La dépense fongicide par hectare est en 2015 à l’image de la pression exercée par les maladies. Et les SDHI sont en progression mais dans la limite d’une seule application. Retour sur quelques chiffres-clés du marché fongicide en 2015.
Même si la campagne 2014/2015 témoigne d’une pression des maladies importante, celle-ci est tout de même inférieure à celle observée l’année dernière. Cette année est proche d’une année « normale », avec une nuisibilité moyenne des maladies estimée à 18 q/ha sur blé et 13 q/ha sur orge.
Dans ce contexte, les agriculteurs ont adapté leurs dépenses, notamment sur blé tendre où l’enveloppe fongicide moyenne à l’hectare est de 82 €/ha, soit 5 € de moins que la campagne précédente. D’une manière générale, les variations interannuelles du poste de dépenses fongicides reflètent la capacité des agriculteurs à adapter leurs pratiques en fonction du développement des maladies (figure 1). Nous ne sommes plus sur des stratégies de traitements systématiques, mais bien dans un véritable raisonnement de la protection.
En termes de programmes fongicides, près de la moitié des agriculteurs ont protégé leurs céréales avec 2 traitements et 28 % avec 3. Le nombre moyen de traitement, en légère baisse cette année, s’établit à 2,2.
Figure 1 : Evolution de la dépense fongicide en €/ha et impact des maladies en l’absence de protection fongicide depuis 2002 sur blé tendre d’hiver
NB : les chiffres sont présentés en € courants (sans correction de l’inflation). A l’inflation s’ajoute l’arrivée d’innovations qui ont participé à l’augmentation en valeur du marché.
Les années 2007 et 2014 s’écartent significativement de la tendance. 2007 correspond à une année où la protection fongicide s’est avérée insuffisante en raison d’une présence marquée de rouille brune dans le nord de la France, principalement sur variétés très sensibles. A l’inverse, 2014 correspond à une année où la pression des maladies était en réalité nettement supérieure à nos estimations, qui excluent dans cette série de données les références « avec rouille jaune ». En tenant compte de ces ajustements, 70 % des variations de dépenses entre années s’expliquent par les variations de pression de maladie.
SDHI et chlorothalonil en progression
Sur le plan qualitatif, les SDHI ont continué leur progression. Actuellement 4 ha sur 5 de blé et 83 % des surfaces en orges (hiver et printemps confondus) reçoivent un SDHI.
Par ailleurs, le chlorothalonil devient une des quatre molécules les plus utilisées : 3 hectares sur 5 sont protégés avec cette substance active.
Enfin, les agriculteurs ont bien pris en compte le changement de classement de l’époxiconazole (en forte diminution). Il reste néanmoins une substance active majeure dans la protection des céréales à paille, avec le prothioconazole, le tébuconazole et le chlorothalonil.
En termes de spécialités, Cherokee continue sa progression pour devenir le premier produit du marché sur blé, devant Prosaro/Kestrel et Adexar.
Utiliser un seul SDHI par saison : un message entendu
Pour limiter le développement des résistances aux fongicides, les recommandations relayées dans la note commune ARVALIS / INRA / ANSES, prônent de diversifier les modes d’actions et les molécules au sein d’un même mode d’action et de limiter l’utilisation de SDHI à une application par saison, sur blé comme sur orge.
En pratique, le message est entendu. Les hectares traités avec un SDHI progressent encore, tandis que le nombre d’hectares traités deux fois ou plus avec un SDHI diminuent toujours : 3 % des surfaces de blé (contre 6 % l’an dernier) et 6 % des surfaces d’orges (contre 10 % l’an dernier).
Figure 2 : Evolution du nombre d’hectares de blé tendre recevant un ou plusieurs SDHI, de 2013 à 2015
Figure 3 : Evolution du nombre d’hectares d’orges recevant un ou plusieurs SDHI entre 2013 et 2015
Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)