Pour faire face au déficit fourrager lié à la sécheresse, l’intégration de paille de céréales, et surtout de blé, pour nourrir les bovins est possible selon l’âge et l’état des animaux.
Les meilleurs fourrages doivent être réservés aux vaches en production (lait et vache suitée). Le foin habituellement distribué aux génisses, peut être réservé en intégralité pour les vaches, surtout s’il est de bonne qualité comme cette année (récolte souvent précoce).
Pour le rationnement des animaux, les analyses de fourrage sont recommandées pour bien apprécier les valeurs alimentaires. Les génisses peuvent être nourries avec de la paille ou du foin de moindre qualité (report de stock 2014 par exemple). Néanmoins, il est nécessaire d’augmenter la complémentation en concentrés pour conserver des apports énergétiques et azotés suffisants par rapport aux besoins des animaux. Pour réaliser de bonnes croissances, il est nécessaire d’avoir des lots homogènes avec une place à l’auge par animal suffisante.
Génisses : de la paille complémentée avec de la mélasse
Compte tenu des valeurs alimentaires de la paille (tableau 1), l’alimentation des génisses à la paille de céréales nécessite un apport complémentaire d’au moins 3 kg de concentrés pour soutenir une croissance hivernale adaptée à des vêlages précoces.
Pour faciliter l’ingestion, la paille doit être bien conservée et appétente. Un renouvellement régulier est d’autant plus nécessaire si le concentré n’est pas mélangé à la paille. Un apport d’aliment liquide de type mélasse à hauteur de 0,5 kg/génisse/j favorise également l’ingestion et l’appétence du fourrage. Penser également à mettre des pierres de sel à disposition et à assurer un abreuvement de qualité.
Tableau 1 : Exemple de valeurs alimentaires de différentes pailles. Comparaison à un foin de qualité valeurs par kg MS – INRA 2010
Vaches laitières : pas trop de paille dans les rations
Pour les vaches laitières, les apports de paille doivent être très limités car la déconcentration de la ration pénaliserait rapidement la production laitière. On se limitera alors à 0,5 kg/VL/j, plutôt sous forme broyée, pour ceux qui ont une mélangeuse et qui peuvent ainsi la mélanger aux autres fourrages plus ingestibles. Contrairement aux génisses où la paille constitue un réel apport alimentaire, elle sert surtout de fibre nécessaire à la rumination des vaches laitières. Malgré les faibles quantités, elle peut contribuer fortement à la santé de la ration chez tous ceux qui seront obligés d’incorporer des co-produits en substitution de fourrages.
Vaches allaitantes : la paille peut se substituer aux fourrages habituels
Pour les génisses d’élevage et les vaches allaitantes, la paille peut remplacer une part importante des fourrages manquants.
La paille pourra constituer le principal fourrage grossier de la ration de génisses âgées de plus de 15 mois, et des vaches allaitantes avant le huitième mois de gestation à condition qu’elles aient pu être rentrées en bon état corporel. La paille peut également permettre de complémenter les animaux au champ pendant la période estivale. Pour les génisses ou les vaches, un ajout de 0,5 kg/animal/j de mélasse peut être appliqué sur la paille afin d’améliorer l’appétence, l’ingestion de la paille et apporter une partie de la protéine. En cas de complémentation au champ, penser à bloquer les animaux dans un coin de parcelle afin de dégrader le minimum de surface possible et de laisser le maximum de surface à la repousse en cas de retour des pluies.
Jeunes génisses et vêlages précoces : associer la paille à des fourrages de qualité à l’entrée de l’hiver
Paille et autres fourrages seront associés pour alimenter les vaches allaitantes qui vêlent tôt (décembre/janvier), ou bien des vaches qui vêlent plus tard mais qui se trouvent en mauvais état corporel à l’entrée de l’hiver.
Les génisses de moins de 1 an doivent recevoir uniquement de bons fourrages pour garantir une croissance de 500 à 700 g de GMQ pour ne pas pénaliser leurs potentiels de développement.
La paille de pois nécessite moins de complémentation
Les pailles de protéagineux peuvent également être consommées par les bovins. Elles présentent un encombrement plus faible que la paille de céréales et une valeur alimentaire un peu supérieure ce qui limitera les quantités de concentrés nécessaires.
• Récolte et conservation :
Bonne conservation à partir de 87 % MS min avec un rendement de 1 à 2 t/ha.
Récolter la paille tout de suite après moisson.
• Valeur alimentaire :
UFL : 0,53 par kg de MS (INRA).
Valeur nutritionnelle nettement meilleure à celle de blé (teneur en MAT), elle est également plus ingestible et plus digestible.
Rendement de paille de blé : effet de la hauteur de coupe
Lorsque les pailles sont coupées au niveau du sol, la production de paille est quasiment identique à la production de grain. Le rapport paille/grain est égal à 1.
Attention : ce rapport est valable si la sécheresse intervient avant le remplissage des grains. Si la sécheresse ou des températures échaudantes (T max > 25°C) surviennent pendant la phase de remplissage, il peut y avoir plus de paille que de grain !
Ce rapport P/G, qui peut varier de 0,8 à 1,2, est très peu influencé par la hauteur du blé, le nombre d’épis, le niveau de fertilisation azoté ou encore par l’application de régulateur.
Par contre, la hauteur de coupe modifie fortement la quantité de paille récoltée.
En règle générale, les essais montrent que baisser la barre de coupe de 10 cm permet de récolter en moyenne 15 % de paille en plus. Il s’agit de la part supplémentaire de paille récoltée sur les strates : 0-10, 10-20, 20-30. Au-delà, la densité des pailles chute très vite !)
Matthieu COUFFIGNAL (ARVALIS – Institut du végétal)