La dernière feuille n’est pas toujours la mieux protégée
Au stade 2 nœuds du blé, la F1 du moment est significativement moins bien protégée que les feuilles du dessous (F2, F3, et F4). Au stade dernière feuille étalée, la tendance s’inverse : la F1 et la F2 reçoivent significativement plus de bouillie que la F3.
Cette différence d’interception s’explique en partie par la géométrie et le port des feuilles, différents d’un stade à un autre. A 2 nœuds, la F1 est enroulée et présente un port vertical. Elle reçoit alors moins de bouillie que les feuilles du dessous qui sont bien déployées et horizontales. À l’inverse, au stade dernière feuille étalée, la F1 est horizontale et bien déployée et intercepte davantage de produit. Les étages inférieurs en reçoivent moins, les F1 et F2 ayant fait « écran ».
Une meilleure rétention au stade dernière feuille
Pour compléter ces données, des boîtes de Pétri ont été placées au sol ainsi qu’au sommet du couvert. Elles ont mesuré la proportion de colorant ayant atteint le couvert par différence entre la quantité de colorant reçu au sommet de la canopée et celle au sol. Les résultats indiquent que la rétention de produit est meilleure au stade dernière feuille étalée (61 % en moyenne) qu’au stade deux nœuds (43 % en moyenne) quel que soit le volume appliqué. Cette augmentation de rétention s’explique en partie par une augmentation de la densité foliaire entre les deux stades.
Un meilleur taux de couverture pour l’injection d’air
Dans cet essai, que ce soit au stade 2 nœuds ou dernière feuille étalée, la buse à injection d’air présente en moyenne un taux de couverture du blé supérieur de 10 % à celui de la buse à fente classique. Si la rétention de produit au niveau des quatre derniers étages foliaires est identique entre les deux types de buse, la buse à injection d’air dépose plus de produit sur la plante entière que la buse à fente classique. Cela pourrait s’expliquer par le positionnement des gouttes plus grosses de l’injection d’air à l’aisselle des feuilles et sur les tiges de blé.
Au final, l’utilisation d’une buse à injection d’air n’affecte nullement les performances du traitement en termes de rendements.
Figure 3 : Rendement du blé tendre en fonction du volume de bouillie et du type de buse
Benjamin PERRIOT (ARVALIS – Institut du végétal)
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