Les conditions météorologiques passent d’un extrême à l’autre et il n’est pas évident de positionner au mieux les apports azotés dans ce contexte. Voici quelques éléments pour optimiser la valorisation de la fertilisation.
Après un régime de pluies excédentaires en février/début mars, où il était parfois difficile d’intervenir dans les parcelles, une période sèche et venteuse, moins favorable à la valorisation de l’azote, dure depuis mi-mars. Avec ces conditions compliquées, se posent des questions sur la valorisation des apports azotés déjà réalisés et sur la stratégie à mettre en œuvre pour la suite.
L’état des cultures en sortie d’hiver
Les semis ont été très compliqués cette année, particulièrement dans les secteurs où les cumuls d’eau ont été records (dans les Flandres ou sur la bordure maritime). Un grand nombre de parcelles ont été implantées en mauvaises conditions avec des décalages au niveau des dates de semis.
Malgré tout, l’hiver doux a permis aux cultures de rattraper leur retard, même si le tallage est parfois limité. Dans la plupart des situations, le peuplement au stade épi 1 cm reste suffisant pour atteindre le potentiel. Mais parfois, l’objectif de rendement a dû être revu à la baisse dans certaines conditions extrêmes d’anoxie racinaire hivernale et de semis très tardifs.
Des inquiétudes persistent avec les conditions annoncées toujours sèches pour les prochains jours. Les parcelles tardives et mal enracinées pourront être mises en difficulté : pertes de talles, altération de la fertilité-épi, mauvaise absorption de l’azote… Les parcelles plus en avance et bien implantées pourront supporter plus facilement cette séquence stressante, à condition qu’elle ne se prolonge pas trop longtemps.
Photo 1 : variété Fructidor semée le 25/11/2019 à Rexpoede (59) – Secteur des Flandres
Photo 2 : variété Chevignon semée le 30/10/2019 à Dury (02) – Secteur Saint-Quentinois
Des à-coups climatiques
Côté météo, le climat a d’abord été très pluvieux fin février/début mars, renouant avec les pluies excédentaires de l’automne, où il était parfois difficile d’intervenir dans les parcelles, mais où les conditions de valorisation de l’azote étaient bonnes. Puis s’en est suivie une période sèche accompagnée de vent d’Est desséchant depuis mi-mars, moins favorable à la valorisation de l’azote. Aucune pluie significative n’est actuellement prévue pour les prochains jours (figure 1).
Figure 1 : Températures et pluies entre le 1er février et le 9 avril 2020 – station météo de Villers-Saint-Christophe (02)
Le niveau de valorisation de l’azote dépend des conditions de croissance des plantes et des cumuls d’eau suivant les apports. Comme le montre le tableau 1, pour presque toute la région Hauts-de-France :
– Les apports réalisés jusqu’au 8 mars ont reçu plus de 15 mm de pluies. Ils ont donc eu des conditions satisfaisantes pour la valorisation des apports azotés.
– Pour les derniers apports réalisés à partir du 10 mars, cette valorisation est plus ou moins partielle, les cumuls de pluie n’étant pas toujours suffisants.
– Pour les apports réalisés après le 15 mars, aucun épisode pluvieux significatif n’est survenu et une période sèche et venteuse s’est installée, faisant craindre des pertes par volatilisation (pouvant aller de -10 % à -30 %, voire plus selon les situations d’après nos essais).
Tableau 1 : Pluie enregistrée dans les 15 jours suivant un apport d’azote sur céréales, par station météo
Les points-clés pour améliorer l’efficience de l’azote
Début avril, les parcelles les plus avancées atteignent le stade 1 nœud et les moins avancées sont encore à épi 1 cm, stade à partir duquel les besoins azotés de la plante augmentent fortement et où elle doit être alimentée correctement pour exprimer son potentiel.
Compte tenu des conditions difficiles de cette année (semis tardifs, mauvais enracinement, période de sec…), voici les points-clés à mettre en œuvre afin d’améliorer l’efficience des prochains apports azotés :
– Les prévisions météo annoncent toujours un temps sec pour les prochains jours : il est évidemment préférable de suspendre tout apport, en attendant l’arrivée d’un nouvel épisode pluvieux significatif.
– Toutefois, si des apports doivent impérativement être réalisés, la valorisation de l’azote n’est jamais nulle, même en conditions séchantes. Mais le risque de volatilisation sera important.
• Dans ce contexte, il faudra veiller à fractionner le plus possible pour accompagner la culture.
• Privilégier les apports sous forme solide (ammonitrate), tôt le matin pour bénéficier de bonnes conditions d’hygrométrie. Les apports sous forme de solution azotée sont en effet plus sensibles au phénomène de volatilisation que les formes solides. Il s’agit alors d’être particulièrement attentif aux conditions d’application.
– Enfin, il sera pertinent, dans le contexte de cette année, d’utiliser des outils de pilotage pour réévaluer les besoins de la culture en fin de cycle.