Le soufre vient d’obtenir une dérogation de 120 jours pour un usage contre la septoriose du blé. Une nouvelle solution de biocontrôle est donc disponible pour lutter contre cette maladie majeure. Des essais ont clairement montré son activité sur cette cible lorsqu’il est positionné au T1, en substitution partielle d’un fongicide classique.
Dans de nombreux essais conduits depuis 2015, le soufre, quelle que soit la formulation utilisée, présente un intérêt pour lutter contre la septoriose. Usage pour lequel il ne dispose pour l’instant d’aucune autorisation de mise sur le marché (AMM).
Certes la plupart des formulations à base de soufre disposent d’une AMM pour lutter contre l’oïdium des céréales, mais ce n’est pas suffisant au regard de la réglementation pour recommander son utilisation sur une autre cible (tout ce qui n’est pas autorisé est interdit).
Une extension d’usage espérée pour 2019
Pour cette raison, plusieurs sociétés ont déposé une demande d’extension d’AMM sur le soufre pour lutter contre la septoriose entre octobre 2017 et janvier 2018. Le délai théorique de réponse des autorités pour les produits de biocontrôle est de 6 mois maximum. Par conséquent, il n’était pas raisonnable de penser que des AMM septoriose seraient disponibles pour les T1 du printemps 2018. En revanche, il est permis d’espérer que ces demandes d’extensions aboutissent pour 2019.
Le soufre trouve sa place au T1
Dans l’attente, ARVALIS, en s’appuyant sur les travaux collaboratifs du réseau R2E(*), et soutenu par les professionnels, a adressé une demande de dérogation de 120 jours à la DGAL pour que le soufre puisse être utilisé en toute légalité, dès ce printemps, à l’occasion notamment du premier traitement contre la septoriose, au stade 1-2 nœuds du blé. C’est en effet à ce stade que le soufre s’est avéré le plus efficace (figure 1). La dose recommandée est de 2400 g/ha de soufre minéral en substitution partielle du T1.
Figure 1 : Efficacité (%) moyenne sur F2, 26 jours après traitement, et rendement (q/ha) sur la base de 2 essais (60, 80) 2017 : extrait du réseau R2E et du Choisir & Décider
L’apport de 2450 g/ha de soufre au T1 (Heliosoufre S 3,5 l/ha), en substitution à 0,67 l/ha de cherokee donne des résultats d’efficacité équivalents à Cherokee 1,33 l/ha.
Deux formulations bénéficient de la dérogation
Cette demande vient de trouver un peu tardivement une issue favorable. Cette dérogation est effective jusqu’au 22 août 2018. Les spécialités concernées sont les suivantes :
• Heliosoufre S : soufre 700 g/l (seconds noms commerciaux : Helioterpen Soufre, Biosoufre, S 700, Vertisoufre) de la société ActionPin. N° AMM : 9000222
• Actiol : soufre 800 g/l (second nom commercial Faeton SC) de la société Phyteurop. N° AMM : 8300063
(*) R2E : réseau d’excellence expérimentale, composé d’organismes économiques collecteurs agréés BPE (Bonnes Pratiques d’Expérimentation), au côté d’ARVALIS – Institut du végétal
Claude MAUMENE (ARVALIS – Institut du végétal)