La production moyenne de maïs fourrage à l’hectare est en recul de 3 tonnes de matières sèches par rapport à l’an passé avec des pertes qui ont pu atteindre jusqu’à 70 % dans les secteurs les plus sinistrés.
Comme le maïs grain, le maïs fourrage a dû faire face à des scénarii climatiques rudes et variés : déficit hydrique précoce qui a limité le gabarit des plantes, stress autour de la floraison qui a pu limiter la mise en place des épis, des ovules, la fécondation et favoriser les avortements de grains nouvellement formés.
Des variations de rendements de 1 à 4
Les rendements varient de 6 à 22 tonnes de matières sèches par hectare (sans compter les graves sinistres). Les transferts de maïs grain en maïs fourrage s’avèrent élevés, atteignant environ 70 000 hectares.
Les pertes de rendement sont limitées dans l’Ouest, de la frontière belge aux Pays de la Loire, et beaucoup plus importantes dans l’Est, depuis la Champagne-Ardenne jusqu’au Limousin et Rhône-Alpes.
Il existe aussi une variabilité intra région liée aux conditions particulières de chaque parcelle.
Les niveaux de rendement sont liés au gabarit des plantes et surtout au nombre de grains et à leur remplissage. Dans bon nombre de situations, le retour des pluies fin août a pu limiter les pertes en assurant un remplissage plus ou moins complet des grains présents, sous réserve de la présence de feuilles vertes pour assurer la photosynthèse.
Des valeurs alimentaires finalement assez bonnes à très bonnes
A l’échelle du territoire, la composition chimique des maïs fourrage 2015 est très variable, à relier aux conditions de végétation et au stade de récolte de la plante. Ces conditions extrêmement diverses invitent plus que jamais à pratiquer des analyses sur les ensilages pour ajuster convenablement les rations. Le retour des pluies en fin d’été a certainement sauvé la mise pour le remplissage des grains et finalement les valeurs alimentaires semblent assez bonnes voire très bonnes.
Deux zones se distinguent cependant.
A l’ouest d’une ligne Ardennes – La Rochelle, la qualité du fourrage est qualifiée de très bonne avec une composition chimique assez proche de celles observées les années précédentes pour la même zone. Pour autant, la teneur en amidon paraît être en léger retrait (29,7 %) alors que la digestibilité enzymatique est historiquement élevée. En conséquence, les valeurs énergétiques relevées sont très élevées dans cette zone, avec 0,93 UFL/kg MS en moyenne et des valeurs d’encombrement particulièrement basses (0,94 UEL/kg MS).
A l’est de la ligne Ardennes – La Rochelle, les maïs fourrage ont présenté des compositions chimiques moyennes proches de la zone « Nord-Ouest », mais avec une très grande variabilité. La teneur en MS moyenne est de 33,6 % mais avec une variabilité importante entre échantillons (de 28,8 à 38,4 % MS). La teneur en sucres solubles, habituellement stable, a été aussi variable, en moyenne à 7 %, en passant de moins de 3 % à plus 20 % de la MS dans certains cas.
Alors que la teneur en amidon moyenne relevée est de 28,3 %, l’écart-type est de 8 points, illustrant une très grande hétérogénéité des situations. Les valeurs alimentaires sont bonnes et meilleures qu’en 2014.
Bertrand CARPENTIER, Alexis FERARD (ARVALIS – Institut du végétal)