La pyrale est aujourd’hui présente dans tous les départements de notre région, à une densité de population variable. Le point sur la situation 2018.
Des comptages de plantes présentant un symptôme de présence de pyrale sont réalisés à l’automne par différents partenaires pour cartographier les zones à risques pour l’année suivante. Ces cartes sont publiées dans le BSV.
Carte 1 : Pyrale : Pourcentage de plantes touchées en veille de récolte 2017
Les comptages de l’automne 2017 montrent une progression significative de la pyrale dans tous les départements : en moyenne + 40 % de larves par rapport à l’automne 2016.
Les méthodes de lutte sont agronomiques, biologiques et chimiques.
Le broyage des cannes et des bases de plantes juste après la récolte et le labour permettent de diminuer significativement la population de larves à l’entrée de l’hiver. Cette intervention agronomique est nécessaire dans toutes les régions où la pyrale est présente pour freiner son développement.
Dans le cadre du BSV (et autres réseaux), les pièges (photo n°1) mis en place ont pour objectifs de repérer le début du vol des papillons. Le comptage des papillons permet de préciser le pic de vol.
Au tout début du vol, le lâcher de trichogrammes permet de limiter la proportion d’œufs de pyrale viables. Le trichogramme est une toute petite guêpe qui pond ses œufs dans ceux des pyrales, stoppant ainsi leur développement. Les diffuseurs (photo n°2) déposés dans les champs contiennent des œufs de trichogrammes à différents stades. La sortie échelonnée des trichogrammes adultes (photo n°3) permet ainsi de mieux couvrir la période de ponte des pyrales. Il est donc nécessaire de déposer les trichogrammes dès le début du vol des pyrales (voir BSV et mode d’emploi des fournisseurs).
fournisseurs).
L’objectif de la lutte chimique est, selon les spécialités commerciales, d’atteindre les œufs ou/et les jeunes larves de pyrale avant qu’elles ne pénètrent dans la tige. Pour être efficaces, les interventions chimiques doivent être positionnées au pic de vol.
Il n’existe pas de lutte curative après la pénétration de la larve dans la tige.
Vigilance cette année
La somme des températures en base 10 depuis le 1er janvier constitue un bon indicateur de la précocité des premiers vols de pyrale, en complément des relevés de piégeages.
Figure 1 : Evolution du cumul de températures “base 10” depuis le 1er janvier 2018 pour la station de Saint Quentin
Le comparatif des courbes permet de situer 2018 (en rouge) en comparaison à 2017 et aux années statistiques. En comparaison au décile 8 et à l’année 2017, 2018 serait encore bien plus précoce.
Reconnaître la pyrale du maïs
La pyrale – Ostrinia nubilanis – est un papillon (photo n°4) qui pond ses œufs (photo n°5) sur la face inférieure des feuilles de maïs en début d’été. La larve (photo n°6) issue de l’œuf se déplace vers la tige dans laquelle elle creuse des galeries qui fragilisent la plante et perturbent son fonctionnement. La larve peut aussi s’installer dans les épis, au niveau des grains ou du pédoncule. En fin de cycle, la larve migre vers le bas de la tige où elle passe l’hiver en diapause.
Quelles conséquences pour la culture du maïs ?
Les dégâts occasionnés sont de plusieurs natures : perte de rendement plante entière et grain par défaut d’alimentation de la plante (et notamment par la baisse du poids de mille grains), perte de valeur alimentaire par défaut de remplissage du grain (teneur en amidon) et baisse de qualité de la partie « tige + feuilles », perte de rendement par casse de tige ou de pédoncule, risque d’installation des fusarium sur les grains, et donc risque de production de mycotoxines.
En maïs fourrage, les pertes de rendement sont significatives, 0,7 t MS/ha en moyenne pour 20 à 50 % de plantes présentant un symptôme de présence de pyrale à l’automne (voir figure 2), auxquelles il faut ajouter les pertes liées à la casse des plantes.
Figure 2 : estimation de la perte de rendement du maïs fourrage en fonction du pourcentage d’attaques
(% att.) de la pyrale (Bretagne)
En maïs grain, la perte de rendement est de 7% pour une galerie par plante, à laquelle il faut ajouter la perte de rendement liée à la casse des plantes (figure 3).
Figure 3 : estimation de la perte de rendement du maïs grain en fonction du niveau de présence de la pyrale (20 essais, France)
Anne-Sophie COLART (ARVALIS – Institut du végétal)
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