Des attaques de vers gris – aussi appelés noctuelles terricoles – sont actuellement signalées dans de nombreuses régions. Quelles sont les solutions encore envisageables pour protéger les maïs ?
Les premiers dégâts ont été observés en Lorraine à partir de début mai puis les signalements se sont multipliés depuis début juin principalement en Aquitaine, en Midi-Pyrénées, dans les Pays de la Loire et en Bretagne.
L’intensité des attaques peut être exceptionnellement élevée, conduisant dans certaines situations à l’abandon de la culture.
Quand et comment intervenir ?
Une protection insecticide appliquée en végétation présente un intérêt si elle est mise en œuvre en début d’attaque, c’est-à-dire dès que les premiers dégâts sont constatés.
Les produits à base de pyréthrinoïdes – seuls produits autorisés pour lutter contre les vers gris – agissent essentiellement par contact ce qui leur donne une bonne efficacité sur jeunes larves.
Afin d’augmenter leur performance, il est recommandé de réaliser le traitement le soir, les larves ayant une activité essentiellement nocturne, et avec un fort volume de bouillie. Mais cela peut ne pas suffire et l’efficacité du traitement décroît fortement lorsque les larves atteignent un stade de développement plus avancé.
Dans ce cas, l’action par ingestion devient plus efficace que l’action de contact. Pour pallier l’absence de solution insecticide formulée sur appâts, il faut envisager un traitement permettant de positionner le produit à la base de la plante pour favoriser l’ingestion de l’insecticide par la larve lorsque celle-ci s’installera sur une nouvelle plante. Mais la mise en œuvre d’un tel positionnement nécessite des moyens adaptés lorsque le stade du maïs est avancé (pendillards, fort volume d’eau). De plus, cela ne fait qu’endiguer une attaque dont l’essentiel des dégâts est déjà réalisé. Lorsque les larves sont très développées (supérieure à environ 30 mm), les symptômes visibles sont liés à des attaques qui ont déjà eu lieu et les attaques ne progressent plus trop.
Les larves qui sont facilement visibles à la base des plantes donneront bientôt lieu à des nymphes puis à des papillons qui iront coloniser d’autres parcelles plus au Nord ou au Sud selon l’époque de l’année.
Pourquoi autant d’attaques cette année ?
Les conditions hivernales – sans excès de pluviométrie et de froids – ont été plutôt favorables à la survie des individus qui appartiennent à une espèce sédentaire (Agrotis segetum) ou migratrice (Agrotis ipsilon). Ensuite, les conditions ventées au cours du printemps ont pu favoriser la migration des papillons sur l’ensemble du territoire. Enfin, l’absence de forte pluie – voire l’absence totale de pluies dans certains secteurs – est un facteur favorable à la survie des pontes et des jeunes larves. Très fragiles, ces dernières ont une mortalité accrue lors d’excès d’humidité.
Souvent, les plus fortes attaques sont concentrées dans les parcelles dont le semis a été décalé de quelques jours par rapport aux parcelles environnantes. Une préparation trop succincte du lit de semences et la présence de débris végétaux ou d’adventices dans la parcelle juste avant ou bien au moment du semis sont également des facteurs favorables à la présence de vers gris.
Jean-Baptiste THIBORD (ARVALIS – Institut du végétal)