Bien régler la moissonneuse pour limiter le taux d’impuretés, la nettoyer en cas de présence d’adventices, récupérer les menues pailles… Voilà quelques pratiques à mettre en œuvre autour des chantiers de récolte à venir.
Bien régler la moissonneuse-batteuse pour préserver la qualité des grains
La moissoneuse-batteuse doit être réglée avec soin afin de préserver le grain au maximum et de limiter le taux d’impuretés. Si les impuretés contenues dans les récoltes sont trop nombreuses, cela peut diminuer le poids spécifique (PS) estimé, avec un impact direct sur le prix de vente. Ces impuretés peuvent être de diverses natures : grains cassés, grains germés, grains abimés (colorés, échaudés, attaqués par des insectes, cariés, mouchetés, etc.), grains exogènes (issus d’autres espèces adventices présentes sur la parcelle) et autres impuretés (cailloux, terre, paille, etc.).
Raisonner le réglage de la moissonneuse permet de limiter considérablement la présence de ces impuretés dans les grains récoltés :
• La vitesse d’avancement : elle doit toujours rester légèrement inférieure à la vitesse du rabatteur.
• Le régime batteur (vitesse de rotation) : c’est l’élément le plus important à régler pour limiter le nombre de grains cassés. Il conditionne aussi la présence de poussières et d’impuretés diverses. Il doit être défini en fonction du diamètre du batteur. Habituellement, la vitesse recommandée du batteur est de 800 à 900 tours/minute pour un diamètre de 45 cm, 600 à 650 tours/minutes pour un diamètre de 60 cm. Elle doit aussi être adaptée à l’humidité du grain et de la paille.
• L’écartement batteur/contre-batteur : il doit être plus étroit à l’arrière qu’à l’avant pour bien séparer les grains des pailles et permettre l’entrée de l’épi dans le système et la sortie des grains uniquement.
• La ventilation : l’orientation et le débit de la ventilation peuvent être ajustés en fonction de la taille et du poids des grains .
• L’ouverture des grilles supérieure et inférieure : l’ouverture de la grille supérieure ne doit pas être trop grande, afin de limiter le transfert de grains non-battus dans la trémie. Celle de la grille inférieure doit être plus réduite pour permettre d’affiner le triage.
Certaines erreurs fréquentes de réglage sont à éviter :
– ne pas vérifier les réglages ni les adapter au cours de journée,
– imposer un régime batteur trop élevé (grain « trop propre »),
– laisser un écart batteur/contre-batteur trop faible.
Les réglages sont donc à raisonner selon les conditions des récolte, la maturité du grain et l’état des pailles. Plus le grain est sec, plus il est fragile : des réglages doux sont alors recommandés pour ne pas les endommager. Il est également préconisé d’éviter de récolter aux heures les plus chaudes, notamment pour le blé dur, dont les grains sont plus cassants que pour les autres espèces de céréales à paille.
Figure 1 : Réglages de base de la moissonneuse-batteuse (pour une vitesse d’avancement de 4 à 6 km/h)
Fusarioses et battage
Les symptômes de fusarioses sur épi peuvent donner lieu à des grains fusariés, petits et atrophiés par la maladie. Dans ces situations, le réglage machine est primordial afin de limiter leur présence dans la récolte.
Il est alors intéressant de ne pas trop serrer le batteur pour sortir les grains des bouts d’épis fusariés : cela permet d’éliminer d’office une grande partie de ces grains fusariés.
Nettoyer la moissonneuse-batteuse pour limiter la dissémination des adventices
Les parcelles qui présentent des zones avec des adventices arrivées à maturité ou les bords de champ sont à récolter de préférence après les autres. Cette précaution permet de limiter la dissémination des semences adventices aux parcelles où la flore a été bien contrôlée. Cependant, cette pratique n’est pas toujours possible. Une solution simple : nettoyer minutieusement la moissonneuse-batteuse entre deux récoltes de parcelles.
Pour en savoir plus, consultez les 8 étapes à suivre pour un nettoyage efficace.
La récupération des menues pailles, un moyen de gestion des adventices
Les menues pailles sont rejetées par la grille supérieure de la moissonneuse au cours du nettoyage du grain. Elles contiennent les glumes et glumelles qui enveloppent le grain, les restes de paille, ainsi que les graines « anormales » ou exogènes. Les récupérer présente l’avantage de limiter la dissémination des graines d’adventices et donc, l’enrichissement du stock semencier. Cette technique pourrait venir en complément des autres leviers de gestion durable des adventices habituellement utilisés.
Pour en savoir plus, consultez les derniers résultats d’un essai conduit sur cette thématique depuis 2014.
Matthieu KILLMAYER (ARVALIS – Institut du végétal)
Aude BOUAS (ARVALIS – Institut du végétal)
Régis HELIAS (ARVALIS – Institut du végétal)
Jean Luc VERDIER (ARVALIS – Institut du végétal)
Sandrine REGALDO (ARVALIS – Institut du végétal)