Le classement des variétés de blé tendre, blé dur et triticale vis-à-vis de l’accumulation de mycotoxines DON dans les grains vient d’être mis à jour. C’est l’occasion de remettre en perspective la gestion du risque et le pilotage de la protection des variétés selon leur sensibilité.
Rappelons que l’accumulation de déoxynivalénol (DON) dans les grains de céréales à paille résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs de risque. Par ordre de prépondérance, un climat propice au développement du champignon producteur de cette mycotoxine (Fusarium graminearum), un précédent à risque, la présence de résidus contaminés en surface lors de la floraison et l’implantation d’une variété sensible.
Aujourd’hui, aucune variété de céréales d’hiver n’est totalement résistante à Fusarium graminearum. Bien que le nombre de variétés peu sensibles augmente, il reste limité. De fait, c’est la combinaison des facteurs qui permet de limiter le risque : gestion des résidus de précédent, choix variétal, protection fongicide à la floraison.
Blé tendre : des progrès significatifs, mais encore peu de variétés peu sensibles
En blé tendre, une dizaine de variétés du catalogue se positionne comme alternative à la référence historique sur ce critère, Apache.
Figure 1 : Echelle de sensibilité des variétés de blé tendre à l’accumulation de mycotoxines DON
Du fait de ce nombre restreint, le choix de variétés de blé tendre peu sensibles à la fusariose doit être privilégié dans les situations agronomiques à risque, c’est-à-dire derrière un maïs ou un sorgho dont les résidus ne sont pas enfouis. Mais il faut éviter autant que possible ces situations . Dans les situations agronomiques à risque limité, précédent colza, blé ou à résidus enfouis, la sensibilité de la variété à la maladie va guider le niveau de protection fongicide de l’épi en fonction du climat autour de la floraison : seules les variétés sensibles devront être protégées s’il pleut.
Pour déterminer la situation sur une parcelle, consultez la grille d’évaluation du risque agronomique et climatique d’accumulation de DON en blé tendre. Cette grille permet de piloter le traitement fongicide selon les conditions de l’année.
Blé dur : peu d’essais en 2015
Même s’il existe une petite variabilité de résistance des variétés à Fusarium graminearum et aux DON, les niveaux de sensibilité des variétés de blé dur ne permettent pas aujourd’hui de s’affranchir d’une protection fongicide des épis. L’actualisation du classement des variétés vis-à-vis de ces risques n’est que partielle du fait qu’en 2015 les symptômes sont restés trop discrets et peu discriminants dans les essais ARVALIS.
Figure 2 : Classement des variétés de blé dur par rapport à la tolérance à la fusariose des épis – Synthèse pluriannuelle nationale (2005-2015)
Comme pour le blé tendre, une grille d’évaluation du risque DON à la parcelle est disponible sur blé dur.
Triticale : éviter les plus sensibles dans les situations à risque
Sur triticale, la gestion du risque fusariose se raisonne de la même manière que sur le blé. Avec le travail du sol et la rotation, la sensibilité variétale constitue un facteur important de présence du risque de mycotoxines. Mais les variétés de triticale peu sensibles sont rares.
Pour décider d’une intervention fongicide, se reporter à la grille de risque blé tendre.
Figure 3 : Echelle de sensibilité des variétés de triticale au risque DON
Delphine AUDIGEOS, Philippe DU CHEYRON, Benoît MELEARD (ARVALIS – Institut du végétal)
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