Les plantes optimisent leur croissance en « mémorisant » le stress hydrique qu’elles ont subi pour ajuster les mouvements d’eau dans les racines. C’est ce que révèlent pour la première fois des chercheurs de l’Inra et de l’Université catholique de Louvain dans une étude publiée le 5 novembre 2014 dans Nature communications.
Les plantes réagissent aux fluctuations naturelles du climat. Elles sont le plus souvent en bon état hydrique la nuit et en stress hydrique l’après-midi et ce, d’autant plus que le sol et l’air sont plus secs. Bon nombre des fonctions physiologiques d’une plante, comme la croissance des organes, sont maximales pendant la nuit et minimales en journée.
Les aquaporines, des « robinets moléculaires » à l’origine de la perméabilité des racines, suivent également ce rythme : leur ouverture est maximale à l’aube et minimale au coucher du soleil. Elles facilitent le transport de l’eau dans la plante lorsque la demande hydrique augmente le matin. Ceci provoque des oscillations journalières de croissance des feuilles sous lumière continue.
Des travaux menés par des chercheurs de l’Inra et de l’Université catholique de Louvain révèlent un nouveau phénomène : l’amplitude des oscillations journalières de la croissance des feuilles dépend du stress hydrique que la plante a subi auparavant. Ils se sont appuyés sur la mesure toutes les 3 minutes de la vitesse d’allongement foliaire d’un grand nombre de plantes en conditions naturelles.
Si les plantes sont soumises à une situation de sécheresse, le transport de l’eau journalier vers les racines est facilité à condition que les racines diminuent leur perméabilité l’après-midi et la restaurent le matin suivant via l’effet des aquaporines. Ceci évite un dessèchement trop poussé du sol qui entoure les racines et qui devient presque imperméable quand il est sec. Au contraire, si les plantes sont en climat favorable (sol et air humides), de fortes oscillations de la perméabilité des racines sont défavorables pour la croissance des plantes. Les gains ou pertes de performances sont de l’ordre de 10 à 15 % dans les deux cas. En tenant compte des conditions hydriques subies les jours précédents, les plantes peuvent ainsi anticiper le degré d’oscillations qui a le plus de chances d’être favorable à leur croissance.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’INRA.
Source : Nicolas BOUSQUET (Yvoir.fr)