La conservation de l’ensilage passe par une confection adéquate du silo (tassement, dimensions) et la gestion du front d’attaque à son ouverture. Rappels des points clefs.
A la récolte, il faut assurer une bonne finesse de broyage et un bon réglage et/ou entretien de l’ensileuse. Pour faciliter la conservation, le hachage doit être fin. Plus la partie tige + feuilles sera sèche plus le broyage devra être fin (viser à l’auge 10 % de particule moyenne : tamis à mailles de 1 cm).
Ensuite, il faut assurer un bon tassement. La majorité des échecs de conservation des ensilages est due à un défaut de tassement lors de la confection du silo. C’est un point essentiel de réussite, d’autant plus difficile à maîtriser que le produit à ensiler (et plus particulièrement la partie tige + feuilles) est sec.
En conditions de plantes desséchées, il est indispensable d’accentuer la finesse de hachage pour améliorer le tassement.
Plus le maïs fourrage est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité, et plus vite le peu d’oxygène retenu dans le silo est consommé par la respiration du végétal ou l’activité microbienne. A 30 % de MS, c’est environ 1 litre d’air par kg de matière sèche qui est enfermé dans le silo. En 3 à 4 heures, il n’y a plus d’oxygène dans le silo : les levures et moisissures n’ont pas le temps de se multiplier. Les bonnes fermentations, celles qui transforment les sucres de la plante en acide lactique et qui ainsi abaissent le pH et conservent l’ensilage, se déroulent sans délai.
En revanche, quand le maïs fourrage est plus sec, chaque mètre cube du silo contient moins d’eau, donc plus d’air (entre 3 à 5 litres par kg de matière sèche). Les cellules encore vivantes du maïs fourrage sont moins actives : il faut donc beaucoup plus de temps pour épuiser l’oxygène enfermé (3 à 5 jours). Pendant ce délai, les fermentations lactiques recherchées se déroulent lentement, alors que les levures et moisissures se multiplient. Si le silo est bien hermétique, ces dernières s’orientent vers une vie ralentie et cessent d’échauffer le silo… mais, plus tard, en présence d’air (trou dans la bâche, front d’attaque) les dégradations reprennent de plus belle : c’est la principale cause de pertes de matières sèches lors de la conservation du maïs fourrage.
Prévoir la vitesse d’avancement du front d’attaque du silo à l’ouverture
Dans le silo de maïs fourrage, les pertes interviennent surtout au front d’attaque, pendant l’utilisation de l’ensilage. Une des conditions à respecter pour éviter les échauffements consiste à avancer le front du silo plus vite que la reprise des fermentations. On retient généralement les valeurs suivantes d’avancement du front d’attaque. Au minimum 10 cm par jour en moyenne en hiver, 20 cm par jour en moyenne en « été ».
La largeur et la hauteur des silos doivent donc être adaptées à la taille des troupeaux, à la part de maïs dans la ration et à la saison d’utilisation.
Bertrand CARPENTIER, Yann FLODROPS (ARVALIS – Institut du végétal)
Mots-clés: