En cette sortie d’hiver, la multiplication des épisodes de pluie provoque, dans les parcelles de céréales, un excès d’eau temporaire mais continu depuis maintenant plusieurs semaines.
Au 22 janvier, le cumul de pluie enregistré depuis le 1er octobre 2017 dépasse largement la moyenne habituelle (325 mm cumulés contre 260 mm), avec une forte accélération sur janvier.
Figure 1 : Evolution de la somme de pluies (mm) à Metz-Augny au cours de la campagne 2017/2018
Conséquence : il n’est pas rare d’observer des inondations localisées, l’apparition de flaques çà et là dans les parcelles, un engorgement en eau des sols les moins drainants, un jaunissement des plantes.
Photos 1 et 2 : Saint Hilaire-en-Woëvre le 23/01/18 (R. Blazy)
Les excès d’eau engendrés par ces fortes pluies provoquent en effet une asphyxie au niveau des racines. L’eau prend peu à peu la place des gaz du sol, si bien que l’oxygène peut devenir limitant voire complètement absent. La demande des racines en oxygène ne peut plus être satisfaite, ce qui a pour conséquence de perturber fortement le métabolisme des plantes (mauvais fonctionnement des cellules, pas d’assimilation des éléments minéraux, mauvais ancrage). L’orge y est d’ailleurs beaucoup plus sensible que le blé.
Si la croissance est pénalisée voire arrêtée en situation d’excès d’eau (flétrissement des feuilles et l’absence de développement de la talle normalement attendue), seule une immersion totale et durable (supérieure à 4 jours) est susceptible d’entraîner une disparition de plantes.
Dans la majorité des situations, les conséquences du climat actuel ne sont donc pas irréversibles :les plantes peuvent survivre à la noyade mais le risque est qu’elles restent chétives quelques temps, avec un rythme de croissance ralenti.
Pascaline PIERSON (ARVALIS – Institut du végétal)