Sur l’helminthosporiose de l’orge, les essais ARVALIS 2017 ont permis de tester plusieurs programmes fongicides en deux applications, en comparant des produits positionnés en T1 ou en T2. Synthèse des résultats.

Dans les cinq essais ARVALIS mis en place en 2017, différentes maladies ont été observées, telles que la rhynchosporiose, la ramulariose et quelques grillures. Mais c’est l’helminthosporiose qui domine le complexe parasitaire.

Les traitements ont été réalisés en avril : le T1, la première semaine, au stade 1 nœud (Z31) ; le T2, la troisième semaine, au stade sortie des barbes (Z49). L’helminthosporiose s’est développée pour atteindre un fort niveau fin mai, soit environ trois semaines après le T2. Le programme de référence se compose d’un T1 à base d’Unix Max 0,6 l/ha + Meltop 500 0,3 l/ha suivi d’un T2 à base d’Aviator Xpro 0,7 l/ha.

Dans le témoin non traité, la proportion d’helminthosporiose atteint 48 %. Le rendement s’élève à 75,3 q/ha, pour une nuisibilité de 17,7 q/ha. Côté efficacité des produits, elles varient entre 54 et 91 %.

En T1 : l’intérêt du cyprodinil

Trois modalités ont été comparées en T1, suivies d’un même T2, Aviator Xpro 0,7 l/ha.

Les T1 étudiés tendent à donner des résultats comparables en efficacité comme en rendement.

Figure 1 : Efficacités et rendements sur H. teres de différentes spécialités testées en programme en T1 au stade Z31 – Puis application d’Aviator Xpro 0,7 l en T2 au stade Z49 – 5 essais (21, 27, 36, 51, 81)

Le T1 de référence Unix Max + Meltop 500 et Kantik 1,3 l/ha obtiennent les mêmes résultats d’efficacité. Ajouter du cyprodinil (Qualy 0,7 l) au Kantik, tout en réduisant sa dose à 0,6 l/ha, permet de gagner quelques points d’efficacité et de rendement.

T2 : gain net avec la présence d’une strobilurine

Un traitement identique est appliqué en T1 (Unix Max 0,6 l + Meltop 500 0,3 l) pour permettre de comparer différentes spécialités commerciales ou associations au T2.

Figure 2 : Efficacités sur H. teres de différentes spécialités testées en programme – Base Bixafen – Un T1 identique (Unix Max + Meltop 500) au stade Z31 puis les modalités en T2 au stade Z49 – 5 essais (21, 27, 36, 51, 81)

Le programme de référence avec Aviator Xpro à 0,7 l en T2 procure une efficacité de 62 %, d’un niveau assez modeste par rapport aux autres solutions avec SDHI.

Dans ces essais à dominante helminthosporiose, l’effet du chlorothalonil en T2 reste relativement neutre.

En revanche, l’ajout d’une strobilurine (0,25 l d’Acanto**) à Aviator Xpro permet un net gain (+ 25 points d’efficacité). Variano Xpro* 1 l, qui contient une strobilurine, un triazole et un SDHI, se place à un bon niveau (77 %).

Ajouter également Crédo** (0,4 l) à Aviator Xpro (0,6 l) permet de gagner une petite quinzaine de points d’efficacité par comparaison à Aviator Xpro (0,7 l) solo.

Notons que Kardix, composé de 130 g/l de prothioconazole, de 65 g/l de bixafen et de 65 g/l de fluopyram, vient d’obtenir son extension d’usage sur orges. Homologué à 1,2 l, il est étudié dans ces essais à une moindre dose, de 0,8 l. Les résultats d’efficacité sont légèrement supérieurs à ceux d’Aviator Xpro appliqué à 70 % de sa dose d’homologation.

ZOOM SUR DEUX SPÉCIALITÉS HOMOLOGUÉES FIN 2016

En fin d’année 2016, le benzovindiflupyr (aussi appelé solatenol) a été autorisé sous deux noms commerciaux : Elatus Plus, composé de 100 g/l de benzovindiflupyr, et Elatus Era, composé de 75 g/l de benzovindiflupyr et de 150 g/l de prothioconazole.

Dans ces essais, Elatus Plus est associé à Diapazon et à Cherokee. Elatus Era est étudié en solo et en association avec Amistar Opti ou Bravo.

Figure 3 : Efficacités sur H. teres de différentes spécialités testées en programme – Base benzovindiflupyr – Un T1 identique (Unix Max + Meltop 500) au stade Z31 puis les modalités en T2 au stade Z49 – 5 essais (21, 27, 36, 51, 81)

Par rapport à la référence Aviator Xpro 0,7 l, Elatus Era, à dose identique, obtient plus de 11 points d’efficacité supplémentaire. En réduisant légèrement sa dose à 0,6 l et en associant 300 g de chlorothalonil, Elatus Era devient l’équivalent d’Aviator Xpro.

Avec Elatus Era, le meilleur partenaire est Amistar Opti, ce qui situe cette association au niveau d’Elatus Era 0,7 l. L’apport de strobilurine, ici l’azoxystrobine, semble être la raison de ce gain d’activité.

Les autres partenaires, comme Diapazon ou Cherokee, semblent moins intéressants dans ces situations.

DE TRÈS BONS RÉSULTATS AVEC LES ASSOCIATIONS À BASE DE FLUXAPYROXAD + PYRACLOSTROBINE

Parmi les solutions testées en T2, c’est le mélange Librax + Comet 200 qui obtient les meilleurs résultats, nettement supérieurs à la référence Aviator Xpro. Ceriax montre également une très bonne activité sur l’helminthosporiose de l’orge.

Quant à l’association Adexar + Bravo, ses résultats sont en retrait, confirmant le faible apport du chlorothalonil sur la maladie, bien moindre que celui d’une strobilurine.

Enfin, Priaxor EC, qui associe 75 g/l de fluxapyroxad et 150 g/l de pyraclostrobine, est étudié en mélange avec Juventus (metconazole). Les doses de cette association sont de 0,6 l + 0,6 l, soit des ratios légèrement différents du mélange Librax + Comet 200, et plus concentrées en strobilurine et en triazole. Toutefois, ces deux associations affichent des résultats très proches, comme en 2016.

Figure 4 : Efficacités sur H. teres de différentes spécialités testées en programme – Base fluxapyroxad – Un T1 identique (Unix Max + Meltop 500) au stade Z31 puis les modalités en T2 au stade Z49 – 5 essais (21, 27, 36, 51, 81)

Malgré l’intérêt des strobilurines, rappelons qu’il est inutile de les doubler, voire très dangereux vis-à-vis de la gestion des phénomènes de résistance de l’helminthosporiose.

* Rappel : Ne pas utiliser la paille de céréales traitées avec la préparation Variano Xpro pour nourrir les animaux de rente
**  Le retrait des autorisations de produits à base de picoxystrobine a été fixé au 30 novembre 2017, pour les produits suivants : Acanto, Credo, Acanto Prima. Il ne sera plus possible d’utiliser la picoxystrobine dès le 28 février 2018 sur orge et avoine.

Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)