La chute des températures matinales de cette semaine intervient alors que les céréales d’hiver entament leur montaison. Il n’est cependant pas nécessaire de s’inquiéter si les températures restent conformes aux prévisions actuelles.
Longtemps attendue, la séquence climatique sèche et ensoleillée de cette semaine est causée par un anticyclone positionné sur l’Europe de l’Est qui dirige un courant d’air froid d’Est à Nord-Est sur la France (source Météo-France). De fait, le retour du beau temps s’accompagne d’une chute des températures, d’abord par l’arrivée d’une masse d’air froid et par des effets de radiations nocturnes. Ceci conduit donc à des températures négatives le matin. Mais ces gelées devraient rester faibles (-1 à -2°C sous abri en général), avec une période de gel courte (le ciel dégagé permet une remontée des températures dès l’aube) et des valeurs d’humidité relative faibles (réduisant l’impression de « gelée blanche »).
Les prévisions météorologiques actuelles indiquent des températures minimales sous abri significativement négatives (< -2°C) essentiellement en régions Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, et très marginalement en Auvergne et dans le Limousin.
Figure 1 : Variabilité de température et d’humidité entre le 21 et le 24 mars 2020 – station de Villiers-le-Bâcle (91)
Les céréales en début de montaison moins sensibles au gel
Pour les céréales semées en octobre ou novembre, le stade épi 1 cm est passé ou imminent dans la majorité des cas. Les semis très tardifs (décembre ou janvier) sont encore en cours de tallage ou en redressement (zone Sud avec variétés précoces). Les situations les plus précoces atteignent ou dépassent 1 nœud.
Nous avons souvent communiqué sur la sensibilité des cultures en cours de montaison vis-à-vis des gelées tardives : celles-ci peuvent avoir des effets dramatiques très localement lorsqu’elles arrivent en milieu ou en fin de montaison (cas du printemps 2017). Les températures annoncées pour cette semaine restent modérément froides (-1 à -2°C sous abri en général), soit 2 à 4°C de plus qu’en avril 2017, lors du dernier gros épisode de gel printanier. Elles vont toucher des cultures nettement moins avancées et donc beaucoup moins fragiles.
Ainsi, les conditions climatiques actuelles ne doivent pas engendrer de craintes particulières en lien avec les petites gelées. A l’inverse, le retour d’un temps sec, ensoleillé et frais peut constituer une opportunité de rattrapage pour certaines parcelles : il va permettre de lever progressivement les excès d’eau et une reprise de la croissance sans générer une demande trop brutale vis-à-vis des racines, pas toujours bien installées.
Par ailleurs, l’ensoleillement actuel et le vent d’Est peuvent engendrer des lésions foliaires (dérèglement de la photosynthèse dans le premier cas, dessèchement des bouts de feuilles dans l’autre) ; ces symptômes, probables, n’ont en général pas d’impact sur la suite de la croissance des cultures.
Cécile GARCIA (ARVALIS – Institut du végétal)