Les récoltes sous forme d’ensilage ou d’enrubannage d’herbe ont pu débuter à la faveur du retour d’un temps sec mais accompagné d’une baisse de températures. Les gelées matinales de ces derniers jours et des jours à venir peuvent soulever des questions sur la qualité de l’herbe récoltée : impacts sur leur valeur nutritionnelle, qualité de conservation…
Les jours de gel (0 à -3°C pendant quelques heures) survenus lors de la phase de préfanage auront pour principal effet d’allonger un peu la durée de séchage au champ du fait du moindre pouvoir évaporant de l’air. Mais elles n’auront pas d’effet sensible sur la valeur nutritionnelle du fourrage ni sur sa conservation.
Gel avant la fauche
Par temps froid et ensoleillé, la photosynthèse continue de fonctionner. Sur pied, la plante a plutôt tendance à accumuler davantage de sucres solubles. Les mécanismes impliqués dans la respiration (et donc la consommation des sucres produits) sont plus sensibles à la température que les phénomènes associés à la photosynthèse.
Ainsi, une plante fauchée par temps froid et ensoleillé présente, sur le plan chimique, une meilleure aptitude à l’ensilage du fait d’une teneur en sucres solubles généralement plus importante.
Gel au cours du préfanage
Un gel intervenant sur des plantes juste fauchées ne modifie pas directement leur valeur nutritionnelle. Quand la température est basse, les phénomènes de respiration cellulaire de la plante encore vivante (une fois coupée) sont ralentis. Par conséquent, la teneur en sucres solubles est mieux maintenue par temps froid que par temps chaud.
Le seul point potentiellement négatif, c’est le nombre de bactéries lactiques. Ces bactéries sont naturellement présentes sur tous les fourrages et constituent avec d’autres communautés de micro-organismes la flore épiphyte. Le fait qu’il fasse froid avant la fauche et lors du séchage au champ ne favorise pas leur développement. Or, ces bactéries sont bénéfiques à la bonne conservation sous forme ensilée car ce sont elles qui transforment les sucres solubles en acide lactique, abaissant ainsi le pH du fourrage pour le stabiliser.
Attention, cela ne veut donc pas dire que le fourrage se conservera mal. Le préfanage durant 36 à 72 h sous des températures fraîches peut compenser. Il a été montré qu’en cas de faible flore lactique sur pied, le préfanage était favorable au développement de ces bactéries.
Enfin, rappelons que la bonne conservation reste dépendante de l’atteinte d’une teneur en matière sèche adéquate (35 % MS pour les graminées et 40 % MS pour les légumineuses). Un tassement énergique et une fermeture hermétique sitôt après la fin du chantier assureront un démarrage rapide des fermentations efficaces.