Les péripéties climatiques du début de campagne ont surtout affecté les maïs du nord de la Loire. Les zones de culture du maïs grain du Grand Sud-Ouest ont été jusqu’à maintenant épargnées. Retour sur les faits les plus marquants d’un démarrage difficile.
Des semis plus étalés qu’à l’accoutumé
Début mai, 44 % des surfaces étaient semées, contre 80 % en 2015 à la même époque. Les semis les plus précoces ont débuté tardivement, à savoir début avril dans le sud de la France. Les sols humides, dont les structures avaient peu évolué durant l’hiver en l’absence de gelées, et les températures froides ont conduit à différer les chantiers. Ceux-ci se sont déroulés sur quatre périodes : avant le 20 avril, dans la semaine du 25 avril, vers le 2 mai avec des surfaces significatives et enfin dans la semaine du 15 mai.
Les pluies incessantes dans plusieurs petites régions d’élevage du Centre-Est et du Nord-Est n’ont pas permis de réaliser tous les emblavements de maïs fourrage prévus, ce qui met en difficulté la constitution des stocks fourragers dans un contexte où les prairies posent des problèmes de récoltes. Aux chantiers de semis très étalés, se sont ajoutés des ressemis en raison d’inondations dans le Centre et de dégâts de mouches particulièrement sévères en Bretagne.
Un retard de 1 à 6 feuilles
Les cumuls de sommes de températures sont plus faibles que les médianes historiques avec des écarts allant de 0 à -90 degrés jours sur la période du 31 avril au 15 juin, avec des effets régionaux très significatifs (carte 1). L’effet combiné de ce bilan globalement négatif et des dates de semis très échelonnées conduit à des grandes différences de stades foliaires : ils s’étalent entre 4 et 15 feuilles visibles selon les régions, les dates de semis et les parcelles. Dans les sols à réchauffement lent (battants, blancs) et gorgés d’eau, les maïs ont eu des difficultés à valoriser les températures qui sont restées froides au niveau de l’apex.
Ces différences de stades augurent des dates de floraison et de maturité particulièrement échelonnées.
Carte 1 : Ecart de somme de température (seuil 6-30°C) de l’année 2016 avec la médiane (1996-2015) entre le 21 avril et le 15 juin
Des minimales souvent inférieurs à 2°C en début de cycle
Des séquences de températures froides, avec des minimales souvent inférieures à 2°C (carte 2), ont engendré, fin avril et début mai, des pertes à la levée sur des lots en limites de qualité germinative et de vigueur. Avec 10 jours sur 40 de minima inférieurs à 2°C sur une grande partie du territoire, soit 5 à 6 jours de plus qu’en moyenne, les croissances ont été ralenties en mai. Les cultures qui végétaient ont été exposées à des dégâts importants de mouches notamment dans l’Ouest. Des pertes de plantes de 5 à 70 % ont été constatées dans les parcelles non protégées avec Sonido. Des colonies de pucerons ont été ponctuellement observées dans les parcelles du bord de la Loire sans pour autant atteindre des seuils de déclenchement de protection.
Carte 2 : Nombre de jours à températures minimales < à 2°C sur la période du 11 avril au 31 mai 2016
Des cumuls de pluies records
La pluviométrie de plusieurs régions atteint des records sur la période du 16 mai au 15 juin dans le Centre, l’Ile-de-France et l’est de la France (carte 3). Ces zones enregistrent plus de 100 mm par rapport à la médiane depuis le 16 avril (carte 4) alors que l’Ouest, le Sud-Ouest et les régions littorales de la Manche ont des cumuls dans les médianes, voire légèrement déficitaires. La violence des orages n’a pas non plus épargné fin juin le Centre-Est, l’Alsace et l’Auvergne.
Carte 3 : Cumul de précipitations en mm entre le 16 mai et le 15 juin 2016
Carte 4 : Ecart de précipitations en mm avec une année médiane (1996-2015) entre le 16 avril et le 15 juin
Dans les régions qui cumulent fortes précipitations, faibles rayonnements (Centre, Ile-de-France, Nord et Centre-Ouest) et températures inférieures aux normales, les maïs sont handicapés sans pour autant que tout soit joué en matière de rendement et de maturité. Les conditions climatiques des prochaines semaines seront déterminantes.
Quant aux cultures de maïs du Grand Sud-Ouest, elles se présentent bien pour le moment.
Josiane LORGEOU (ARVALIS – Institut du végétal)
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